4 juillet 2023

Sections départementales

[CDEN] declaration du SNES-FSU

Halte à l’enfumage !!!

Déclaration Liminaire de la FSU au CDEN du 3 juillet 2023 Pour le second degré.

L’Éducation Nationale s’enfonce dans une crise profonde provoquée par une baisse constante des moyens et des salaires, par une dégradation des conditions de travail et d’enseignement, par des décisions autoritaires, non concertées, imposées dans l’urgence et l’improvisation quand elles ne relèvent pas de purs effets d’annonce.

Les suppressions de milliers de postes depuis 6 ans conjugués à une crise du recrutement provoquée par le déclassement salarial des enseignantes et par une formation initiale qui relève désormais du parcours du combattant ne permettent plus d’assurer pleinement la continuité du service public. Dans ce contexte, la mise en œuvre du pacte est symptomatique d’une politique qui instrumentalise les difficultés qu’elle a elle-même créée pour miner encore plus l’École, ses finalités et ses personnels. Imposé dans l’urgence et contre l’avis unanime des organisations syndicales, le pacte prétend répondre à la paupérisation des enseignant.es en leur proposant de travailler plus. Après l’augmentation brutale de 2 ans de notre temps de travail, et s’adressant à une profession dont la moitié des personnels signalent déjà un niveau d’épuisement professionnel élevé selon la dernière étude de la DEPP, c’est une provocation ! C’est aussi une usine à gaz au service de réformes imposées et rejetées par les enseignantes.
Sur les remplacements, annoncés comme une priorité ? C’est une tromperie. Non seulement la très grande majorité des heures non assurées relèvent des remplacements de longue durée et, là-dessus le pacte ne changera rien aux carences de l’État incapable de les assurer. Mais surtout, peut-on vraiment parler de remplacement lorsque par exemple, dans le second degré, un professeur de mathématiques absent pourra être remplacé par un professeur de SVT ou d’arts plastiques, avec des élèves que parfois il ne connaîtra même pas ? Il est même question de mettre les élèves surveillés par des AED devant des capsules numériques. Il s’agit en réalité d’un système de garderie sans réel objectif pédagogique destiné à rassurer les parents et masquer les responsabilités de l’État.
Dans la mise en place, c’est le flou et l’improvisation. En Ardèche, les explications des cheffes d’établissement se contredisent d’un établissement à l’autre. Ici il serait possible de n’affecter aucune mission de RCD, ailleurs c’est le contraire, il faudrait y affecter obligatoirement X parts avant de pouvoir envisager de répartir les autres missions. Ici on impose aux collègues de se positionner avant la fin du mois de juin, ailleurs ce sera à la rentrée. Ici on laisse entendre aux collègues qu’il sera possible de refuser un remplacement sans avoir à justifier, ailleurs on informe qu’il s’agit bien d’une astreinte positionnée sur une plage dans l’emploi du temps, etc.
Une grande partie des mesures annoncées comme prioritaires pour le collège à la rentrée prochaine sont liées au pacte, faisant ainsi reposer sur le volontariat des personnels des dispositifs par ailleurs obligatoires pour les élèves, cherchez l’erreur ! On se demande bien comment vont faire les cheffes d’établissements pour mettre en place l’heure obligatoire de devoirs faits pour les 6e s’ils n’ont pas assez de collègues volontaires. Qu’en sera-t-il pour la découverte des métiers au cycle 4 dont on apprend à la TV la semaine dernière qu’elle devra avoir lieu 1/2 journée par quinzaine ? Et lorsque des mesures sont financées, c’est à moyen constant et au détriment de nos métiers. C’est donc la suppression d’une heure de technologie en 6e qui permet de mettre en place l’heure obligatoire de soutien/approfondissement en maths et en français. Quitte à réécrire en catastrophe les programmes de sciences et technologie de cycle 3. Et tant pis si cette heure de math/français est assurée par une professeure de technologie qui cherche à sauver son poste ou éviter un complément de service lointain, ou par une professeure d’une autre matière, ou par une professeures des écoles qui ne connaîtra ni les collègues ni les élèves. On s’interroge sur la qualité d’un tel dispositif, organisé en groupe de niveaux, pardon « de besoins » (alors que de nombreuses études ont montré leur inefficacité), pris en charge par des collègues aux compétences variables dans des disciplines pour lesquelles ils n’ont pas été formées, sans temps de concertation dédié. En revanche, on en mesure bien les contraintes sur les emplois du temps de toutes induites par la mise en barrette de ces heures.
D’une manière générale, au-delà de désorganiser les établissements et de mettre en péril une partie des dispositifs existants, le pacte représente un danger pour nos métiers. Il va contribuer à accentuer la concurrence entre collègues et entre établissements. Il accentue la logique de contractualisation de nos missions et va dégrader la relation entre les équipes et les cheffes d’établissements mis sous pressions. Il va renforcer les inégalités salariales entre les hommes et les femmes, les premiers étant toujours plus nombreux à accepter des missions supplémentaires. Enfin, nombre de mesures prévues portent atteinte au principe de neutralité qui doit prévaloir dans l’école républicaine. Nous dénonçons en particulier l’entrisme croissant de l’Armée au sein des établissements scolaires (par le biais des « rallyes citoyens » inauguré cette année en Ardèche, et du SNU qui est désormais envisagé sur le temps scolaire). Nous dénonçons également la pression mise sur la préparation de l’orientation dès la 5e dans une perspective d’adaptation des élèves au monde du travail. Dans le même temps, nous constatons avec inquiétude le nombre croissant d’élèves de 3e sans affectations à l’issue de la procédure Affelnet. Au vu du nombre ridicule de places vacantes (moins d’une vingtaine dans les établissements publics d’Ardèche), que vont devenir ces élèves ? La découverte des métiers au cycle 4 n’aura-t-elle d’autres objectifs que de préparer les élèves en difficultés à rechercher un apprentissage ? Ou à s’inscrire dans les formations des lycées privés ? Alors où une partie de la jeunesse paupérisée de notre pays exprime des doutes quant au fonctionnement de notre république, cela ne nous semble pas un fonctionnement souhaitable pour le service public d’éducation.