Les SEGPA (Sections d’Enseignement Général et Professionnel Adapté) accueillent de la 6e à la 3e des élèves présentant des difficultés scolaires importantes ne pouvant pas être résolues par des actions d’aide scolaire et de soutien.
Ces structures essentielles à la réussite de tou.tes nos élèves, font l’objet d’une attaque sans précédent du Dasen qui entend supprimer des postes de professeur.es des écoles spécialisé.es dans plusieurs collèges du département (Le Laoul à Bourg Saint Andéol, Roqua à Aubenas et Les Perrières à Annonay). Il reviendrait ainsi désormais aux collègues des collèges d’assumer une part de plus importante de l’enseignement en SEGPA. Tant pis pour la souffrance professionnelle que peut provoquer le fait d’imposer à un professeur d’enseigner devant un public pour lequel il n’est pas formé. Tant pis pour la cohérence des SEGPA qui voient le nombre d’intervenants se multiplier sans réelle possibilité de coordination. Et tant pis aussi pour les élèves de la SEGPA qui seront les premières victimes des choix politiques qui guident les services de l’Éducation nationale. C’est un véritable coup bas envers la communauté éducative et les élèves !
Si la section départementale du SNES-FSU a tiré la sonnette d’alarme en instance (lire l’article ici), les personnels s’activent pour mener le combat.
Focus sur Les Perrières
Alors que la SEGPA du collège d’Annonay est déjà affaiblie (5 postes au lieu de 6), l’annonce du non-remplacement d’un départ en retraite, descendant mécaniquement à 4/6 le nombre de postes d’enseignant.es spécialisé.es fait réagir les équipes.
Encore une fois, ce sont les élèves les plus fragiles qui risquent de payer le prix fort de ce renoncement de l’institution. Mais le communiqué de presse des personnels du collège est limpide. Bonne lecture et n’hésitez pas à partager le plus largement possible.
Il faut des enseignants spécialisés en SEGPA ! (à défaut d’une ministre experte à l’Éducation Nationale)
La SEGPA du collège Les Perrières est une voie de réussite pour des élèves en grande difficulté scolaire à l’entrée au collège (100 % d’orientation choisie en lycée professionnel en 2024).
La recette pour faire réussir au mieux ces élèves n’a rien de magique : des classes de 16 élèves prises en charge par « des équipes pédagogiques resserrées garantes de la cohérence, de la continuité et de l’efficacité des enseignements » (circulaire SEGPA n°2015-176 du 28/10/2015). Au cœur de ces équipes, des professeurs des écoles spécialisés, formés pour répondre aux difficultés spécifiques de leurs élèves. Et donc, logiquement, un de ces professeur des écoles pour chaque classe de la SEGPA.
Cette année scolaire 2024-2025, il y a 6 classes de SEGPA aux Perrières et seulement 5 professeurs des écoles. Pourquoi ? Parce que les services de l’Éducation nationale de l’Ardèche appliquent avec zèle les coupes demandées par les gouvernements successifs et suppriment des postes de professeurs des écoles partout où ils peuvent. Il n’y a presque plus de remplaçants dans le département et de moins en moins de professeurs spécialisés dont font partie ceux qui enseignent en SEGPA. Ces postes se suppriment sans fermer des classes dans un département rural où la population tient à ses écoles et se mobilise pour les maintenir. Le SEGPA des Perrières a donc déjà perdu un poste il y a quelques années.
Pour la rentrée 2025, les suppressions se poursuivent, quoiqu’en dise la ministre du moment. Les personnels et les usagers du collège Les Perrières viennent d’apprendre que les services de l’Éducation nationale profitent du départ à la retraite de l’un des 5 professeurs de SEGPA pour supprimer son poste. Il y aura toujours 6 classes, car les effectifs ne baissent absolument pas, mais seulement 4 professeurs des écoles.
Dans la logique comptable des administrations de l’Éducation nationale, pour assurer quand même toutes les heures d’enseignement dues aux élèves de la SEGPA, la solution est simple : les professeurs des autres classes du collège vont enseigner leurs matières aux élèves de SEGPA. C’est déjà le cas aujourd’hui puisqu’il manque déjà un professeur à la SEGPA, ce le sera encore plus l’an prochain avec la disparition d’un nouvel enseignant spécialisé. Très logiquement, ce sont plus d’un tiers des heures d’enseignement qui seront assurées par d’autres puisqu’il manque un tiers des enseignants spécialisés à la SEGPA.
Mais voilà, les enseignants du collège ne sont pas formés pour prendre en charge efficacement les difficultés des élèves devant lesquels on va les placer. La multiplication des intervenants perturbe le fonctionnement de l’équipe pédagogique de la SEGPA, empêchant la cohérence et la continuité du suivi dont les élèves ont pourtant tant besoin. Car au-delà de la souffrance professionnelle que peut provoquer le fait d’imposer à un professeur d’enseigner devant un public pour lequel il n’est pas formé, ce sont bien les élèves de la SEGPA qui seront les premières victimes des choix politiques qui guident les services de l’Éducation nationale.
Un élève de la SEGPA a obtenu le droit de s’inscrire dans cette structure après un long chemin fait de tests et de démarches administratives au cours desquelles ses difficultés scolaires et leurs causes sont détaillées et exposées. Avec sa famille, il a accepté de s’y inscrire au prix des quelques renoncements difficiles comme par exemple l’idée de poursuivre en lycée général après la 3e ou la possibilité d’être accompagné par une AESH pendant les cours. Mais il sait aussi qu’il aura droit à
un enseignement adapté (le E et le A dans SEGPA), à l’aide précieuse des enseignants spécialisés, à un suivi plus personnalisé… si on ne lui vole pas ce à quoi il a droit !
C’est pourtant exactement ce qui se passe actuellement à la SEGPA du collège Les Perrières (et dans d’autres en Ardèche). En supprimant les postes d’enseignants spécialisés, on réduit l’adaptation, la cohérence, le suivi. Certains voudraient même inclure les élèves, diluer la SEGPA dans le reste du collège, faire disparaître ces difficultés scolaires spécifiques non pas en les résolvant mais en les noyant. Et les élèves de SEGPA avec.
C’est pourquoi les personnels du collège Les Perrières refusent la suppression d’un deuxième poste de professeur des écoles à la SEGPA. Ils demandent que le poste manquant soit recréé et que soient nommés deux enseignants spécialisés pour que l’équipe soit complète (6 classes, 6 professeurs des écoles). Ils ont interpellé en ce sens leurs administrations, du directeur départemental à la ministre en passant par la rectrice. Ils ont pris contact avec leurs organisations syndicales et les fédérations de parents d’élèves afin de construire, si nécessaire, les actions diverses qui pourront leur permettre d’obtenir satisfaction. Informer en est une. C’est fait à travers ce communiqué.
Les personnels du collège les Perrières