3 juin 2024

Actualités

Alerte sociale sur le « choc des savoirs »

Le SNES-FSU a été reçu par les représentantes de la rectrice le 23 mai suite à l’alerte sociale déposée sur les effets délétères et les risques psycho-sociaux de l’application de la réforme « choc des savoirs ».

Des conséquences pour tous les personnels

Les motifs de cette alerte sociale préalable au dépôt d’un préavis de grève sont les suivants :

1. Pour les enseignantes de lettres et de mathématiques

La mise en œuvre en collège du « Choc des savoirs » et des groupes prévus par l’arrêté du 15
mars 2024 modifiant l’arrêté du 19 mai 2015 relatif à l’organisation des enseignements dans les
classes de collège est une remise en cause de la liberté pédagogique avec des pressions sur une
progression commune et conduit les personnels à un conflit de valeur sur le tri des élèves, avec un
abandon de la mission et de l’ambition de réussite pour tous et toutes.
Les conséquences concrètes de l’organisation détaillée dans la note de service sont
l’impossibilité d’être professeure principale sur les niveaux 6e et 5e, ou avec l’impossibilité de
connaître tous les élèves de la classe.
S’ajoute à cela le manque de moyens matériels comme les collections de livres ou le manque
de salles informatiques dans les établissements.

2. Pour l’ensemble des personnels

La mise en œuvre du « Choc des savoirs », conjuguée à une diminution des moyens dans les
collèges, conduit à une remise en cause de l’autonomie pédagogique des établissements avec une
suppression de groupes ou de cointerventions, une augmentation des heures supplémentaires et
une augmentation des compléments de service, alors que les besoins augmentent dans les
établissements.

Les conditions de travail des personnels sont impactées par les mises en barrette en lettres
et en mathématiques avec l’impossibilité pour les cheffes d’établissement de satisfaire les vœux
des personnels, impactant les organisations familiales ou les formations des personnels.
Pour l’ensemble des équipes pédagogiques et notamment des professeurs principaux, la
mise en œuvre du « choc des savoirs » conduit à conflit de valeur sur le tri des élèves, avec un
abandon de la mission et de l’ambition de réussite pour tous et toutes.

Enfin, alors que la note de service du 15 mars 2024 prévoit pour préparer tout
particulièrement la mise en œuvre de la rentrée scolaire 2024, deux demi-journées sont banalisées
au collège, les personnels sont à nouveau convoqués dans des territoires le mercredi après-midi,
demi-journée normalement libérée dans les emplois du temps, avec des contraintes familiales, alors
que les enquêtes du Ministère de l’Éducation nationale reconnaissent que le temps de travail des
enseignantes du second degré dépasse les 42h par semaine.

Le SNES-FSU demande :
 l’abrogation de l’arrêté du 15 mars 2024 qui a reçu un vote majoritaire contre en CSE et des mesures
dites du « Choc des savoir » ;
 la création d’emplois et la transformation des HSA en heures postes ;
 une diminution des effectifs par classe et une véritable politique de mixité sociale et scolaire ;
 l’abandon du Pacte et le transfert des sommes prévues sur des mesures sans contreparties ;
 une augmentation immédiate de 10 %du point d’indice et un plan pluriannuel de rattrapage des
pertes de pouvoir d’achat et une revalorisation des carrières ;
 le respect du volontariat pour les formations continues et le respect des engagements pris en CSA
sur les jours et heures de convocation par Madame la Rectrice

Une alerte sociale portée par tous les personnels

Lors de l’audience avec la DRH, la directrice de cabinet adjointe et l’IA-IPR délégué académique à la pédagogique, nous avons fait état de la centaine de fiche SST qui nous sont parvenues (et qui continuent à être remplies).

Les fiches font état d’un profond mal-être des collègues, avec une démotivation, une perte d’enthousiasme. La perte de la liberté pédagogique, la surcharge de travail, la réunionite et la fatigue occasionnée par l’organisation des groupes et la détérioration des emplois du temps reviennent en masse dans les fiches des collègues.

Les conséquences sur la tâche de professeure principale et l’impossibilité d’accomplir cette mission revient majoritairement.

Beaucoup de collègues font état de souffrance quant à l’image renvoyée de leur métier et de leur discipline, particulièrement en mathématiques avec une image élitiste et sélective que le discours médiatique renvoie.

Le risque de relations compliquées avec les parents fait naître une profonde angoisse chez une majorité de collègues.

Enfin, de nombreuses fiches témoignent de problèmes éthiques. Le tri des élèves selon leur niveau, leur posture est refusée par les collègues qui ne veulent cautionner un choc des savoirs qui accroît l’esprit de compétition etl la dévalorisation de l’estime de soi des élèves.

Les collègues témoignent de leurs sentiments d’être deshumanisées, peu écoutées, notamment lors des formations où il n’est pas possible de s’exprimer.

Au final, toustes remettent en question leur avenir dans l’Éducation nationale où il n’est pas possible de se projeter.

Des réponses qui se veulent rassurantes...

Les réprésentantes de la rectrice ont cherché à minimiser les effets et à rassurer sur les effets.
Sur les organisations des groupes, la directrice adjointe a rappelé le travail effectué de simulation pour que les collèges ne permettent pas de moyens, mais en admettant que 30 % des moyens de la marge relevant de l’autonomie des établissements sert à financer ces groupes, au détriment des autres dédoublements, aides et autres dispositifs dans les établissements.

Sur les formations le mercredi après-midi, le rectorat a admis que cela ne devait pas se produire et qu’une seule réunion avait été programmée sur ce créneau. Quant au manque d’écoute des personnels, les webinaires n’étaient pas le lieu pour cela, et que les formations en présentiel devraient corriger cela (chacune appréciera à l’aulne des formations formatages).

Enfin, sur la "liberté pédagogique collective", la réponse s’est attardée sur la progression commune, non sur les multiples réunions nécessaires pour gérer les "groupes de besoin", tout en réalisant que, on, on ne peut pas faire les mêmes séquences en même temps par exemple en informatique du fait du manque d’équipement.

Aucune réponse bien sûr sur les problèmes éthiques, à part le glissement de vocabulaire du groupe de niveaux au groupe de besoin. Le discours est dorénavant bien rodé à tous les échelons pour minimiser les impacts et les expressions du « vous le faites déjà dans vos pratiques », « les expérimentations sont concluantes » rappellent les discours qui accompagnait la réforme du collège de 2016.

Mais rien sur la souffrance des personnels et la colère !

Pour conclure, nous avons fait état de l’état d’esprit des salles des professeurs où beaucoup de collègues parlent ouvertement de démissionner et de quitter le navire. Nous avons été écoutées et au moins le rectorat aura entendu que la colère gronde et que la mobilisation n’est pas prête de s’arrêter.