Notre compte-rendu de ce CTSD est en ligne et peut être consulté en suivant ce lien.
Situation Sanitaire - l’enfumage continue
Avant d’entrer dans le cœur du sujet du CTSD, la FSU tient à faire un point sur la situation générale dans l’Éducation. Alors que selon le ministre de la santé la probabilité d’un reconfinement est de plus en plus forte, l’annonce d’un énième renforcement d’un protocole par M. Blanquer relève de l’enfumage. La seule mesure qui modifie l’organisation actuelle est l’interdiction de la pratique de l’EPS en intérieur, qui après le 2S2C de l’an dernier, plonge la profession dans une profonde colère, en les ciblant comme potentiel responsables de la circulation du virus dans les établissements, et méprisant au passage le travail pédagogique mené avec les élèves : pas de prise en compte des cycles d’enseignement et des évaluations programmées. Une nouvelle fois, l’adaptabilité des professeurs d’EPS est mise à contribution, avec une nouvelle réorganisation au pied levé des activités à enseigner, et ce sans réelle connaissance des problématiques de terrain liés aux pratiques extérieures (conditions climatiques, installations). Pour le reste, rien ne change dans les établissements. L’organisation au self est maintenue en l’état et le passage à un enseignement « hybride » évoqué pour les niveaux 3e et 4e « au cas par cas » et de « manière exceptionnelle » ne concerne à notre connaissance aucun collège du département.
Dans les lycées, en Ardèche comme ailleurs, les organisations sont très différentes d’un établissement à un autre : certains lycées sont restés ou reviennent à 100 % présentiel tandis que d’autres maintiennent des organisations « hybrides » en classes complètes alternées ou en demi-groupes, créant une rupture d’égalité entre les élèves et les établissements. En décidant le remplacement des épreuves de spécialités du baccalauréat – qui étaient de fait intenables dans la situation actuelle – par le contrôle continu, le ministre conforte ces inégalités en renvoyant l’évaluation au local. Une autre solution était possible avec le report des épreuves au mois de juin, mais cette modalité ressemblait sans doute trop à l’ancien Bac que M. Blanquer s’échine à faire disparaître !
Au final, après une 2e vague plus meurtrière que la première et bien que la circulation de nouveaux variants plus contagieux laissent présager une 3e vague encore plus dangereuse, le protocole n’a rien de renforcé. Quoiqu’en disent les chiffres publiés par le ministère, toujours contredits par ceux de Santé publique France et auxquels personne ne croit plus, le virus circule toujours dans les établissements scolaires. La FSU continue de réclamer des mesures à même de protéger les personnels, les élèves et les familles et d’éviter un confinement total avec fermeture des écoles : des effectifs réduits en demi-groupes alternés avec aménagements des programmes – organisation qui permettrait par ailleurs aux professeurs d’EPS de pouvoir reprendre les activités en intérieur – de réelles mesures d’aération des salles et des restaurants scolaires (avec par exemple des capteurs de CO2 pour mesurer le taux de renouvellement de l’air et des purificateurs d’air lorsque la ventilation n’est pas suffisante) et un renforcement des moyens en vie scolaire et en personnels d’entretien pour faire face à l’augmentation de leur charge de travail liée au protocole.
Rentrée 2021 - plan social en cours !
C’est dans ce contexte de crise profonde, alors que les difficultés des élèves se sont fortement accrues avec les effets du confinement et d’une scolarité perlée par les absences ou le distanciel, que le gouvernement a fait le choix de poursuivre la réduction des moyens accordés au service public d’éducation. Pour la rentrée 2021, 43500 élèves supplémentaires sont attendus dans le second degré et, pour les accueillir, le ministère prévoit... 1883 postes en moins (on arrive à près de 8000 depuis le début du quinquennat, un véritable plan social) ! Aucune création de poste de CPE,de PsyEN, ou de personnel de santé n’est prévue au moment où leur présence dans les établissements est rendue encore plus nécessaire, tant pour les élèves que pour les équipes ! Où est la logique ? Sinon celle du mépris des élèves et des personnels du service public, celle des « économies de bouts de chandelle » qui a si bien prévalu dans la fonction publique hospitalière et qui va, au final, coûter fort cher à la société française !
