Sur la situation sanitaire : on ne change pas une stratégie qui perd.
La situation sanitaire nationale se dégrade depuis plusieurs semaines. Si le taux d’incidence en Ardèche est redescendu ces dernières semaines, on peut craindre que la courbe ne s’inverse à nouveau rapidement sous la pression des variants, dont on apprend qu’en plus d’être plus contagieux, ils sont aussi plus mortels.
Dans ce contexte, le renforcement du protocole relève davantage de l’affichage et soulève de nombreuses incohérences qui tendent à renvoyer la responsabilité des contaminations sur les personnels et les familles. Par exemple, la plupart des collèges qui avaient déjà depuis l’automne échelonné les repas au maximum pour limiter le nombre d’élèves au self, ne peuvent pas aller au-delà ni pousser les murs ; ils ne sont donc pas en mesure d’appliquer strictement la nouvelle distanciation de deux mètres. Il en va de même pour l’obligation pour les élèves de porter des masques de catégorie 1. Les établissements ne semblent pas pouvoir vérifier efficacement et encore moins, le cas échéant, contraindre les familles. Enfin, dans le même ordre d’idée, les mesures censées limiter le brassage des élèves sont à géométrie très variable d’un établissement à l’autre et sont souvent incohérentes entre elles (pour ne citer qu’un exemple, les élèves peuvent être affectés à une salle de cours, mais mélangés en étude).
Contrairement à ce que le ministre a affirmé pendant près d’un an, il est désormais établi avec certitude que les enfants et surtout les adolescents sont des vecteurs de transmission au même titre que les adultes. Comment interpréter alors la limitation du nombre d’adultes à 6 personnes lors des réunions (les conseils de classe par exemple, qui dépassent rarement 15 personnes), alors que dans les mêmes salles pouvaient se tenir 30 élèves l’heure précédente ?
Ces incohérences sont génératrices de tensions au sein des personnels et avec les équipes de direction. Elles donnent en outre l’impression que l’administration se dédouane à bon compte de ses responsabilités dans la gestion de la crise.
A l’inverse, les mesures qui semblent nécessaires pour freiner l’épidémie et protéger les personnels paraissent n’être mises en place qu’au compte-goutte (ex. les tests), ou repoussées (ex.la vaccination des personnels), ou tout simplement ignorées (ex. le contrôle de la ventilation à l’aide de capteur de CO2 et de
purificateurs d’air). Nous avons donc de nombreuses questions sur le sujet.
Sur la baisse des moyens dans le second degré : le complément de service en passe de devenir la norme ?
Comme si la pandémie ne révélait pas de manière toujours plus criante les besoins urgents de recrutement dans l’EN, comme si la rentrée prochaine ne nécessitait pas la réduction des effectifs par classe pour pallier à deux années de scolarité empoisonnées par la Covid, comme si le glissement des postes du second vers le premier degré constituait une réponse suffisante aux enjeux de la situation
actuelle, la casse continue avec 1883 suppressions de postes au niveau national.
A la rentrée 2021 en Ardèche, après les suppressions de postes des années précédents, ce sont encore 7 postes qui disparaissent (si l’on excepte les dispositifs ULIS et les SEGPA), avec une proportion toujours plus importante d’heures supplémentaires. Nous nous interrogeons également sur une conséquence probable, mais moins visible dans les documents fournis : l’augmentation du nombre de compléments de service dans un département qui ne s’y prête pourtant pas compte-tenu de sa
géographie. Il n’est plus à démontrer que la multiplication des compléments de service nuit à l’investissement des personnels dans les établissements, donc à appauvrir la qualité des enseignements dispensés aux élèves et à faire perdre le sens de notre engagement.
La rentrée 2020 a donné un aperçu des aberrations auxquelles pouvaient conduire l’accumulation de BMP et de services partagés. De nombreux enseignants en service partagé se sont retrouvés contraints d’accepter des heures supplémentaires dans leur établissement d’origine en raison de BMP non-pourvus. Cette politique du complément de service s’apparente donc de plus en plus à une stratégie de mutualisation des manques alors que le recours au complément de service devrait n’être qu’exceptionnel.
La suppression massive d’heures postes pour la rentrée 2021 (mal compensée en HSA qui ne parviennent pas à être absorbées en totalité) ne pourra qu’entraîner une multiplication de ces situations.