30 janvier 2020

Sections départementales

CDEN du 28 Janvier 2020

Déclaration Liminaire de la FSU au CDEN du 28 janvier

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Malgré la pénurie croissante de moyens, la rentrée 2020 se prépare tambour battant. Malgré l’épuisement des personnels administratifs, les cris d’alarme des personnels, l’angoisse des élèves et la colère des parents, la réforme du lycée est menée à marche forcée avec ses E3C en étendard de l’absurdité. Malgré les mises en garde des organisations syndicales dont la FSU quand à l’inanité des évaluations de CP et de CE1, voire de 6e, le Ministère s’enferre dans une démarche d’évaluation statistique à tout prix, qui ne sert ni les élèves, ni les enseignants. Malgré le rejet massif de la réforme des retraites qui préfigure d’une retraite amputée pour les fonctionnaires.

Malgré tout cela, Jean-Michel Blanquer claironne en CSE que tout se passe techniquement bien et que les problèmes proviennent principalement de quelques enseignants outrepassant le droit de grève .

Il est grand temps que ce déni de réalité ne cesse !

Tout d’abord, la réforme des retraites.

A ceux qui ne comprennent pas la détermination de notre engagement dans le mouvement social, nous souhaitons rappeler que nous sommes des professionnels, attachés à nos métiers, préoccupés par la réussite de tous nos élèves et par la défense de l’égalité des chances. Nous ne souhaitons pas prendre qui que ce soit en otage – comme on peut l’entendre ci ou là – c’est un crève-cœur pour nous de devoir faire tant de jours de grève car les conséquences sur notre travail vont être aussi désastreuses que sur nos finances. En même temps, nous ne pouvons pas laisser détruire sans réagir ce formidable progrès issu du conseil national de la résistance qu’est notre système de retraites par répartition. Il s’agit d’un choix de société : entre solidarité et capitalisation, notre cœur ne balance pas.

Ce projet de réforme des retraites s’annonce comme une dégradation pour les fonctionnaires, et particulièrement pour les femmes, dont les carrières sont en moyenne plus courtes, assorties de salaires plus faibles et de périodes de temps partiels. Le protocole pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes prétend s’attaquer aux inégalités de salaires et de carrières, qui portent préjudice aux femmes. Pourtant, dans le même temps, la réforme de l’action publique envisage une prise en compte accentuée du mérite dont on sait qu’elle va accentuer ces mêmes inégalités.

Notre détermination est renforcée par l’avis sévère donné par le Conseil d’État sur le projet de loi présenté par le Gouvernement. Outre le délai insuffisant laissé pour garantir la sécurité juridique du texte, le Conseil critique l’insuffisance des projections financières réalisées ainsi que le recours aux ordonnances qui ôte toute lisibilité à la réforme.

De plus, le Conseil d’État demande que l’inscription de la revalorisation des enseignants soit retirée du texte parce qu’inconstitutionnelle. Bref, la prétendue garantie donnée aux enseignants par Blanquer et le Gouvernement tombe ! Encore un mensonge dans ce dossier des retraites !

Si nous sommes mobilisées encore à ce jour, c’est que nous ne sommes pas convaincues de l’universalité du projet de réforme des retraites et encore moins du progrès social qu’il apporterait. Et si le gouvernement n’a pas réussi à convaincre, c’est sans doute qu’il manque d’arguments et que les exemples de pays où la mise en place d’une retraite par points aurait fonctionné de manière avantageuse pour la population ne sont pas légion. A priori il n’y a pas besoin de chercher très loin pour voir que les taux de pauvreté en Allemagne comme en Suède explosent.

Réforme du Lycée et E3C.

Puisque nous sommes dans les réformes ineptes et inacceptables, continuons avec celle du lycée et la mise en place des E3C.

