5 octobre 2011

Sections départementales

Collège de Saint Quentin Fallavier : retour sur une lutte victorieuse

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Cet article n'est probablement plus d'actualité

Engagés dès la rentrée dans une action commune pour obtenir l’ouverture d’une classe supplémentaire, parents d’élèves et enseignants du collège de Saint Quentin Fallavier ont obtenu gain de cause. Voici un petit résumé des temps forts de cette action.

Le 1 juillet dernier, en pleine correction de brevet, nous apprenions que l’inspection d’académie avait décidé de revoir la structure pour le collège en supprimant une division de quatrième sur les cinq prévues... et oui 119 élèves se répartissent sans mal dans quatre classes, puisque 119 divisé par 4 est inférieur à 30.
Le 2 juillet lors de la réunion de préparation de la rentrée l’ensemble des collègues avait trouvé cette décision totalement inacceptable et un fax avait été adressé à l’Inspectrice d’Académie pour lui dire que si nous comprenions bien la logique comptable de sa décision, nous avions du mal à trouver où était pris en compte l’intérêt des élèves et qu’en l’absence de changement, nous doutions de la tenue d’une rentrée normale dans le collège. Lors d’une réponse adressée le 10 juillet, Mme Lesko nous a confirmé que 119 divisé par 4 est bien inférieur à 30 et que donc il n’y avait pas, selon elle, de problème.
Sans doute espérait-elle que deux mois de vacances nous permettraient d’oublier et que tout irait pour le mieux à la rentrée...
Nous voici donc le vendredi 2 septembre à la pré-rentrée et à l’annonce par le principal des effectifs par classe. En quatrième, c’est trois classes à 30 élèves et une à 29, sans compter que deux élèves ont droit à la présence d’une AVS. Une rapide discussion, en présence de l’ensemble des collègues, montre que personne n’est disposé à accepter cette situation. Décision est donc prise que le lundi à 14H, heure de rentrée des 5e, 4e et 3e, les élèves de 4e ne seraient pas pris en charge et que la rentrée des autres niveaux serait reportée d’une demie heure pour que l’ensemble des collègues puissent être présents et accueillir les parents venus accompagner leurs enfants pour leur expliquer la situation. Immédiatement des contacts sont pris avec les média et les parents d’élèves et un courrier rédigé à destination de l’inspection d’académie pour réitérer notre refus d’assurer la rentrée dans ces conditions. Dans ces courriers, nous insistons à la fois sur le problème soulevé en matière de sécurité (dans la plupart des salles du collège il est plus que difficile de faire tenir 30 élèves et un AVS en laissant accessible l’issue de secours) et sur les problèmes pédagogiques que soulèvent ces effectifs pléthoriques.
Le lundi 5 à 14H, une vingtaine de parents d’élèves de 4e sont présents au collège pour s’informer et discuter. L’ensemble des élèves de 4e repartent chez eux. Une AG avec les parents est appelée à 17H30, plus de la moitié des collègues du collège et une quarantaine de parents sont présents, après une présentation des problèmes la discussion vient très sur le « que faire ? ». Il est vite clair pour tout le monde que c’est dès maintenant qu’il faut agir et qu’une fois la rentrée réalisée il sera impossible de revenir en arrière. Le fait de continuer à ne pas laisser rentrer les élèves de 4e est acté très rapidement, mais les parents et enseignants présents sont bien conscients que cela risque de ne pas suffire. Décision est donc prise de bloquer l’ensemble des cours le mardi matin durant la première heure, de continuer à informer les parents absents et la presse, de faire remonter la situation à l’inspection d’académie et d’organiser un point d’information le mardi 12h et une nouvelle AG le mardi à 17H30. Le mardi matin c’est une trentaine de personnes (parents et enseignants) qui se retrouvent pour organiser le blocage, les élèves de 6e, 5e et 3e étant « surveillés » à l’extérieur de l’établissement, les élèves de 4e étant appelés à rentrer chez eux. A l’issue du blocage parents et presse décident de s’inviter dans le collège pour faire un état des lieux des salles et constater de visu qu’effectivement il est bien ambitieux de vouloir y faire tenir 30 ou 31 personnes en toute sécurité. L’assemblée générale du mardi soir réunira cette fois une soixantaine de parents et de nombreux collègues ; face à l’absence visible de réaction de l’IA, mis à part de demander au chef d’établissement de réaliser un métrage des salles pour constater celles qui ont une surface supérieure aux 50m² théorique pour accueillir 30 élèves, la décision est prise de hausser un peu le ton et de bloquer l’ensemble du collège, tous niveaux confondus, tout le mercredi matin. Plusieurs parents ont pris des journées ou demi-journées de congés pour pouvoir participer aux différentes actions.
