Cet article n'est probablement plus d'actualité
L’envers des images
“À l’Éducation nationale, nous sommes un peuple de colibris. Pas du tout un mammouth. Vous connaissez certainement la métaphore du colibri. Seul, on est impuissant, mais si chaque colibri transporte une goutte d’eau, alors l’incendie sera éteint”
Si c’est l’emploi de l’image fleurie du colibri de Pierre Rabhi qui a retenu l’attention de la presse et animé les réseaux sociaux après la conférence de rentrée de notre Ministre, il semble qu’il faille aussi s’arrêter sur le fond du discours et la seconde partie de la phrase – surtout si il y a le feu.
N’est-ce pas la politique d’austérité en dépit de la hausse des effectifs élèves couplée à une volonté de réformer dans l’urgence qui est à l’origine de l’incendie ? Même si Blanquer s’en défend, il a jusqu’à présent assumé la fonction du « dégraisseur de mammouth » en supprimant des postes et en imposant ses réformes dans une posture inflexible, voire réactionnaire. Ainsi, le pyromane est au Ministère mais ce sont bien les élèves qui voient leurs conditions d’apprentissages se consumer pendant que les enseignants se retrouvent à jouer les pompiers volontaires.
Bien au-delà de l’anecdote imagée, c’est bien l’affirmation de la doctrine néo-libérale qui se dissémine dans le discours, puisque le corps enseignant ("un mammouth") est ici scindé en une accumulation d’individualités ("chaque colibri"). Ainsi le gouvernement pyromane prévient : que chacun apporte son seau d’eau et ne s’attende pas à voir voler un Canadair à la rescousse. Chacun pour soi !