22 janvier 2024

Sections départementales

Compte-rendu du CSA-SD de l’Ardèche du 19/01/2024

Le CSA-SD s’est tenu vendredi 19/01 pour préparer la rentrée 2024 et évoquer quelques points d’actualité locale : compte-rendu de 3h de réunion avec le Dasen dans une ambiance tendue.

Rentrée 2024, une catastrophe annoncée

Pour la rentrée 2024, l’Ardèche va perdre 7 divisions (pour environ 200 élèves prévus en moins) et 160 HP, soit l’équivalent de 9 ETP. Le ration HP/HSA se dégrade partout pour atteindre près de 8% d’HSA en moyenne dans les DG.

Sans surprise, le Dasen demande aux chef-fes de mettre en œuvre les annonces ministérielles concernant les groupes de niveaux avec 3 groupes différents sur la totalité des horaires de maths et de français en 6e et en 5e, dont au moins un par collège avec 15 élèves maximum pour les plus fragiles, les autres joueront dans des catégories « no limit » ! (Le Dasen confirme qu’il y aura « possiblement » des groupes à 30,… Si ce n’est plus en fonction des effectifs de nos classes…)

La détermination des groupes se ferait sur la base des évaluations nationales et de la liaison école-collège pour les futurs 6e. Il ne faudra pas se rater car, pour le Dasen, ces groupes seront fixés pour l’année, s’il y a des changements de groupes ce ne pourra être qu’à la marge.

La répartition des moyens est calculée sur la base de la catégorisation des collèges en plusieurs groupes selon leur IPS :
 Groupe A, avec un repère à 25 élèves/division (E/D) en REP (Les Perrières et Bourg Saint Andéol) et 27 E/D pour les CLA (Jastres et Largentière) 
 Groupe B, avec un repère à 28 E/D (presque tous les collèges du département)
 Groupe C, avec un repère à 30 E/D (Guilherand et St Peray).
Les collèges du groupe A et quelques-uns du groupe B (dont on n’aura pas la liste) sont censés avoir une marge améliorée, au détriment des autres qui voient leur marge fondre car leurs besoins sont estimés moindre.

La mise en place des groupes n’est pas financée autrement que par quelques HS et par la suppression de l’heure de soutien/renforcement en maths et en français en 6e. (M. Aumage annonce qu’il a prévu un complément de dotation mais précise d’ores et déjà qu’il sera insuffisant pour couvrir tous les besoins des établissements). L’horaire de 6e passera donc à 25h de cours, la DG est calculée sur la base de 28h/division pour ce niveau (25h + 3h de marge), 29h (26h + 3h de marge) pour les autres niveaux. Les 3h de marge risquent d’être intégralement consommées par la mise en place des groupes de niveaux.
La tendance globale va donc être, si nous ne parvenons à bloquer la mise en place de ce processus, un assèchement de tous les dispositifs encore existants (AP, groupes réduits en LV, sciences…) pour financer le tri des élèves. L’invitation à utiliser les moyens anciennement attribués à l’AP, a déjà été faite directement au niveau aux chefs d’établissement. Les quelques moyens restants seront donc utilisés contre l’intérêt même des élèves...
Bien entendu, il restera possible de faire tout (et n’importe quoi) dans le cadre du Pacte ! Le Dasen espère bien développer les interventions des collègues du 1er degré (pour devoirs faits, de la co-intervention, …).

C’est un changement profond et brutal qui, s’il est mis en œuvre, va considérablement dégrader les conditions de travail et d’enseignements, tout en remettant en cause le principe d’éducation commune jusqu’en 3e. Nous avons soulevé quelques-uns des graves problèmes qui vont se poser pour mettre cette organisation en place (liste non exhaustive) :
• Difficultés (sinon impossibilité) à mettre en barrettes plus du tiers de l’EDT des élèves, la totalité de celui des collègues de maths et de français ; forte dégradation des EDT (lundi 8h – vendredi 17h au collège ?).
• Risque de devoir constituer des classes de niveau pour limiter la contrainte sur les EDT.
• Probabilité de devoir surcharger à l’extrême les groupes intermédiaires pour assurer le(s) groupe(s) à 15, au risque d’entrainer le décrochage des élèves plus ou moins fragiles qui s’y trouveront.
• Dégradation de la capacité de suivi des élèves, avec la disparition du groupe classe en maths/français ; difficultés pour ces derniers à rester profs principaux ; difficultés pour le fonctionnement des conseils de classe.
• Mise en péril de nombreux projets.
• Manque d’enseignants en maths et en français et risque de multiplication des services partagés.
• Effets désastreux sur l’estime de soi des élèves assignés au groupe des « faibles » et risque de dégradation du climat scolaire.
Sur l’ensemble de ces problèmes, le Dasen n’apporte aucune réponse.

Le SNES/SNEP-FSU appelle les collègues à s’opposer en conseil d’administration à toute répartition de moyens disciplinaires qui ne serait pas conforme aux horaires réglementaires. Aucun nouveau texte officiel n’est paru sur la structure du collège, il convient donc de s’en tenir aux textes en vigueur et refuser le siphonnage des parts libres des DG pour financer des dispositifs que nous désapprouvons et qui n’existent pas en droit.

