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Robert STIEAU est le secrétaire du S1 des retraités de l’Ardèche. Il nous propose un rappel historique montrant que les idées présentes dans la réforme du collège dite 2016 n’ont rien de neuf.
La réforme des collèges adoptée avec le seul aval d’organisations syndicales minoritaires fait surgir des souvenirs ignorés de l’essentiel de la profession en exercice.
La tonalité, les présupposés, la philosophie, l’organisation rappellent l’École Fondamentale chère aux dirigeants réformistes de la FEN dont l’UNSA est aujourd’hui l’héritière. Sous couvert de modernité, d’adaptation au monde d’aujourd’hui, toujours dans l’intérêt des élèves, on nous ressert les vieilles lunes des années 1970.
Les curieux pourraient, avec profit, relire les louanges de la polyvalence des maîtres du primaire, de la bivalence des professeurs de collège, de la formation des enseignants dans un « institut départemental de formation » extérieur à l’université et à la recherche. Décidément, les nouveaux réformateurs de l’école ressemblent comme deux gouttes d’eau aux adeptes de l’École Fondamentale. Les enseignants de l’époque, avec le SNES en fer de lance, avaient fait échec à leur projet et ouvert la voie à l’élévation des niveaux de formation des années 80 à 90.
Revenons sur deux points essentiels :
– La nouvelle réforme donne des coups de canif dans la disciplinarité avec par exemple l’idée de regrouper des champs disciplinaires en 6è pour réduire l’équipe pédagogique ou de lier CM2 et 6è. Tout cela dans l’intérêt des élèves ou pour optimiser les services des enseignants ? À quand le retour du temps béni des PEGC bivalents ?
– L’idée d’autonomie des établissements revient elle aussi en force. Elle est dans ce projet surtout celle du chef d’établissement qui a la main sur la répartition des moyens et accessoirement du conseil pédagogique dont on rêve qu’il soit peuplé de petits sous-chefs. Lire impérativement, dans le projet de réforme, le deuxième alinéa de l’article R421-2 qui est un modèle inacceptable d’adaptation des besoins aux moyens attribués.
Bref, on voit rentrer par la fenêtre toutes les fausses bonnes idées que, dans un passé récent, nous avions réussi à faire sortir par la porte. Ne doutons pas que les personnels actuels sauront leur réserver le même sort.
bibliographie
– se référer au plan de réforme de l’enseignement « Langevin - Vallon » 1947 (par exemple sur Wikipedia ou un rapport trouvé sur le site de l’ESEN).
– une publication du SNI-PEGC (syndicat national des instituteur, ancêtre de l’actuel SE-UNSA) : L’Ecole fondamentale, pour qu’il soit encore temps, Sudel 1977.
– J. Fournier : Politique et éducation, Le Seuil 1971.
– M. Segre : École - Formation -Contradictions, Éditions sociales 1976.
– M. Loi : Le désastre scolaire, Éditions sociales 1962.
– les ouvrages de D. Paget : Petite histoire des collèges et des lycées 2008 ; Collège commun, collège humain 2010 ; Le partage des savoirs, Réflexions sur une refondation de l’école 2013.
– et enfin, de G. Ascheri et A. Le Pors : La fonction publique du XXIe siècle, Éditions de l’Atelier 2015.
la pétition
N’oubliez pas de signer, si ce n’est encore fait, et de faire signer la pétition intersyndicale contre la réforme du collège : http://unautrecollege2016.net/ .