14 avril 2020

Sections départementales

Intervention du SNES-FSU

Au CDEN par mail du 16 avril 2020

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À l’heure où l’on exige des enseignants du second degré un surcroît d’effort et d’initiative pour mettre en œuvre une « continuité pédagogique » dont le ministre ne cesse flouter les contours et les objectifs, la dégradation des conditions de travail dans les établissements scolaires se poursuit. Lors de ce CDEN sera présentée la suppression de 13 postes dans les collèges du département pour la rentrée 2020, pour une création et une transformation de support. Ces suppressions auront forcément des conséquences sur les conditions de travail des élèves et des enseignants. Elles sont d’autant plus scandaleuses, qu’elles interviendront au moment même où il faudra faire des efforts considérables pour compenser le décrochage massif des élèves les plus en difficultés et l’explosion des inégalités scolaires. Nous aurions apprécié que dans le second degré aussi le ministère ait la riche idée d’abonder les dotations horaires pour éviter des mesures de carte scolaire, au moins quand elles ne sont pas justifiées par la baisse du nombre d’heures à assurer.

Prenons le cas de l’enseignement du français : 3 postes de lettres modernes et 1 poste de lettres classiques sont supprimés à la rentrée. On peut voir dans ces suppressions le résultat mathématique de l’imposition d’une deuxième heure supplémentaire. Les professeurs de lettres sont les plus nombreux dans les collèges, puisque c’est la matière avec le plus grand nombre d’heures. Comme il est devenu impossible de baisser encore les horaires disciplinaires sans heurter l’opinion publique, pour économiser des postes on agit autrement : à une équipe de sept enseignants, on peut imposer 14 heures supplémentaires, qui sont autant d’heures qu’on ne peut plus proposer au huitième enseignant, qui verra donc son poste supprimé ou devra, mais est-ce mieux, faire un complément de service ailleurs.

On peut s’arrêter sur le cas du collège Les Perrières à Annonay. Entre la rentrée 2017 et la rentrée 2020 on constate qu’il y a seulement 39 élèves de moins, soit une classe et demi. Et pourtant entre ces deux dates deux postes de lettres modernes ont été fermés. Rappelons que chacun de ces enseignants a en charge au moins quatre classes.

Dans les autres disciplines le phénomène est moins visible mais des postes ferment, et surtout les compléments de services se multiplient. Au risque de se répéter, redisons les choses clairement :
Des enseignants perdent leur poste à la rentrée 2020 alors qu’il reste plus de 18 heures (l’équivalent d’un poste) à faire dans leur matière dans l’établissement. Mais la logique budgétaire impose que ces heures soient des heures supplémentaires.
• Pas forcément plus chanceux, d’autres enseignants sont sur la route entre deux établissements (voire plus) toute l’année alors qu’il y a dans leur établissement d’origine des heures supplémentaires imposées aux collègues de leur discipline. Toujours la même logique d’économie.
Il est peut-être important de rappeler ici que dans l’Éducation Nationale, toutes les heures supplémentaires sont moins bien payées qu’une heure « normale » pour tous les enseignants ayant plus de 6 ans d’ancienneté.

Croit-on sincèrement au ministère qu’on fait le même travail avec moins de professeurs dans une équipe disciplinaire ? Croit-on sincèrement au ministère qu’enseigner sur deux ou trois établissements n’a aucune incidence sur les conditions de travail, la capacité d’investissement dans la vie de l’établissement et donc la qualité de l’accompagnement des élèves ? Croit-on sincèrement au ministère que la profession ne se rend pas compte qu’on cherche à toute force à accroître sa productivité dans un vaste plan social à l’heure même ou l’explosion des inégalités imposent de se donner tous les moyens pour y faire face ?
La crise actuelle révèle aussi bien les conséquences désastreuses des plans d’économie dans les services publics que leur nécessité absolue pour garantir le bon fonctionnement du pays et la cohésion sociale. Il est de la responsabilité de l’État d’en prendre acte et de prendre de toute urgence les mesures de redressement qui s’imposent.

Alors en conclusion, nous reprenons une fois encore la formule de nos camarades soignants :
"Vous pouvez compter sur nous, l’inverse reste à prouver".