Les conditions sanitaires semblant réunies, ce CTSD de rentrée a pu se dérouler en présentiel, chacun arborant son masque et sa tenue la plus républicaine. Environ 3 heures de réunion et pourtant le sentiment d’en sortir avec si peu de réponses : le COVID serait-il le masque qui dissimule la réalité gênante de cette rentrée ?
Une « rentrée dans la joie » !
Mais qui a osé parler de chaos et remettre en cause la « joie » de cette rentrée si particulière (voir la DL de la FSU) ? Le DASEN semble stupéfait qu’on puisse douter des propos optimistes du ministre, particulièrement en Ardèche où tout s’est « très bien déroulé », lui-même n’ayant rencontré que des professeurs heureux de revoir leurs élèves et des élèves heureux de se retrouver à l’école. « Oui, on peut se féliciter collectivement de cette rentrée ! Tous les enseignants ont fait un travail extraordinaire ! En Ardèche, les enseignants ont fait un effort considérable ! » Le DASEN ne tarit pas d’éloge. Entre les protocoles sanitaires, les personnels manquants ou non-affectés et les cafouillages administratifs, examinons les conditions de cette rentrée jubilatoire.
Covid et pragmatisme sanitaire
Face au coronavirus, « on fait du mieux possible, nous devons être extrêmement modestes face à cette situation, il faut être PRA-GMA-TIQUE. » Selon le DASEN, les connaissances sur le virus s’affinent et permettent d’agir plus efficacement contre sa prolifération. Voyez comme les recommandations de l’exécutif (conformes aux recommandations du haut conseil) placent notre département dans une situation plutôt confortable. Le virus circule peu. A peine 5 fermetures de classe dans le 1er degré – celles-ci ont d’ailleurs déjà rouvert. Aucune fermeture dans le 2d degré malgré 25 élèves testés positifs (en majorité en lycée).
Le DASEN lui même ne semble pas dupe de ces chiffres rassurants car, il nous informe que le préfet donne l’alerte : le niveau de circulation du virus est faible en Ardèche mais se propage de façon exponentielle. Il faudra de la volonté pour continuer à faire risette lorsque le DASEN demande de limiter les brassages et de contenir les élèves dans la même salle. Des chamboulements sont à redouter dans l’organisation des établissements pour s’adapter aux nouvelles mesures qui tombent les unes après les autres. Les chefs sont sommés de montrer à la préfecture qu’on a tout mis en œuvre pour éviter l’interdiction pure et simple des brassages.
Nous dénonçons l’incohérence des mesures et la mise en danger des personnels, des élèves et des familles : l’allègement du protocole scolaire n’envisage désormais des fermetures qu’à partir de 3 cas positifs dans une même classe, au moment même où les établissement scolaires et universitaires apparaissent en tête des foyers de contaminations (selon santé publique France). Et ce n’est pas une limitation du brassage très partielle (le point noir est le self) qui risque d’inverser la tendance.
« En Ardèche, on gère. » Alors souriez, derrières vos masques ! Souriez mais ne respirez pas. Car si les masques empêchent la transmission du virus il est loin d’être amusant à porter toute une journée. Puisque les masques semblent constituer l’alpha et l’oméga de la protection à l’école, nous exigeons des masques adaptés pour les personnels (il faut noter que parmi les membres de l’administration présents à ce CTSD, AUCUN ne portait un masque DIM), la gratuité pour les élèves et nous demandons qu’une réflexion soit menée avec les équipes et les élèves sur les moments et les lieux où il doit être possible de l’enlever pour respirer.
Malheureusement aucune autre solution ne peut être envisagée aujourd’hui selon le DASEN. Alléger les classes ? Impossible, il faudrait des profs et des locaux. Embaucher davantage ? Impossible, nous ne pouvons pas recruter du jour au lendemain et on manque de candidats nous dit-on. Le DASEN dédouane ainsi le gouvernement de toute responsabilité, alors que le budget 2021 prévoit encore 1800 suppressions de postes (avec 29000 élèves de plus) !
Les enseignant.e.s continuent de s’adapter, mais la colère et la fatigue ont tendance à remplacer la joie face à la gestion quotidienne de leurs cours tout en respectant et faisant respecter un protocole sanitaire évoluant dans un avenir qui reste à redouter. Pour la joie, on repassera. En attendant, le DASEN est preneur de toute proposition visant à faire face plus efficacement. Si le cœur vous en dit…
Et sinon, quelques informations monsieur le DASEN ?
Postes non pourvus
On aurait presque oublié l’ordre du jour dans cette passionnante discussion autour des protocoles sanitaires. Alors oui, il y avait bien de nombreux BMP et des postes non pourvus à la rentrée dans notre département. 3 semaines après, il manque encore des enseignants (Le Teil, Aubenas…). Selon le DASEN, c’est la faute au covid. Les difficultés de l’administration ne sont pas dues au manque de personnel, mais aux nouvelles règles relatives aux arrêts maladies qui ont fait prendre du retard dans la gestions des affectations des remplaçants. Ah ? La rentrée n’était pas prête finalement ?
