Après 2 ans de crise sanitaire et au terme du quinquennat d’Emmanuel Macron, le bilan pour l’éducation est catastrophique.
Une gestion chaotique de la crise sanitaire
Cela fait maintenant deux ans que nous subissons l’incurie d’une gestion chaotique de la crise dans l’EN. Nous sommes ballottés au gré des changements de protocole, jamais anticipés, jamais négociés mais (presque) toujours incohérents, absurdes et contradictoires. Ainsi donc, depuis le printemps 2020, nous avons fait cours à distance avec des outils défaillants alors que « tout était prêt » ; nous avons accueilli les élèves sans masque, puis avec, mais pas dehors, puis dehors, mais pas partout, à chacun de voir finalement. Nous avons dû faire semblant de mettre en place une distanciation impossible à respecter dans des classes trop chargées et des locaux trop petits. Nous avons appliqué la règle d’une salle/une classe, puis retirée, mais pas partout, alors que les élèves étaient mélangés dans les transport scolaire ou à la cantine, partout.
Nous avons tenté de comprendre qui est cas-contact et quelle conduite à tenir au gré des changements de la FAQ. Nous avons organisé des sorties, des voyages, des projets, puis les avons annulées, avant de les reprogrammer, pour les annuler à nouveau pour cause de reprise épidémique ou de mise en œuvre du passe sanitaire, car comment prévoir une activité scolaire qui ne serait accessible qu’aux élèves vaccinés. Nous sommes sortis, puis rentrés, puis ressortis des gymnases et des piscines, nous avons pratiqués à 1 m puis 2 m, avec masque, sans masque, puis avec masque, etc.
Dans ce contexte, nous n’en pouvons plus d’entendre les mensonges du ministre qui nient purement et simplement la réalité. Vous affirmiez encore récemment M l’inspecteur, à la suite de M Blanquer, qu’on ne se contamine pas davantage à l’école qu’en dehors, alors même que les taux d’incidence des scolaires sont deux fois plus élevés depuis décembre que pour le reste de la population ? Nous n’en pouvons plus non plus des discours et mesures contradictoires ou à géométrie variable. D’un côté, M. Macron considère que la situation sanitaire est suffisamment grave pour instituer un passe sanitaire, puis vaccinal, qui restreint l’accès aux droits fondamentaux des citoyen.nes (à la santé, à la culture, à l’éducation) ; il va même jusqu’à insulter les non-vaccinés, accusés de mettre en danger l’hôpital et la société toute entière par leur irresponsabilité. De l’autre, le gouvernement semble abandonner toute mesure de freinage et de suivi de l’épidémie en renonçant aux tests et au suivi des cas-contacts. Où sont les irresponsables ?
Nombre de nos collègues s’estiment mis en danger par leur employeur qui jusqu’ici n’a su leur fournir que des masques en tissus, les moins protecteurs, interdits dans certains lieux publics (les avions par exemple). Il aura fallu 2 ans et une journée de grève massive pour obtenir des masques chirurgicaux, quand aujourd’hui certains scientifiques et médecins prônent le FFP2 contre Omicron ! Il aura fallu près de 2 ans également pour obtenir quelques détecteurs de CO2 et purificateurs d’air, après laissé les collectivités territoriales et surtout les établissements se débrouiller seuls. Malheureusement, vous semblez considérer, M l’inspecteur, qu’ils ne servent à rien d’autre qu’à rassurer les personnels inquiets. Mesurer de façon rationnelle et précise la qualité de l’air et de la ventilation, de façon à pouvoir identifier les lieux et situations à risque, est pourtant un enjeu essentiel pour lutter contre un virus dont le mode de transmission est aéroporté. C’est ce que préconise le Haut conseil de la santé publique et ce que réclament la FSU avec la totalité des organisations syndicales depuis plus d’un an. Lutter contre la pandémie, protéger les personnels, les élèves et les familles nécessite la mise en place d’une véritable politique de prévention, de suivi et d’analyse des chaînes de contamination. Tout cela fait toujours largement défaut !
Enfin, pour finir avec cette longue partie sur la gestion de la crise sanitaire, il faut aborder la question des effets sur les apprentissages. Bien que l’administration ne semble pas en mesure de faire un suivi des absences à l’échelon départemental, nous estimons (sans prétendre à des chiffres précis) à au moins 20 % des personnels et des élèves malades et/ou absents par roulement depuis le début du mois de décembre. C’est donc un 2e trimestre en mode dégradé qui nous laissent une fois de plus démunis face aux élèves et aux familles. Comment faire cours, évaluer, avancer dans les programmes et préparer les examens dans ces conditions ? La question se pose de façon urgente pour les épreuves de spécialités et le contrôle continu du Bac, mais également pour le DNB. Comment répondre aux demandes de cours à distance des élèves et des familles ? (demandes légitimes et pressantes, notamment face aux enjeux des examens et de l’orientation avec Parcoursup). Depuis 2 ans, nous constatons des effets cumulatifs sur les apprentissages de l’ensemble de nos élèves, liés aux périodes de confinements, de jauges réduites et aux absences pour Covid (personnels et élèves), augmentés pour les élèves les plus fragiles qui en sont les principales victimes avec des difficultés accrues et des retards accumulés dans les apprentissages. Nous relevons également une augmentation sensible de l’absentéisme et des situations de décrochage, ainsi que des résultats en baisse (très net pour le DNB 2021).
La nécessité d’un plan d’urgence pour l’Éducation Nationale
Que fait le gouvernement pour compenser ces difficultés ? Il poursuit sa politique de suppression de postes ! Malgré une hausse constante des effectifs dans le second degré, le ministre de l’éducation a supprimé près de 8000 postes de professeurs depuis le début du quinquennat. A ces suppressions, il faut aussi ajouter les postes non pourvus aux concours, conséquence du manque d’attractivité du métier sur le plan salarial, de conditions de travail de plus en plus difficiles. La réforme de la formation initiale engagée cette année va très probablement encore aggraver la situation.
En Ardèche, si les moyens paraissent globalement maintenus, ils restent très insuffisants, en particulier pour compenser les effets de la crise sanitaire. L’urgence est aujourd’hui celle d’une autre politique éducative en faveur de la réussite de tous les jeunes ; de réparer les dégâts infligés à l’École depuis cinq ans ; de renouer avec la création de postes d’enseignants, de CPE, d’AESH, d’AED, d’infirmier.es scolaires, de personnels administratifs ; et de revaloriser les carrières et les rémunérations de tous les personnels de l’Éducation. Pour toutes ces raisons, la FSU, avec une large intersyndicale, appelle l’ensemble des personnels à une journée de grève demain 27 janvier.