Reconvoqué le 20 novembre à 18h faute de quorum le 6 novembre, ce CDEN s’est ouvert sur les déclarations liminaires des différents syndicats et fédérations (regroupant des personnels ou des parents), dont une de la FSU Ardèche sur le contexte et la politique ouvertement antisociale et libérale du gouvernement actuel. Nos collègues du SNUipp ont fait une déclaration portant notamment sur la fuite des effectifs du primaire vers le privé du fait que la réforme des rythmes scolaires ne s’y applique pas, et leur demande qu’une véritable évaluation de cette mise en place soit effectuée au niveau départemental.
Pendant la séance, l’IA-DASEN a fait le bilan de la rentrée dans le second degré et rappelé que le solde créations-suppressions de divisions à la rentrée dans les collèges est positif (3 divisions supplémentaires en tout dans le département) malgré une légère baisse des effectifs dans les collèges (voir notre compte-rendu du CTSD du 23 septembre). Des heures ont été données pour assurer l’enseignement du Français Langue Étrangère à Privas, Tournon et Annonay (4 heures postes aux Perrières pour déjà une douzaine d’élèves d’âges et de niveaux variés, nous ne pouvons nous empêcher de signaler que c’est peu).
Nous avons ensuite pris la parole pour faire notre bilan de cette rentrée et faire remarquer que les enseignants des collèges et lycées ardéchois éprouvent quelques difficultés à suivre les intentions du gouvernement car derrière la vitrine des réformes se cache trop souvent une réalité sur le terrain beaucoup plus difficile.
Certes, les effectifs de classes sont stabilisés, même si l’on reste loin d’une réelle amélioration des conditions d’étude pour les élèves, mais en même temps le gouvernement supprime l’équivalent de 3 postes d’assistants d’éducation dans 6 collèges du département fragilisant d’autant les vie scolaires des collèges du département. Les postes supprimés ont beau l’avoir été « en concertation avec les chefs d’établissements » et, en théorie, sur des supports d’accompagnement éducatif, la réalité à la rentrée est plutôt un affaiblissement des équipes de surveillance. Dans le même temps, alors que les AED sont de plus en plus sollicités pour des tâches administratives, afin de pallier les manques en secrétariat, la situation des vies scolaires devient inquiétante. Cela crée une vraie tension sur les missions de surveillance et d’accompagnement des élèves. L’ambiance dans les établissements s’en ressent déjà et ne contribue certainement pas à un climat d’apprentissage serein. Nous avons notamment pu nous appuyer pour faire ces constats sur les échanges que nous avons eus avec les AED présents au stage SNES du 4 novembre à Valence.
Mme Dodane a tenu à rappeler que 3 postes de CPE avaient été créés sur le département mais nous avons répondu que l’effet “vase communiquant” ne peut fonctionner quand on retranche dans le même temps 6 demi-postes d’AED dans d’autres établissements, parmi les plus gros du département notamment et ce sont de réels problèmes de surveillance et donc de sécurité des élèves qui se posent (aux entrées ou dans les cantines par exemple).
La seconde inquiétude que nous avons exprimée concernait la refonte de la carte de l’éducation prioritaire avec une perte sèche de 3 réseaux pour l’académie. Si cette refonte est légitime car les inégalités territoriales évoluent, l’effectuer à budget constant, en période de crise économique, revient à sortir du dispositif des établissements dont la situation sociale des familles ne s’est pourtant pas améliorée. Pour l’Ardèche, cette refonte signifie la perte de deux réseaux (Largentière et La Voulte) alors que notre département présente de nombreux secteurs défavorisés. Pour nous, une vraie ambition aurait plutôt permis la création de nouveaux réseaux.
Si les critères donnés par le ministère semblaient cohérents, le recteur a choisi de les accommoder, sans jamais communiquer de valeurs chiffrées, privant de toute transparence les entrées/sorties des établissements de l’académie. Encore une fois nous avons dénoncé les logiques comptables mises en œuvre par l’administration. Au lieu de labelliser les établissements en fonction des besoins réels de la population, le rectorat en est réduit à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Cette politique nous éloigne encore de la promesse républicaine d’une école démocratique.
Les représentants des collectivités territoriales présents ont manifesté leur approbation à notre analyse de cette redéfinition injuste, en particulier François Jacquart, conseiller régional en charge des services publics, qui a exprimé son inquiétude pour les deux zones. Grâce au éléments fournis par les collègues de La Ségalière qui ont déjà présenté une motion en CA et comptent bien lutter avec les parents d’élèves contre ce déni de leurs difficultés pourtant bien réelles, nous avons beaucoup insisté sur le dénuement dans lequel se trouve la population de Largentière. Le représentant du préfet a admis que l’État se voyait contraint de prêter une attention particulière à ce territoire en y maintenant des services publics indispensables à sa survie. Nous avons également entendu évoquer par M. Lherminier, vice-président du Conseil Général chargé des affaires scolaires, un nouveau mode de calcul pour l’attribution des subventions du CG aux collèges, basé désormais sur le taux de précarité des familles des élèves inscrits, qui permettrait de favoriser un peu plus les zones en difficulté et d’éviter un excès de générosité envers le privé, qui n’en n’a pas besoin. À suivre...
La nouvelle carte de l’E.P. ne sera officielle qu’après validation par la ministre, des changements sont donc peut-être encore possibles mais l’information et la mobilisation de tous est nécessaire.