Le Dasen s’attaque au droit à la formation syndicale

La formation syndicale est un droit. Elle permet a chacun de s’absenter jusqu’à 12 journées par an pour apprendre le fonctionnement du CA, des DHG ou encore réfléchir plus globalement sur notre profession et nos droits. Le DASEN de l’Ardèche s’est attaqué directement à ce droit en refusant la participation de plusieurs collègues à un stage SNES FSU le 18 janvier. Il justifie ces refus par la nécessité du service (ce qui est inédit dans l’académie pour le 2d degré) et demande maintenant à chaque chef d’établissement de donner un avis préalable a l’acceptation de l’autorisation d’absence. Les représentant-es du SNES-FSU ont prévenu l’Inspecteur d’Académie qu’ils ne se laisseraient pas faire… Le combat commence.

Vidéosurveillance, déni de démocratie

Depuis 2 ans, la majorité départementale s’est fait une priorité d’installer des dispositifs de vidéo-surveillance des abords des collèges. Sollicités pour valider l’utilisation de ces dispositifs (c’est obligatoire), les Conseils d’Administration sont saisis (souvent a posteriori) sur la question. Las, certains ont voté contre, ce qui contrarie fortement nos élus… Le Dasen, qui outrepasse ici son rôle en endossant la politique tout-sécuritaire du Département, impose donc aux chef-fes des établissements récalcitrants de remettre la question au vote lors des prochains CA (le collège de Ventadour va devoir ainsi voter pour la 3e fois en 2 ans !). C’est un déni de démocratie et un mépris pour les représentants élus aux CA. Le Dasen va jusqu’à prétendre que si les collègues continuent à s’opposer aux caméras, ils seraient responsables en cas « d’évènements dramatiques » ! Nous lui avons rappelé que les innombrables caméras de Nice (ville la plus vidéo-surveillée de France) n’avait pourtant rien vu ni empêché de la préparation de l’attentat du 14 dernier 2016 !
Pour autant, M. Aumage assume sa position de mettre de la vidéo- « protection » dans tous les EPLE, s’appuyant sur « le contexte actuel » tout en reconnaissant qu’il a « imposé du matériel avant de demander aux équipes ». Mais il se justifie en disant que « cela fait 2 ans et que l’on pourrait peut-être passer à autre chose »… Preuve de la mise à mal du fonctionnement démocratique de nos établissements.
Nous demandons plus de moyens humains ainsi que de laisser la liberté aux équipes de faire un réel choix en CA de façon démocratique et sans pression aucune.

Uniforme et SNU, marche au pas

Il en va de l’uniforme comme des caméras. A la suite de Laurent Wauquiez pour la région, le Département de l’Ardèche s’est précipité pour se porter volontaire pour le nouvel avatar de la politique réactionnaire du moment. Au moins 3 collèges (Vernoux, Guilherand et Largentière) et 1 lycée (Largentière) ont été « portés volontaires » pour expérimenter l’uniforme. Las, échaudé par le vote CONTRE des élus au CA de Vernoux en début de semaine, le Dasen refuse de nous communiquer la moindre information concernant « l’expérimentation » (il doit craindre notre capacité à torpiller le projet…). Il va même jusqu’à affirmer que les élèves élus au CA de Vernoux ont été manipulés ! Les intéressés apprécieront…
Quant au SNU (ce truc hybride entre colonie de vacances et camp paramilitaire), la propagande se déploie dans les lycées pour convaincre les élèves de seconde d’y participer. Le lycée Vincent D’Indy est propulsé « lycée engagé » avec une « classe défense » vouée à ouvrir la voie d’un partenariat école-armée-SNU. Par rapport à l’an dernier, le nombre de volontaires risque d’augmenter car il offrira une alternative à tous les élèves qui n’auront pas trouvé de stage en milieu professionnel (15 jours sont désormais imposés dans le 2e quinzaine du mois de juin). Au risque de multiplier les sérieux dysfonctionnements qui ont eu lieu en Ardèche l’an dernier ?

Pour celles et ceux qui opteront pour les stages, on nous explique que le suivi des élèves sera difficile du fait de la non disponibilité des professeurs en période de Bac (étonnant non…) et donc, que les entreprises elles même assureront l’évaluation des élèves !

Orientation, la confusion

Du fait du nombre exceptionnellement important d’élèves ardéchois sans affectation en voie professionnelle à l’issue du 1er tour d’Affelnet l’an dernier, nous avons cherché à savoir si des mesures sont envisagées pour y remédier (adaptation de la carte des formations, accompagnement renforcé…). La réponse ne nous a pas convaincus : cette situation serait due à deux facteurs : de fortes tensions sur la voie professionnelle mettant les élèves en concurrence ainsi qu’une augmentation des effectifs. Le responsable départemental de l’orientation invoque « l’après covid » qui aurait rendu les familles « moins ambitieuses » et expliquerait l’augmentation du succès de la voie professionnelle, notamment vers le CAP (par rapport aux autres départements) mais non, rien n’est prévu pour répondre, si ce n’est des conseils plus avisés de notre part pour encourager nos élèves à viser plus haut, même si on les envoie au casse-pipe, il faut leur faire croire qu’ils seront accompagnés (sans moyens supplémentaires, avec la nouvelle classe « prépa-lycée » pour ceux qui n’auront pas décroché le DNB, à la rentrée 2025).

Elèves allophones

Comme l’an dernier, les moyens seront attribués plus tard par le CASNAV au niveau académique donc 0 info pour l’instant. N’hésitez pas à nous faire remonter les besoins et les dysfonctionnements constatés.

Sur la question du « dernier mot aux parents », il nous précise qu’aucune décision n’a été prise à l’heure actuelle. Il n’a pas précisé quand cela serait fait, ce qui ne nous éclaire pas davantage sur cette question pourtant sensible.