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À l’attention de M. Repentin, maire de la ville de Chambéry,
et de l’ensemble des élu.es au Conseil municipal,
À l’attention de M. Bolot, préfet de la Savoie.
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élu.es,
Monsieur le Préfet,
Par cette lettre ouverte, nous souhaitons attirer votre attention sur l’inquiétante recrudescence des violences organisées, commises ces derniers mois dans la ville de Chambéry par nombre d’individus se revendiquant d’extrême droite.
Depuis de nombreuses années maintenant, « EdelweiSS Pays de Savoie », groupuscule néonazi assumé sur les réseaux sociaux, s’organise et visibilise son idéologie nauséabonde : tournois de foot annuels rassemblant tous les néofascistes de la région sur le stade municipal Mager, soirées débat contre la théorie du genre ou sur le « grand remplacement » dans des lieux comme la salle Jean Renoir, service d’ordre de La Manif pour Tous soutenue par le maire sortant sur les marches du château, etc.
À l’automne 2017, une étape est franchie. Alors que la Fédération Anarchiste propose un concert de musique grecque réunissant un public familial dans un bar du centre ville, la soirée est violemment attaquée par une quinzaine d’individus issus du groupuscule néonazi. Pour seule réponse aux multiples plaintes déposées : un rappel à la loi pour les agresseurs identifiés ; les faits étant insupportablement qualifiés par les autorités publiques et les médias locaux de « simple rixe entre extrêmes ».
Quelques mois plus tard, « L’Edelweiss » devient un local situé avenue de Lyon, donnant pignon sur rue au mouvement du « Bastion Social », dont les membres sont les mêmes individus haineux, plus nombreux et plus organisés. S’en suit alors une série d’agressions violentes, ciblant tour à tour des militant.es antifascistes et des personnes appartenant à des minorités ethniques. À l’époque, plusieurs alertes sont lancées, notamment à travers la voix du Collectif Savoyard Contre les Racismes et la Haine ; mais il faudra attendre un décret gouvernemental prononçant, au printemps 2019, la dissolution du « Bastion Social » et des associations qui y étaient rattachées.
Ne nous y trompons pas cependant, car la dissolution d’un mouvement néofasciste au niveau national n’a jamais empêché ses membres de continuer à organiser leurs activités et leurs actions violentes. Preuve en est, la triste actualité de la ville de Chambéry ces derniers mois.
Dans la nuit du 4 au 5 juin 2020, date commémorant l’anniversaire de la mort du militant syndicaliste et antifasciste parisien Clément Méric, le local du Parti Communiste et celui de l’Insolente, qui promeut l’autogestion et la solidarité, subissent d’importantes dégradations. S’en suit un déchaînement de violences gratuites et organisées, tout au long du mois du juin. Et c’est ainsi que, le 23 juin 2020, en pleine journée et en plein centre-ville de Chambéry, un mineur fréquentant régulièrement l’Insolente est pris pour cible et agressé par trois individus. Ses lacets rouges, symbole de son engagement antifasciste, seront découpés au couteau puis noués à la porte du local, comme une mise en garde pour la suite.
Si nous pouvions espérer que la peine de prison ferme prononcée à l’encontre de l’agresseur principal, militaire au 13e Bataillon des Chasseurs Alpins, soit dissuasive pour le reste du groupuscule, il n’en est malheureusement rien.
Le 19 septembre dernier, alors que la Fédération Anarchiste partage sa Marmite de rentrée sur les hauteurs du parc de Buisson Rond, le même jeune mineur déjà ciblé en juin tombe dans une embuscade, et est à nouveau violemment agressé par quatre individus.
Et comme si la liste n’était pas encore assez longue, dans la soirée du 3 au 4 octobre dernier, la terrasse d’un bar du carré Curial subit une impressionnante attaque durant laquelle une vingtaine d’individus s’en prennent physiquement à des personnes appartenant à des minorités ethniques. Cette violence, froide et organisée, fait une dizaine de victimes, dont certaines ont déposé plainte.
S’il y a trois ans, la multiplication des agressions commises par l’extrême droite locale, pour des mobiles politiques, était régulièrement associée par vos prédécesseurs à de « simples rixes entre extrêmes », donnant lieu à nombre de plaintes classées sans suite ; il s’agit sans nul doute aujourd’hui d’un déchaînement de haine, ciblant tout aussi bien des militant.es engagées contre toutes les discriminations que des citoyen.nes dont le seul tort serait de porter l’appartenance à une minorité.
Nous souhaitons plus particulièrement attirer votre attention sur l’aspect répétitif et exponentiel de ces actes violents qui, face à la légèreté caractérisant les enquêtes menées par les services de police, et l’assourdissant silence dont les élu.es et les autorités ont fait preuve jusqu’ici, ne peuvent mener qu’à la situation actuelle ; mettant à jour un inquiétant problème de sécurité publique que vous ne pouvez plus vous permettre d’ignorer.
Aussi, par cette lettre ouverte, l’ensemble des signataires vous interpellent, et par ce biais sollicitent les fonctions que vous occupez depuis peu, et qui vous confèrent un pouvoir de police, un devoir de protection et, nous osons l’imaginer, une volonté de justice.
Pour notre part, soyez assuré.es que nous resterons déterminé.es et uni.es dans les luttes que nous menons face à la montée de l’extrême droite, des groupuscules violents qui gravitent autour d’elle, et de la haine inacceptable qu’elle engendre.
Premiers signataires : Alternatives & Autogestion, Cap à Gauche, Collectif Savoyard Contre les Racismes et la Haine, Concert Sans Frontières, CNT 73, Déclic-Militant, EELV, Ensemble ! 73, Extinction Rebellion Chambéry, France Insoumise agglomération chambérienne, FSU 73, Jeunes Communistes de Savoie, LDH Chambéry, Mouvement Citoyen Grand Chambéry, NPA 73, PCOF 73, Ras l’Front Voiron, Solidaires Savoie, Union Départementale CGT Savoie, Union Locale CGT de Chambéry, Youth For Climate Chambéry, … et de nombreux.ses habitant.es de Chambéry