« La rentrée est ce qu’elle est, comme elle est ».
Ce sont les mots de l’I.A. - DASEN pour évoquer les conditions de cette rentrée. Et son bilan aurait été extrêmement rapide – une simple présentation des effectifs dans nos collèges - si la FSU n’avait pas pris la parole pour pointer un certain nombre des dysfonctionnements dont nous ont informés les S1 suite aux premières Heures d’Information Syndicale de l’année dans les établissements.
L’Ardèche : territoire de fantasmes
Une première chose que M. l’Inspecteur ne s’explique pas : la variation des effectifs d’une année sur l’autre qui rend toute prévision extrêmement difficile. Soit. De là à en faire la moitié d’un bilan de rentrée...
Une deuxième chose qui semble agacer : la tendance que nous avons, nous autres pauvres Ardéchois-es, de croire qu’un poste, un « support », comme on nous a dit, est pérenne et de confondre les postes avec les gens. Au 21e siècle, il faut avoir une « vision globale » des ressources et des postes qui sont en fait toujours provisoires. « Budget oblige » n’est-ce pas, c’est sans état d’âme que la perte de moyens administratifs dans deux établissements est expliquée.
Et enfin, M. l’Inspecteur est sidéré de constater le taux explosif de notifications MDPH pour une aide individuelle sur notre département. Ces professionnel.le.s seraient-ils à la pointe en termes de diagnostique ? Non, les chiffres sont trop haut : il faut juste qu’ils baissent pour correspondre à ceux des départements voisins.
Ce regard sur le professionnalisme et des décisions des partenaires s’est aussi retrouvé dans les réponses à nos inquiétudes au sujet des élèves affecté.es en SEGPA qui se retrouvent en classe ordinaire faute de place. Si M.Le DASEN consent que le sujet est à « affiner », la SEGPA n’est d’après lui pas le lieu où des élèves avec des difficultés durables et réelles peuvent s’épanouir à l’école et construire un projet positif ; ce serait au contraire le lieu de cristallisation d’une image négative de l’enfant, un lieu fourre-tout où on atterrirait des élèves qui n’ont rien à y faire notamment celles et ceux issu.es des classes sociales les plus populaires. On serait presque heureux de ce couplet inattendu sur les déterminismes sociaux, si cela n’allait dans le sens de la chasse aux structures d’aide et d’adaptation très pratique pour inclure tout le monde dans des classes à 30 et faire des économies en mettant de côté l’épanouissement des élèves.
La mutualisation des AVS : la DSDEN compte sur l’autonomie des élèves
Aucun élève sans AVS en Ardèche ? Les moyens sont installés, il y a cependant un problème de ressources : pas moins de … 50 recrutements sont encore à faire. Les notifications de la MDPH seraient-elles toutes arrivées après la rentrée scolaire ? Bien-sûr que non, mais recruter après la rentrée, c’est toujours quelques semaines de gagnées en termes de budget. Pendant ce temps, avec la mutualisation au sein des établissements, le manque de personnels ne se voit pas puisque les équipes locales gèrent la pénurie : tous ces enfants notifié-es se retrouvent avec quelques heures d’aides, même si ça ne correspond pas à ce qui était prévu. Les maîtres mots demeurent harmonisation, mutualisation, souplesse et gestion plus pédagogique. Une volonté d’économies sur le dos d’élèves fragiles et de personnels corvéables à merci et une façon de renvoyer les responsabilités à l’échelle locale : si les familles ne sont pas contentes, qu’elles s’arrangent avec les chef.fe.s d’établissement. Contrats précaires, mal payés, temps partiels obligatoires, leur situation n’est guère attractive – comme celle des 20% de personnels contractuels dans l’Éducation Nationale – et nous avons tenu à l’évoquer dès l’ouverture de séance dans notre déclaration liminaire.
Le scandale des Assistantes Sociales
Ce serait pour mettre un terme à une pratique illégale - qui fonctionnait depuis plusieurs années sans que cela n’inquiète personne - que 3 A.S. contractuelles ont été remerciées dans des conditions déplorables en cette rentrée 2018. Et là, la situation devient dramatique : ce sont à ce jour 8,8 AS titulaires qui se retrouvent obligées de couvrir l’ensemble de notre département. Pour rappel : 36 établissements scolaires dans le second degré. Dont des établissements REP, dont des internats, etc. Ça fait si peu de personnels que les missions des Assistantes Sociales ont été redéfinies pour se centrer sur la protection de l’enfance et la lutte contre le décrochage scolaire. Et toutes les autres missions qu’elles assuraient ? Qui va monter les dossiers d’aide financière et les demandes de bourses ? Qui va accompagner les familles en détresse éducative ou sociale ? Qui va assurer le lien avec les services éducatifs du département et de la ville ? Tous les établissements sont couverts ! nous a-t-on répondu. Une assistance sociale sur Annonay pour les 1400 élèves du lycée Boissy d’Anglas, les 800 élèves des Perrières et présente éventuellement sur demande pour les 500 élèves du collège La Lombardière et des 300 élèves du lycée Mongolfier, pour nous non, cela ne signifie pas que la zone est couverte. Et pour couronner le tout, un personnel de l’Education Nationale se trouve détaché et mis à disposition de la MDPH : ce transfert de ressources inacceptable contribue à la dégradation des conditions de travail des personnels de l’Éducation nationale.
L’accueil des élèves allophones : pour une fois, on est d’accord !
Nous avons soulevé le problème du FLS dont les heures, même si elles augmentent, ne suffisent pas à couvrir les besoins. En effet, nous avons de plus en plus de mineur.e.s isolé.e.s qui arrivent dans nos classes, ces enfants aux parcours terribles viennent souvent de zones de conflit et ne sont parfois que très peu allé.e.s à l’école. Il s’agit donc d’apprendre le Français Langue Seconde à certain.e.s, et d’apprendre à lire et écrire à d’autres, ce qui exigerait une politique volontariste à la hauteur de l’enjeu. Avec plus d’heures de FLS, dans des classes aux effectifs réduits. La Direction Académique des Services de l’Éducation Nationale se dit très consciente de ce problème et a fait appel au CASNAAV qui mène une enquête avant un arbitrage rectoral qui devrait permettre de débloquer des moyens supplémentaires. En attendant, il reste les Formations Territoriales pour permettre aux enseignant.e.s de se former un minimum à l’accueil de jeunes allophones dans les classes.
Un CTSD qui confirme encore une fois, et de façon encore plus saillante, que ce sont bien des arbitrages politiques et économiques qui amènent les Services du Département à prendre leurs décisions. Et encore une fois, ce sont sur nos épaules d’enseignant.e.s que repose la réussite de nos élèves. Belle façon de nier toute responsabilité dans ce désastre et de charger un peu plus les mules, à l’image des annonces faites par notre MEN. Mais les mules ne sont ni stupides ni corvéables à l’infini...