C’est une annonce en Comité social académique qui a mis le feu aux poudres. Lors de cette instance, la fusion de deux lycées d’Aubenas pour la rentrée 2026 était présentée comme nécessaire et inévitable. Si tôt dit, si tôt fait ?
Rien n’est moins sûr car la mobilisation des enseignants et personnels prend de l’ampleur à Aubenas.
Une opération d’économie d’échelle...
Derrière les beaux discours se cache un véritable plan social en devenir par l’économie d’échelle. En fusionnant deux établissements en un seul, ce seront des postes doubles qui seront « dégraissés ». Un seul chef d’établissement pour deux sites ; ok mais où se trouvera son bureau ? L’effectif globalisé justifiera-t-il de maintenir les postes d’AED, de CPE, d’agents région ou encore de personnels administratifs ? On comprend déjà que les conditions vont aussi se dégrader fortement pour toutes et tous.
Des conditions de travail dégradées...
Le rectorat défend l’idée que la fusion permettra de pérenniser les postes en oubliant que ces postes qu’on considère actuellement comme partagés (donc à limiter au maximum) deviendront la norme. Un seul établissement sur deux sites rendra inévitablement les déplacements des personnels plus fréquents. Des agents absents à Astier, il suffira d’envoyer celles et ceux de Gimond puisque ce sera le même établissement - et tant pis si personne ne s’y retrouve. Il manque deux AED à Gimond ? Envoyons doc des renforts d’Astier, tant pis s’ils ne connaissent pas les locaux et les fonctionnements propre à ce ’site’. Pour les enseignant.es ce sera des aller-retours entre les deux sites ; rien de mieux pour se sentir part d’un collectif et travailler sereinement...
Comment faut-il sauver le soldat Astier ?
En s’appuyant sur l’argument de la baisse démographique et les fluctuations d’effectifs, le rectorat se pose en sauveur du Lycée Astier. Mais qui dit que le lycée a besoin d’être sauvé ainsi ?
Certes certaines cohortes ont des effectifs faibles. Au lieu de se réjouir des bonnes conditions d’enseignement offertes par les effectifs réduits dans les sections générales, on focalise sur la rentabilité.
En vérité, la baisse d’effectifs n’est pas si marquée à Astier et quand bien même elle le serait, ce serait plutôt la question des moyens mis en place pour inverser la tendance qui serait à soulever.
A moyen constant, bien évidemment.
Pas question d’ouvrir des spécialités ni d’investir, la fusion c’est à moyen constant. Les mauvaises langues diront que la fusion, c’est la mutualisation des manques à gérer en interne.
Le fantasme se heurte au réel.
Mme la rectrice invite les personnels à « rêver un campus qui ait de la gueule ». Mais un campus, c’est justement le fait de rassembler plusieurs services sur un seul site, non ?
Certes, vu du ciel, les deux établissements ne sont pas très éloignés, mais du plancher des vaches, il y a quand même un beau dénivelé, des accès piétons peu entretenus et pour beaucoup, ce sera un trajet en voiture... Tant pis pour l’écologie.
Enfin, on ne fait pas table rase des représentations et des réputations dans un bassin rural. Gimond est perçu comme le lycée général de centre ville rénové et Astier est vu comme le « tech’ » excentré et délabré. C’est peut être par là qu’il faudrait commencer : rénover le bâti et les accès, redorer la réputation en faisant connaître ce qui existe ou encore investir dans l’implantation d’enseignements attractifs.
Bref, il y a des propositions portées par les personnels. Mais la fusion n’en fait clairement pas partie.
Les personnels dans l’action
C’est d’abord entre eux que les personnels ont travaillé pour démonter les arguments de l’administration et soulever tous les problèmes qu’un tel projet entrainerait.
Puis, c’est par voie de presse que le personnels ont fait entendre leurs inquiétudes et leur opposition.
Un florilège d’article ici :
Dauphiné Libéré
Résultats des courses
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le rectorat recule sur ce projet de fusion, ne serait-ce que sur le délai. C’est déjà une victoire. La pression médiatique a révélé à quel point cette fusion est fumeuse mais la confusion n’en reste pas moins problématique car elle engendre des inquiétudes réelles. Il faudra rester vigilant et se tenir prêt à agir si ces questions reviennent sur le tapis. Au delà du refus de la fusion, les personnels se veulent force de proposition avant tout pour la défense du servie mais le Ministère et le rectorat accompagneront-ils de moyens concrets les propositions ?