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Et si la crise actuelle servait de laboratoire (voire de catalyseur) à la modernisation du système éducatif ? Voilà une hypothèse qui n’a pas échappé au ministre de l’éducation nationale et l’analyse que fait le café pédagogique des dernières interventions du ministre ( ici ) démontre bien en quoi l’expérimentation menée en ce moment même préfigure des grandes lignes de la vision ministérielle.
Il est de plus en plus évident que pour Jean-Michel Blanquer le développement de l’enseignement en distanciel via le numérique est un franc succès qu’il convient selon lui d’ encourager encore. Qu’importe que les enseignant.e.s aient dû se former sur le tas à des outils inappropriés et travailler avec leurs outils personnels, qu’importe que la fracture numérique ait encore creusé le gouffre des inégalités d’accès aux connaissances, qu’importe que la charge de travail pour les élèves, parents et enseignants ait quadruplé, pourvu que la classe inversée devienne la norme.
Peut-être monsieur Blanquer voit-il aussi dans la capacité des écoles à ré-ouvrir malgré les contraintes sanitaires et la confusion engendrée par la gestion locale, l’heure de renforcer l’autonomie des établissements ? Qu’importe que la bienveillance et les ambitions pédagogiques soient reléguées au second plan pourvu qu’on puisse accueillir les élèves coûte que coûte. Qu’importe que certaines disciplines comme le sport, la musique ou les arts plastiques soient renvoyées au péri-scolaire et que les enseignant.e.s fassent de l’accompagnement plutôt que de la transmission de connaissance pourvu que tous les élèves soient en classe au premier juin.
Pour répondre à l’urgence de la gestion de crise sanitaire puis à l’urgence de la ré-ouverture des écoles imposée à l’encontre des préconisations scientifiques, les équipes éducatives ont dû parer au plus pressé et au moins pire. Hélas, cette conscience du devoir se fait bien souvent au détriment du projet d’école que nous portons.
Certes il faudra chercher l’équilibre entre travail en présentiel et en distanciel sans céder à la double charge, certes il faudra concilier éthique et pragmatisme, mais il faudra surtout rappeler que ce que nous faisons actuellement revêt un caractère purement exceptionnel, mais surtout temporaire.
S’il faut d’ores et déjà lutter pour que la reprise ne se fasse pas à n’importe quel prix, il faut aussi se préparer à devoir lutter pour faire vivre et promouvoir le projet éducatif du SNES-FSU.