Annoncer, comme il est écrit en 1re page du document préparatoire, que le second degré bénéficie d’un renforcement car les postes supprimés sont compensés par un nombre HSA légèrement supérieur est choquant. Le taux d’HSA, qui ne cesse d’augmenter depuis des années (il est désormais de 7,41 % dans les collèges ardéchois, 8,1 % si l’on inclus les IMP) contribue à dégrader les conditions de travail et le taux d’encadrement. Même lorsqu’elles deviennent le seul moyen d’obtenir des groupes réduits en langues, en sciences, en mathématiques…, même lorsqu’elles apparaissent comme une (maigre) compensation du décrochage salarial consécutif au gel du point d’indice en l’absence d’une réelle revalorisation des salaires (à la différence de l’encadrement, 70 % des professeur.e.s ne sont pas concerné.e.s par la revalorisation « historique » de M. Blanquer), les équipes ne parviennent plus à les absorber en totalité. La pression accrue des chefs d’établissement pour les faire rentrer, souvent au forceps, dans les répartitions ne suffit pas : une partie n’est pas utilisée (en 2019, seulement 1/3 des HS budgétées a été consommé). Et que dire de la diminution du recrutement des enseignants, qui voient aujourd’hui un nombre de classes se retrouver sans enseignant, y compris remplaçants TZR ou contractuels !
Alors non, M. l’Inspecteur, ce n’est pas un renforcement du second degré, c’est une charge de travail supplémentaire qui va peser sur les personnels. Les académies se voient bien privées de personnels titulaires et de capacités de recruter des contractuels.
Dans l’académie, cette politique se traduit par la suppression de 160 postes (81,5 en collège) pour 1115 élèves en plus. Avec une dotation globalement maintenue par rapport au nombre d’élève, l’Ardèche semble faire exception parmi les départements de l’académie. Des points d’inquiétudes existent cependant. Les effectifs s’annoncent très chargés dans certains établissements, avec parfois 30 élèves par division. Ailleurs, la dotation ne semble pas répondre à l’évolution des effectifs. Nous nous interrogeons également sur la façon dont les caractéristiques socio-professionnelles du public des collèges sont prises en compte dans l’attribution des moyens. Le nombre d’élèves/division au collège de La Voulte apparaît ainsi bien élevé, à un niveau proche de celui des collèges au public plus favorisé. Enfin, les effectifs prévisionnels s’annoncent parfois nettement en deçà des prévisions faites par les établissements, ce qui laisse craindre des moyens insuffisants à la rentrée, d’autant plus que la marge d’ajustement est extrêmement réduite. On peut souligner à ce sujet que si l’écart entre les prévisions et les effectifs réels a été minime à l’échelle du département ces dernières années, la moyenne peut cependant masquer des surprises dans quelques établissements. Il serait à cet égard utile de pouvoir comparer avec les prévisions avec les effectifs de rentrée pour chaque établissement (Le Pouzin).
Inclusion : toujours plus nébuleux...
Par ailleurs, l’inclusion se veut désormais la règle. Nous n’avons nullement l’intention de dénoncer ce principe, mais nous craignons la forme de sa mise en place car, dans un contexte d’économie des moyens, les conséquences pour les élèves comme pour les personnels peuvent être désastreuses. Avec la globalisation des DG collèges / segpa, il est maintenant plus difficile de comprendre quelle répartition est sous-entendue, difficile de savoir combien de divisions sont prévues en Segpa. Treize élèves de plus prévus aux Perrières mais aucune création ? Une classe serait supprimée à La Voulte malgré des effectifs identiques ? Les sixièmes seraient désormais totalement inclus car ces élèves ne seraient qu’en pré-orientation car encore dépendants du cycle 3, quelles conséquences sur le terrain ? Pour les autres niveaux ? La question du comptage des ULIS, considérés désormais comme des dispositifs n’ayant pas vocation à scolariser les élèves reste entière. Néanmoins quelles seraient les conséquences dans le premier degré par exemple sur le nombre de classes et les décharges de direction ?
L’urgence est aujourd’hui celle d’une autre politique éducative en faveur de la réussite de tous les jeunes et de réparer les dégâts infligés à l’École depuis trois ans, de renouer avec la création de postes dans tous les métiers et de revaloriser les carrières et les rémunérations de tous les personnels de l’Éducation. C’est pour ces raisons que la FSU, avec une large intersyndicale, appelle l’ensemble des personnels à une journée de grève demain 26 janvier.