27 juin 2024

Sections départementales

CDI AED pour Sophie et Rémy et les autres !

Équilibre CDD/CDI chez les AED : une équation insoluble ?

Fin d’année combative au collège Bernard de Ventadour à Privas.
Depuis le jeudi 20 juin, les Assistant.es d’Éducation sont en grève reconductible avec le soutien massif des enseignant.es et des parents d’élèves.
En cause, le refus de CDIsation par le rectorat de deux AED malgré 6 années de bons et loyaux services en CDD.
Peu importe le fait que Sophie et Rémy aient donné entière satisfaction – comme en atteste l’avis favorable du chef d’établissement – la promesse de pérennisation leur est refusée.
Le rectorat invoque pour motif que l’équilibre entre CDD et CDI serait atteint au sein de l’établissement. Pour l’institution, il faudrait laisser une part de contrats précaires à destination de potentiels étudiant.es. Tant pis si l’embauche en CDD n’est pas conditionnée par un statut étudiant ou si le pôle universitaire le plus proche de Privas se trouve à 120 kilomètres.

Cette décision arbitraire, en plus de jeter ces deux personnes vers la grande précarité, prive en outre l’établissement de personnels compétents et expérimentés en même temps qu’elle occulte totalement le besoin de stabilité plus que jamais indispensable aux élèves, en particulier à l’heure où la lutte contre le harcèlement et les risques psycho-sociaux chez les jeunes représente un enjeu majeur.
La réponse du Directeur Académique exhortant ces 2 AED à être CDIsés sur un autre établissement du secteur géographique ne répond en rien au problème mais ne fait que le déplacer tout en apportant division et déstabilisation au sein des vies scolaires concernées. Car comment expliquer aux collègues entrant dans leurs dernières années de CDD et qui espéraient être pérennisés dans leurs fonctions que ce n’est plus possible car l’équilibre vient d’être atteint avec le parachutage de nouveaux collègues CDIsés.
De plus, cette fausse solution fait fi des projets du rectorat qui s’engage à une clarification des règles de CDIsation dès l’année scolaire prochaine avec notamment plus de souplesse dans la fixation du quota CDD/CDI par la prise en compte des spécificités propres aux établissements situés en zones rurales.
Au final, les 2 collègues de Ventadour risquent donc de faire les frais de la précocité de l’établissement à avoir atteint ce fumeux « équilibre » ainsi qu’une gestion inique et opaque des AED en CDI par le rectorat. Espérons donc au moins que la lutte en cours à Ventadour aura pour effet de démontrer à l’administration académique le caractère urgent à donner un cadre claire, défini et juste au décret de 2022, en l’absence d’un cadrage national qui n’est jamais paru.

Une lutte exemplaire. Du local au global.

Si cette lutte est exemplaire, c’est avant tout parce qu’elle est collective. Malgré la météo capricieuse, les AED ont été rejoint.es par nombre d’enseignant.es et parents d’élèves du plus gros collège de l’Ardèche. Tou.tes s’accordent à dire que le travail de la vie scolaire est essentiel à la réussite des élèves et au bien-vivre ensemble dans l’établissement.
Cette lutte est exemplaire, aussi parce qu’elle est visible :
 Pétition (il n’est pas trop tard, pour signer c’est ici : https://www.change.org/p/pour-la-cdisation-de-nos-deux-aed-sophie-et-r%C3%A9my-coll%C3%A8ge-b-de-ventadour-privas-07 )
 Courrier au Rectorat (resté sans réponse)
 Constitution d’une caisse de grève permettant d’inscrire le mouvement dans la durée
 Interpellation des élus (qui a permis l’envoi d’un courrier de Monsieur Saulignac à Madame la rectrice)
 Piquet de grève avec information aux parents.
 Tractage et affichage aux alentours du collège.
 Nuit devant le collège
Cette diversité d’actions a permis une couverture médiatique large et le déplacement du Dasen en personne.

Enfin, cette lutte est exemplaire car elle va bien au-delà du cas personnel et du local.
Même si une victoire n’est pas acquise pour Sophie et Rémy, cette lutte a le mérite de mettre en lumière l’incurie de l’institution quant à l’accès effectif au CDI pour les AED. Le premier pas pour résoudre les problèmes, c’est de s’assurer qu’on ne puisse pas les cacher sous le tapis.