Concernant le second degré, il y a beaucoup à dire sur cette fin d’année scolaire. Nous pourrions par exemple longuement parler du bac local sauce Blanquer dont la mise en place chaotique n’a dupé ni les parents ni les élèves et laisse le pire à craindre pour les personnels dès la rentrée prochaine. Nous pourrions aussi évoquer le grand oral qui n’a de grand que le titre ou encore le sort fait aux correcteurs des épreuves de français et de philosophie contraints de corriger des copies numérisées dans des délais intenables sur des plate-formes inadaptées.
L’urgence nous pousse plutôt à utiliser cette déclaration liminaire pour alerter les représentants de l’État, de l’Éducation nationale et des collectivités territoriales siégeant à ce CDEN sur les tensions fortes qui montent au sein de nombreux établissements ardéchois.
La préparation de la prochaine année scolaire bat son plein dans les collèges et les lycées. Et, forcément, les effets délétères des différentes réformes ainsi que des successives suppressions de postes et réductions de moyens se font toujours plus douloureusement sentir. Malgré la crise sanitaire et sociale et donc des besoins accrus que nous n’avons eu de cesse de mettre en lumière, les dotations en personnels non-enseignants sont largement insuffisantes et conduisent à des redéploiements qui ne sont pas acceptables. La crise a montré tout l’intérêt d’avoir des personnels de vie scolaire, des personnels médicaux-sociaux, des personnels administratifs, mais aussi des agents territoriaux en nombre suffisant. Loin de satisfaire ces besoins, le rectorat communique en ce moment des dotations d’AED (personnel de surveillance) en baisse dans de nombreux établissements, préconisant de camoufler cette baisse en imposant des temps partiels. Nous rappelons par ailleurs qu’un nombre non négligeable d’établissements du département ne bénéficie plus de la présence physique d’une assistante sociale et ne peut prétendre qu’à une assistance téléphonique d’urgence alors que les besoins n’ont jamais été aussi criants.
Cette injonction à faire toujours plus avec toujours moins ne peut qu’aggraver les tensions entre d’une part des équipes de direction chargées de mettre en musique les consignes ministérielles et académiques et donc d’orchestrer en conséquence les services, d’imposer des heures supplémentaires toujours plus nombreuses, d’organiser les niveaux et les groupes, d’arbitrer entre les projets et les organisations pédagogiques diverses... et d’autre part des équipes éducatives soucieuses d’offrir un enseignement de qualité à leurs élèves en leur garantissant de bonnes conditions d’enseignement, une offre d’options et de langues complète, les aides nécessaires en fonction de leurs besoins…
Face au manque de moyens et d’ambitions portés par le ministère de l’EN, d’aucuns se résignerons peut-être à des effectif pléthoriques dans les classes, à une offres de formation appauvrie, à une mise en concurrences des disciplines ou à une précarisation grandissante. Mais par endroit, le dialogue est rompu ou en passe de l’être avec les équipes de direction, le conflit pouvant aboutir à des journées de grève locale. La mise en œuvre des pires techniques de management, le tristement célèbre New Public Management qui sévit partout dans la Fonction publique, ne peuvent que conduire à ces situations.
Autre facteur aggravant, la crise sanitaire et sa gestion calamiteuse dans l’Éducation nationale où les personnels à tous les échelons ont été trop souvent livrés à eux mêmes par un ministre qui privilégie sa communication médiatique personnelle à la mise en œuvre de stratégies et de moyens permettant d’anticiper des problèmes pourtant identifiés et annoncés bien en amont par les agents sur le terrain. Cette obligation à gérer localement, sans consignes ou avec des injonctions contradictoires arrivant en retard – le dernier avatar étant la fin de l’obligation du port du masque en extérieur – a été source de grande fatigue professionnelle, voire de souffrance au travail, pour de nombreux personnels, à tous les niveaux, dans les établissements. Cette fatigue est un terreau sur lequel les conflits larvés ne peuvent que se développer et finir par exploser dès les semaines de rentrée, voire dans les jours qui viennent.
Pour le SNES-FSU et la FSU, cette défaillance coupable du ministre ne relève ni de la maladresse, ni de l’incompétence. Nous ne pouvons qu’y voir une facette d’un projet assumé de destruction de l’école publique qui semble guider la politique menée par M. Blanquer depuis son arrivée en responsabilité au ministère. Pour le SNES-FSU, une autre politique éducative est possible à condition d’y mettre les moyens et de prendre en compte les retours des représentant.es élu.es des personnels.