Les effectifs
Le DASEN est content : encore une fois les prévisions se sont révélés fiables et donnent au département une situation plutôt « favorable ». La baisse des effectifs prévue s’est réalisée tant dans le public que le privé est concentrée sur le niveau 6e. C’est pourtant 118 élèves de moins sur les 155 prévus, ce qui se traduit par exemple par des effectifs de 6e à 29/30 au collège Charles de Gaulle à Guilherand Granges ! Selon le DASEN, la baisse démographique des dernières années évolue et commence à impacter le collège. Cela ne présage pas un avenir favorable au maintien des postes des professeurs en Ardèche : vigilance rouge sur les suppressions de postes ! Quelques ajustement ont été nécessaire cependant avec 1 ouverture de division en 6e à Annonay et à La Voulte.
Continuité pédagogique
Face à l’augmentation sensible des absences (profs et élèves), une partie des parents réclament une « continuité pédagogique ». En réponse à notre interpellation, le DASEN précise que la situation n’est pas celle du confinement. Il n’est donc pas question de cumuler cours en présentiel et cours à distance. La gestion des absences doit être celle qui prévaut en temps normal.
Sorties scolaires
Le DASEN ne souhaite pas les interdire, elles relèvent de la responsabilité des chefs d’établissements. Pour les voyages, c’est la même réponse, mais il a clairement émis des réserves sur la faisabilité (évolution prévisible des restrictions, délais de 18 mois pour obtenir des remboursements des voyagistes…). Comme sur les autres sujets, pas de cadrage précis, la réponse est renvoyée au local (et aux chefs d’établissements).
AESH
En réponse à nos questions sur la (non) couverture des besoins en AESH, le DASEN l’attribue à une forte hausse des notifications (qui passeraient de 2000 à 3000) - l’Ardèche constituerait un cas à part : du fait d’un report des notifications sur cette rentrée (la MDPH avait pris du retard l’an dernier). Le discours du DASEN est inquiétant. Selon lui, il y aurait un sérieux problème, dû au fait que les enseignants prescriraient trop facilement des bilans ortho et monteraient trop de dossiers de demande de prise en charge ; dossiers que la MDPH validerait trop facilement… Ce discours visant à invisibiliser le handicap et en faire porter la charge sur les seuls enseignants (sommés de différencier toujours plus) est inacceptable et doit être dénoncé. Attention aux pressions éventuelles des chefs d’établissements dans ce sens.
Ce sont avant tout les AESH qui essuieront les plâtres de cette augmentation. C’est à elles qu’on demandera encore plus de flexibilité (étant donné que les heures d’accompagnement seront toujours moins en adéquation avec les besoins des élèves), c’est à elles encore qu’il reviendra de s’organiser pour assurer le suivi le moins pénalisant possible des élèves à besoins particuliers.
Les représentant.e.s des personnels SNES-FSU ont alerté M. le DASEN sur la situation des manques de personnels AESH sur le lycée Gimond notamment – mais en vain. Pour les 72 heures de notifications que compte l’établissement, les deux AESH ne peuvent que pourvoir à 36h. Pourtant c’est à peine du bout des lèvres que M. le DASEN reconnaît qu’il existe un manque. Heureusement qu’on ne compte plus en heures depuis la création de PIAL qui ‘permettent la mutualisation’.
Et puis l’administration pointe aussi le fait qu’il n’est pas simple de recruter. Le SNES-FSU rappelle que revaloriser les salaires et professionnaliser les AESH serait un premier pas pour rendre cet accompagnement (pourtant essentiel pour nos élèves) attractif.
ULIS
L’ouverture d’une ULIS au collège Roqua (Aubenas) décidée en juin permet certes de réduire la tension sur celles du collège de Jastres (Aubenas) et de G. Gouy àVals-les-bains dans le contexte que nous présentons plus haut mais cette création précipitée laisse à désirer.
D’abord parce que l’établissement connaît depuis trois ans une hausse des effectifs (+100 élèves environ) accompagnée uniquement par l’octroi généreux d’un quart de poste d’AED… Les représentant.e.s du SNES-FSU ont relayé la demande des collègues d’être mieux accompagné.e.s dans cette évolution.
Aussi parce que, l’ouverture s’étant décidée en juin, aucun budget spécifique n’a pu être fléché – c’est donc sur les moyens propres de l’établissement qu’elle fonctionne. le DASEN n’a pas proposé de réponse sur ce point ; il faudra attendre le budget 2021.
Enfin parce que cette création n’a été réalisé que sur la base d’un demi-poste de coordonnatrice d’ULIS et sans formation pour les enseignant.e.s qui reçoivent les élèves à besoins particuliers en inclusion. M. le DASEN ‘en prend bonne note’ et en touche botte.
Par conséquent, les élèves qui ne peuvent être inclu.e.s l’après-midi, rentrent chez eux. Comment se satisfaire de cette situation ? Les représentant.e.s des personnels SNES-FSU ont tiré la sonnette d’alarme et rappelé que les services de l’éducation Nationale doivent donner aux personnels les moyens de mener à bien la politique d’inclusion et que « chaque élève doit disposer de l’accompagnement auquel il a droit » – pour citer M. le DASEN. Force est de constater que les moyens sont loin d’être à la hauteur des ambition.
Le SNES-FSU rappelle que l’inclusion ne s’impose pas, elle se construit et que si les élèves à besoins particulier sont inclus dans les classes et que si le coordonnateur d’ULIS n’a pas à assurer la majorité des enseignements – comme l’a précisé M. le DASEN – alors il faudra développer une véritable politique qui puisse permettre à ces dispositifs de tenir sur le long terme et inclure aussi les effectifs d’ULIS dans ceux des classes.