La réforme du lycée devait fonder un lycée à la carte qui rendrait les filières obsolètes – et donc qui réduirait l’impact des origines sociales dans les choix d’orientation. En réalité nous assistons plutôt à une manipulation comptable visant à réduire les effectifs enseignants tout en adoptant des programmes scolaires rétrogrades et irréalistes, et nous constatons déjà que le choix des options renforce encore plus les disparités sociales...

Les E3C interrogent quant à leur capacité à former les élèves et de façon la plus égalitaire possible. Où est l’égalité lorsque les sujets diffèrent d’un établissement à l’autre ? Où est l’égalité entre les établissements lorsque les corrections ont lieu en interne et, pour certaines épreuves sans assurance de disposer de grilles d’évaluation avec pour seule perspective une « harmonisation » jouant sur les écarts-types ? Comment préparer convenablement les élèves à une épreuve certificative en un laps de temps aussi court alors que les programmes sont par ailleurs très chargés, que les classes en première générale comptent 32 à 35 élèves ? Quel rapport au savoir l’évaluation induit-elle ? Les enseignements sont transformés en recettes reçues de manière totalement technique en vue d’épreuves aux contours incertains.

Seuls les élèves qui héritent des codes sociaux et des compétences attendues à l’école seront en mesure de réussir. Pour les autres, qui ont besoin que l’école les aide à acquérir ces codes et compétences ne les maîtriseront que trop tard.

Partie évaluations CP-CE1

Côté primaire, nous repartons pour une nouvelle série d’évaluations standardisées imposées aux CP et aux CE1. Ces évaluations dépossèdent les enseignants de leur métier et génèrent du stress pour les Professeurs des Écoles et pour les élèves. Pour les professeurs des écoles, parce qu’ils ne sont plus concepteurs ou conceptrices mais réduits à de simples exécutants et pour les élèves parce que nombre d’entre eux et elles sont placées en situation d’échec dès la rentrée scolaire.

De surcroît, les résultats sont analysés par des logiciels qui disent aux enseignantes comment travailler avec leurs élèves, alors même que leur métier consiste à interpréter les productions de leurs élèves pour adapter leurs enseignements. A la suite, des pseudo-formations sont imposées non pas pour renforcer la professionnalité enseignante mais pour réduire la réflexion à l’examen des résultats de ces tests. Ces formations, au prétexte de répondre aux manquements de nos enseignements, s’emparent de tout l’espace de formation.

Nous constatons des pressions sur nos collègues de la part de leur hiérarchie, pouvant aller parfois jusqu’à des menaces, relatives à la non-passation et la non-remontée des résultats. Le ministère a communiqué les résultats comme étant très satisfaisants. Or, à la lecture attentive des données de la DEPP, il en est tout autrement ! Si quelques résultats positifs sont notés ils se révèlent être de très faible ampleur au vu des moyens déployés. C’est l’ensemble de ce système d’évaluation et ses finalités que nous dénonçons. Système qui génère un pilotage par l’évaluation de l’enseignement et de l’enseignant engendrant ainsi une mise en concurrence des équipes et des écoles. Par conséquent, c’est un resserrement du métier d’enseignante qui s’opère dès la formation sur des savoirs étriqués et des pratiques standardisées. Le « teaching to the test » ne doit pas être le B-A-B-A de l’enseignement. Le fait que l’immense majorité des enseignant.e.s ait fait passer les évaluations standardisées ne doit pas laisser entendre que ceux-ci et celles-ci les soutiennent ou les valident.

Nous dénonçons l’absence de confiance dans la profession enseignante et l’appauvrissement des contenus d’enseignement induit par l’imposition de ces évaluations. Cela dessert particulièrement les enfants les plus éloignés de la culture scolaire et conduira, au final, à une augmentation des inégalités scolaires

Nous, personnels de l’éducation, continuerons à défendre notre idée de la justice sociale et du progrès, pour nous mais aussi pour toute la population. La FSU appelle à la reprise d’un dialogue à l’écoute de la communauté éducative, des personnels et des organisations syndicales.

Compte-rendu syndical du CDEN - 28/01/2020

Le DASEN vous remercie !

