19 mars 2020

Sections départementales

Déclaration liminaire de la FSU

au CTSD du 19/03/2020.

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"Vous pouvez compter sur nous, l’inverse reste à prouver"

C’est en ces termes que le président de la république s’est fait interpeller par François Salachas, neurologue membre du collectif inter-hôpitaux, lors de sa visite à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière après le premier décès lié au Coronavirus en France. Ce qu’il énonce en peu de mots est aussi vrai pour l’ensemble des services publics qu’il l’est pour l’hôpital.

Notre ministre, Jean-Michel Blanquer, a soudain recouvré toute la confiance qu’il avait en la profession et chaque jour montre à quel point vous pouvez compter sur nous. Quant à l’inverse, rien n’a encore été prouvé.

Si les plateformes numériques n’ont pas tenu le choc lundi , c’est aussi parce que les enseignant.e.s ont voulu dès le premier jour de « continuité pédagogique » s’investir au mieux pour leurs élèves. Ces plantages en série montrent aussi que la réalité est très éloignée des annonces de notre ministre pour qui tout est prêt.

La FSU tient à réaffirmer que la continuité pédagogique ne peut pas se substituer au cours en présentiel.

Un cours en présentiel est construit autour d’interactions avec les élèves. Il ne s’agit pas d’une simple transmission mécanique de connaissances factuelles. Il ne faut pas se leurrer, ni leurrer les familles. L’idée de la continuité pédagogique vise essentiellement à maintenir les élèves dans une ambiance de travail, par une activité régulière. Il ne s’agit pas de s’engager dans des modalités d’apprentissage inaccessibles, qui créeraient des situations anxiogènes pour les enseignants comme pour les élèves et les familles et encore moins de renforcer les inégalités voire d’en créer de nouvelles.

De plus la FSU s’inquiète du recours à des applications numériques privées qui ne sont pas encadrées par l’Éducation Nationale. En effet, tout service qui expose les élèves à une quelconque captation de données par une entreprise ou une association privée, a fortiori sans l’accord écrit des représentants légaux, est à proscrire. Depuis l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) la gestion des données personnelles est soumise à un cadre très strict . Or nous ignorons ce que ces entreprises - qui poursuivent immanquablement un objectif commercial - font de ces données.

Pour la FSU il est évident que c’est à l’Administration de s’exprimer sur ce sujet en rappelant un code de bonnes pratiques numériques, et de fournir aux personnels des outils efficients, sûrs et validés par l’Éducation Nationale.

À l’heure où l’on exige des personnels un surcroît d’effort et d’initiative pour faire face à cette crise majeure, la dégradation des conditions de travail dans les services publics se poursuit, ce CTSD sur les postes de collège ne faisant pas exception. Comment ne pas s’indigner des 14 suppressions de postes dans le département de l’Ardèche ?

On ne peut que constater la dégradation inévitable que la suppression de 14 postes engendrera auprès des élèves mais également auprès des enseignants. De manière globale l’administration argumentera certainement de sa bonne fois en ne supprimant pas totalement les 14 postes engendrées mécaniquement par la perte sèche de 252 heures sur la dotation puisque de fait il y a deux créations, deux créations qui n’en sont pas vraiment, puisqu’une création en Lettres Modernes compense la suppression d’un départ de PEGC à la retraite, et que la création d’un poste ULIS se fait au détriment d’un poste de PE.

- 3 postes de Lettres Modernes et un de Lettres Classiques sont supprimés à la rentrée. Dont au moins deux suppressions n’ont pas été en votées en Conseil d’Administration. On voit dans ces suppressions le résultat mathématique de l’imposition d’une deuxième heure supplémentaire : les équipes de Lettres Modernes sont les plus nombreuses dans les collèges, puisque c’est là que le nombre d’heures disciplinaires est le plus important. N’étant plus possible de baisser encore les horaires disciplinaires sans heurter l’opinion publique, on agit indirectement : dans une équipe de sept enseignants, on peut imposer 14 HSA à l’équipe, on propose en Conseil d’Administration que le collègue parte en complément de service, puis finalement on ferme le poste.

La réforme du collège avait déjà réussi à faire fermer des postes en Lettres Modernes, maintenant c’est la deuxième heure supplémentaire qui le fait. On peut s’arrêter sur le cas des Perrières : entre la rentrée 2017 et la rentrée 2020 on constate un différentiel de 39 élèves : il y a seulement 39 élèves de moins, soit une classe et demi, et pourtant entre ces deux dates deux postes de Lettres Modernes ont été fermés. Il y a deux enseignants en moins pour accueillir un nombre d’élève sensiblement identique.

Dans les autres disciplines le phénomène est moins visible du fait du nombre moindre d’enseignants par équipe : néanmoins les postes ferment, et surtout les compléments de services se multiplient.

Croit-on sincèrement au ministère qu’on fait le même travail lorsqu’on est sept ou cinq dans une équipe ? Croit-on sincèrement au ministère que cela n’a aucune incidence sur les conditions de travail d’enseigner sur deux ou trois établissements ? Croit-on sincèrement au ministère que la profession ne se rend pas compte qu’on cherche à toute force à accroître leur productivité dans le plus vaste plan social que l’Éducation Nationale ait jamais connu.

Alors oui "Vous pouvez compter sur nous, l’inverse reste à prouver"