A la suite de ce blocage un rendez-vous est pris avec l’inspectrice d’académie pour le mercredi soir à 18H30. Six parents et un représentant des enseignants y assisteront avec en face d’eux l’Inspectrice d’académie, son adjointe, la responsable des moyens pour l’inspection d’académie, le principal du collège et le proviseur vie scolaire présent notamment pour représenter le recteur. C’est durant près de deux heures que se tiendra le jeu de théâtre habituel auquel consiste ce genre d’audience. On pourra retenir que si l’argument de la sécurité est une question à laquelle l’administration peut être sensible, les considérant pédagogiques leur sont non seulement étrangers mais provoquent des réactions pas très éloignées de celles provoquées par une crise d’allergie. Le simple fait qu’une fois casés dans une salle de 50,28 m² la totalité des élèves ne puissent pas voir le tableau n’est pas un argument recevable au regard des règles comptables de l’administration... Il est vrai qu’il y a plus de risques de se retrouver au tribunal parce qu’un élève a été blessé alors qu’une issue de secours est inaccessible que pour rendre compte des dizaines d’élèves sacrifiés tous les ans sur l’autel de la rentabilité et des effectifs surchargés ! De la même façon, il nous est clairement précisé, suite à notre questionnement, qu’en cas d’arrivée en cours d’année d’élèves supplémentaires sur la commune l’inspection d’académie leur proposerait une solution de scolarisation dans un autre établissement que celui auquel les familles ont droit au regard de la carte scolaire.
A la fin du rendez-vous, l’IA prend l’engagement de nous communiquer une décision pour le lundi suivant au plus tard après avoir fait le point sur la situation de tous les collèges de l’Isère à l’issue de la rentrée. De notre côté nous acceptons de recevoir tous les élèves de 4e pour pouvoir les compter et vérifier la réalité des effectifs.
A l’issue de la réunion décision est prise avec les parents d’organiser une rentrée purement administrative (comptage et distribution des documents de rentrée) le jeudi après-midi ; l’ensemble des familles seront contactées par nos soins le jeudi matin pour s’assurer que personne ne manque à l’appel. Les parents de 4e sont par contre appelés à garder leurs enfants à la maison le jeudi matin, le vendredi et le lundi en attendant la réponse de l’IA.
Une nouvelle AG est organisée le jeudi soir pour rendre compte du rendez-vous à l’inspection et décider de la suite des actions.
Le comptage et l’accueil des élèves de 4e a été réalisé le jeudi après-midi par les collègues disponibles à ce moment là. La nouvelle AG a décidé de suspendre provisoirement les actions de blocage des autres niveaux en attendant la réponse de l’IA ; par contre il est clair que si lundi la réponse ne convient pas l’ensemble des cours seront « suspendus » et que l’établissement sera occupé jour et nuit.
Le lundi à 16H la réponse de l’IA arrive enfin, le collège se voit doté d’un nombre d’heures suffisant pour nous permettre d’ouvrir une nouvelle classe de 4e mais l’IA refuse son ouverture administrative. Lors de l’AG du lundi soir, il est proposé d’organiser l’équivalent d’une cinquième classe, même si ce sont administrativement des groupes. Pensant après discussion d’une façon assez unanime que l’on pourra difficilement obtenir plus et que ce qui a été obtenu n’était vraiment pas gagné d’avance, il est décidé de s’en « contenter ». Une discussion s’engage alors avec les parents sur les délais nécessaires pour permettre l’organisation effective de cette nouvelle classe (constitution des classes, reprise de l’ensemble des emplois du temps...). Très à l’écoute de nos contraintes et impératifs (sans aucun doute le fruit d’une action commune menée pendant dix jours avec de très nombreuses rencontres) il est décidé que les parents de 4e continuent à garder leurs enfants à la maison jusqu’au vendredi matin, jour où les élèves effectueront enfin leur rentrée.
Au final il y aura eu environ quatre versions des emplois du temps en deux semaines, les élèves de 4e auront effectué leur rentrée avec presque deux semaines de retard et de nombreux débuts de soirée auront été passés au collège. Mais élèves et collègues passeront l’année dans des classes à 24 au lieu de 30, de nombreux échanges ont eu lieu entre parents et enseignants et nous avons fait la preuve qu’en prenant nos affaires en main de nombreuses choses sont possibles dans un établissement scolaire. L’épilogue de cette histoire a eu lieu le lundi 3 octobre au cours d’un apéritif convivial, dans la cour du collège, réunissant parents et enseignants pour célébrer ce qu’il convient bien d’appeler une victoire !

Sébastien Jolivet, S1 du collège de Saint Quentin Fallavier.