Retour sur le Conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN) qui s’est tenu le 19 octobre en présence des représentants des personnels, des familles et des collectivités locales. En l’absence du préfet qui avait semble-t-il d’autres chats à fouetter, c’est notre Dasen sur le départ (il est promu en Isère), qui a présidé la séance.
Dans le contexte d’une rentrée marquée par les difficultés qui s’accumulent pour les personnels de l’Éducation comme pour une grande partie de la population (voir la déclaration liminaire de la FSU), il aura été difficile pour le Dasen de dérouler le ronron habituel de la « rentrée réussie ».
Surprise ! La baisse des moyens a des effets…
Alors que la baisse annoncée de plus de 200 collégiens ardéchois n’a pas eu lieu, les moyens, eux, ont bien été repris (8 divisions en moins). Il a donc fallu se serrer un peu plus dans les classes… ce qui se traduit par le plus bas taux d’encadrement depuis la mise en œuvre de la réforme du collège (le nombre d’élèves/division départemental – E/D – est de 24,2 contre 23,8 les années précédentes). La ficelle est un peu grosse et pose la question de la sincérité des prévisions d’effectifs réalisées au mois de janvier. Avec encore 400 suppressions de postes dans le 2d degré prévus dans le budget 2023 (adopté par le 49.3), il faudra être très attentif pour la préparation de la rentrée prochaine.
Entre les difficultés liées au Covid et la baisse constante des moyens, les élèves fragiles décrochent, même le Dasen l’admet ! Cela se traduit par une baisse des résultats au DNB et par une augmentation des demandes d’orientation en voie professionnelle. Dans la mesure où les places y sont limitées et que l’offre de formation est loin d’être toujours suffisante, le nombre d’élèves de 3e qui restent sur le carreau sans aucune affectation explose ! Face à ce constat, le seul remède envisagé par le Dasen est de pousser davantage les élèves vers la voie générale (où les effectifs ne sont pas contingentés) – quelques HSE (encore et toujours) doivent être distribuées pour développer l’ambition des élèves de 3e vers la 2GT. Les conseils de classe de 3e trimestre risquent d’être mis sous pression dans ce sens…
Vers la contractualisation et la mise en concurrence des collèges ardéchois ?
Les seuls moyens supplémentaires, ou plutôt complémentaires, ou en fait consolidés … passeront désormais par le biais de contrats avec les équipes et les établissements. Vous n’avez rien compris ? Nous non plus (et pas sûr que le Dasen non plus) !
Enfin si, ce qu’on a compris, c’est qu’il n’y aura pas d’enveloppe départementale à répartir, les moyens éventuels (dont on ne sait rien) seront à la discrétion de la rectrice sans aucune garantie, sur la base du volontariat et de l’adhésion des équipes à des projets d’établissement, sous réserve de contreparties et de résultats.
Deux dispositifs différents sont annoncés :
• Les CLA (contrats locaux d’accompagnement) censé concerner des collèges au public défavorisé mais hors Éducation prioritaire. En Ardèche, les collèges de la Ségalière (Largentière) et de Jastres (Aubenas) seraient concernés. Selon le Dasen, les équipes devront se positionner très rapidement (avant janvier). Pour en savoir plus, voir ici, là et là.
• « L’école de demain, faisons-là ensemble » ; priorité à « l’excellence, l’égalité, le bien-être » (mention spéciale au brainstorming qui a accouché de ce packaging commercial) : c’est le même principe que les CLA avec encore plus de flou ! Le dispositif est censé être basé sur le volontariat des équipes et sur une concertation intégrant les acteurs extérieurs (coucou le partenariat avec les entreprises du coin pour l’orientation, avec la gendarmerie pour la sécurité, etc.). Il est probable qu’une partie des chef
fes soumettront cette concertation aux équipes (qui pourraient bénéficier de deux journées banalisées), faisant miroiter des moyens supplémentaires.Quels engagements ou contreparties pour les équipes ? Pour quels moyens ? Sur quels critères ? Quelle évaluation du dispositif ? Aucune réponse du Dasen à ces questions pourtant essentielles !
Nous dénonçons ces dispositifs qui sous couvert d’autonomie locale visent à détruire le cadre national d’allocation des moyens et à mettre en concurrence les établissements et les personnels.
De l’inclusion… ou des SEGPA ?
Des rumeurs (propagées par l’IEN AESH) circulent sur une possible disparition des 6e SEGPA au profit de dispositifs d’inclusion (qu’elle semble appeler de ses vœux). Nous avons interpellé le Dasen sur ce point et la réponse est très clair : c’est non. Le cadre est celui de la loi qui prévoit l’existence de classes SEGPA de la 6e à la 3e. Les équipes ne doivent pas se laisser imposer une inclusion forcée. Contactez-nous en cas de problèmes.
Le nouveau conseil départemental en dessous de tout.
La vice-présidente en charge de l’éducation au Conseil départemental de l’Ardèche (Ingrid Richioud) a présenté une réforme de la dotation globale de fonctionnement (DGF) et du service restauration des collèges. Aucun document envoyé en amont du CDEN, diaporama fourni avec moult tableaux chiffrés, explications confuses… La méthode révèle le mépris dans lequel la nouvelle majorité départementale tient les représentants des personnels et des parents, tout autant que l’impréparation de la vice-présidente bien en peine de répondre aux questions. A minima, la réforme aura un effet sur les fonds de roulement et les prix des repas augmentera pour les familles. Dans un contexte où les finances vont être étranglées par la forte hausse du coût de l’énergie, une grande vigilance sera de mise lors des prochains CA portant sur les budgets !
Nous avons interpellé la vice-présidente sur la lourdeur accrue des « démarches-simplifiées » (ça ne s’invente pas) pour les demandes de financement des projets APECA, ainsi que sur l’incohérence du calendrier : demandes déposées en avril alors qu’on ne connait ni les structures définitives, ni les services des collègues, et réponse désormais à la veille des vacances d’octobre, ce qui rend de facto presque impossible de mener des projets au 1er trimestre. Fin de non-recevoir sur le calendrier ; en revanche on nous assure de l’augmentation du budget APECA qui serait augmenté de 400 000 à 500 000 €. A voir ce que ça donnera dans les établissements.
C’est cependant sur la question du contrôle de la qualité de l’air - imposé par la loi – que le Conseil départemental se montre en dessous de tout.
Un cabinet d’étude aurait été sollicité pour un bilan, mais personne ne semble en connaitre les conclusions. Aucun investissement n’est prévu pour renforcer la ventilation. Aucune consigne aux chef fes d’établissement pour l’utilisation des quelques détecteurs de C02 et purificateurs d’air. Si vous voulez savoir comment concilier les mesures d’économie d’énergie avec l’ouverture des fenêtres imposée par le protocole sanitaire, il n’y a aucune réponse, la vice-présidente allant même jusqu’à nier la réalité de la pandémie.
Il est désormais incontestable que le milieu scolaire est le premier vecteur de diffusion d’un covid qui continue de rendre malade, de laisser des séquelles et de tuer les plus fragiles. L’amélioration de la ventilation dans les espaces clos et bondés est le meilleur moyen (non contraignant) de limiter la diffusion de la maladie. L’ignorer, c’est abandonner toute préoccupation pour la santé des personnels et des élèves. Il faut dire que l’installation de caméras de vidéosurveillance semble bien plus important pour la majorité départementale. On a les priorités qu’on peut !