En réponse aux déclarations liminaires de la FSU et de la FCPE qui fustigent les E3C, le DASEN se félicite du professionnalisme des enseignant.e.s qui n’ont pas abandonné leurs élèves. Cher.e.s collègues, Monsieur le DASEN vous remercie !
En effet sur les 160 épreuves prévues dans l’Académie de Grenoble, seules 6 ont dues être reportées. Les élu.e.s FSU siégeant au CDEN ont bien compris que pour M. le DASEN, le fait qu’aucune épreuve d’E3C n’ait été bloquée est signe que la procédure est approuvée. Qui ne dit mot consent…
Bien sûr, concède-t-il néanmoins, les conditions n’ont pas été optimales dans quelques cas circonscrits – c’est inévitable lors de la mise en place d’un nouveau dispositif, n’est-ce pas ? – mais M. le DASEN tient à rassurer les parents : la commission d’harmonisation prendra ces paramètres en compte.

Idem pour l’inquiétude soulevée par la représentante FCPE quant à l’orientation : « tout est fait pour assurer une orientation de qualité ».
Il en faut de la retenue pour ne pas s’étouffer à ces mots quand on sait l’état des Centres d’Information et d’Orientation en Ardèche.
Celui de Tournon a fermé en 2017. Celui de Privas a été réduit à un « point d’accueil » dans les locaux de la DSDEN ce qui a conduit à une baisse considérable de la fréquentation, ce qui justifie aujourd’hui de réduire encore les horaires d’ouverture, ce qui conduira sans doute à constater une nouvelle baisse de la fréquentation et ainsi de suite … Plus les années passent, plus les professeurs principaux deviennent les seuls conseillers en orientation – un comble pour des bons élèves qui ne sont jamais complètement sortis de l’école...

Pour ce qui est des évaluations de CP et de CE1, M. le DASEN insiste sur le fait qu’elles sont cruciales pour permettre à l’administration de dresser une photographie du territoire. On notera au passage qu’il ne dit rien de la valeur pédagogique de ces batteries de tests pour les élèves, ni de leur intérêt pour les enseignants. Si le discours est de velours, le gant de fer n’est pourtant pas bien loin : on se souvient que des collègues du premier degré se sont vu.e.s convoqué.e.s l’an passé pour avoir refusé de faire passer ces évaluations qu’ils jugeaient inutiles, chronophage et stressantes pour les élèves.

Une évolution de la prise en charge du transport scolaire : du bon et du moins bon.

Carine Ambert, responsable de l’unité transport de la région pour le département de l’Ardèche, a présenté les modifications du règlement concernant les transports scolaires.
La modification principale porte sur la prise en charge des enfants de 3 à 5 ans. La présence d’un adulte à l’arrêt sera obligatoire et un accompagnateur sera requis si la capacité est supérieure à 9 places (rémunération à la charge de la commune).
L’aide financière pour les familles résidant dans les zones sans transport ( supérieur à 3km de l’arrêt le plus proche) sera revalorisée. La participation familiale demeure inchangée.
En revanche, on note la fin de l’exonération de cotisation pour les enfants de l’Aide Sociale à L’Enfance (ASE) et la fin de la prise en charge des apprentis de moins de 16 ans en CFA. Situation dénoncée par les élu.e.s FSU dans la mesure où il est absurde et injuste de faire payer aux plus jeunes apprentis un partage incohérent des compétences entre la région et le département en ce qui concerne le transport scolaire.
Parce qu’il n’y a pas de petites économies, le coût de remplacement de la carte de transport passera de 8 euros à 15 euros. Une pénalité de 30 euros et une pénalité sera imputée en cas d’inscription tardive des familles (après le 20 juillet).

Indemnité de Logement des instituteurs

Comme chaque année, la FSU dénonce l’insuffisance de la prime logement tout en reconnaissant que c’est toujours mieux que rien et qu’elle ne concerne qu’un nombre très limité de personnels. Elle sera reconduite à l’identique.