Une hécatombe, un chamboule tout, une hémorragie, un jeu de massacre, une démolition. Les mots ne manquent pas pour qualifier les suppressions de postes dans le département. Il y aura donc 14 enseignants de moins l’année prochaine pour encadrer les élèves. L’éducation nationale est elle en train d’écrire le scénario pour la saison 2 de Squid game ? Ne devra t’il en rester qu’un ? Nous n’imaginions pas de « fin heureuse » pour cette dernière saison du quinquennat d’Emmanuel Macron. Nous avons été habitués et parfois blasés par les quatre épisodes précédents.
La petite arithmétique sur la baisse démographique ne nous leurre pas. Nous savons tous qu’il est plus facile de supprimer des postes que de les créer. Ces postes perdus le sont pour longtemps si on ne change pas de logique. Démembrer l’école publique pousse les parents à opter pour le privé. Comment ne pas les comprendre ? 30 élèves par classe est devenue une norme au cours de ce quinquennat .
Malgré une crise sanitaire sans précédent, c’est toujours la même logique comptable qui prévaut. Mais pas n’importe quelle comptabilité. Si les économies sont de rigueur pour l’école et l’hôpital le gouvernement a en revanche la dépense facile pour les entreprises du CAC 40. La gestion d’épicier pour l’éducation nationale contraste avec l’oniomanie qui frappe ce gouvernement lorsqu’il s’agit d’arroser d’euros des entreprises déjà riches et/ou polluantes.
Les plans d’urgence se succèdent pour les entreprises, l’armée, l’énergie mais toujours pas d’urgence pour l’école pourtant pilier d’une transformation sociale. C’est à l’école qu’on apprend la science au plus grand nombre, cette science génératrice de vaccins. C’est à l’école qu’on acquiert des valeurs de paix et de fraternité, évitant ainsi les guerres de demain. C’est encore à l’école qu’on crée les richesses futures. Mais c’est pourtant Total, Sanofi ou Dassault qu’on arrose d’euros sans contrepartie.
Ce sont de nouveaux nos élèves qui seront les premières victimes de ces suppressions. De moins en moins de dédoublements seront possibles en langues, en sciences ou d’options, LCA par exemple. Les remplacements d’enseignants seront encore plus compliqués. Á La Voulte par exemple, les classes de troisième n’ont pas eu de LV2 cette année, pas plus que l’année dernière. Comment feront-ils pour intégrer le lycée sans dommage important ?
Alors que les spécialistes de l’éducation nous alertent des conséquences de la crise sanitaire sur les jeunes, on continue de s’acharner sur leur école.
Supprimer des postes c’est avoir recours de plus en plus fréquemment à des contractuels. Ces contractuels qui sont plus faciles à convaincre d’accepter des salaires moindres, des injonctions contradictoires de leur hiérarchie ou de façon générale, les conséquences de réformes dévastatrices pour les conditions de travail et celles des élèves.
Enfin ces suppressions de postes interviennent en même temps qu’une crise migratoire qui s’annonce sans précédent. La majeure partie des réfugiés ukrainiens sont des mineurs. Ils arrivent de plus en plus nombreux sur notre territoire et donc dans nos écoles. Désolé de « spoiler » mais ces élèves devront être accueillis dignement l’année prochaine ; cela suppose des moyens. Á moins que pour eux aussi il ne faille compter que sur le dévouement des enseignants et des heures supplémentaires effectives ? Nous vous posons les questions mais nous avons une idée des réponses. Les saisons précédentes ont éteint le suspense. L’intrigue ne fonctionne plus. Il faut changer de scénariste.