27 mai 2011

Nos métiers

AFFELNET 3e : L’EVALUATION DES COMPETENCES, UNE EVALUATION DANGEREUSE, SUBJECTIVE ET SOURCE DE TRI SOCIAL !

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Cet article n'est probablement plus d'actualité

Il ne s’agit plus d’une évaluation pédagogique qui pouvait avoir son intérêt dans les procédures d’orientation et d’affectation, mais d’une évaluation subjective et aléatoire de la personnalité des élèves, de leur développement et de leur construction identitaire !

 Être familiarisé avec l’environnement économique, les entreprises et les métiers, connaître les parcours de formation …

 Savoir s’auto-évaluer en étant capable de décrire ses intérêts, ses compétences et ses acquis …

 Être capable de s’engager dans un projet individuel, s’intégrer et coopérer dans un projet collectif …

Quel élève de 3e est capable de répondre à ces critères ? Appliquez vous cette évaluation à vous-même et vous comprendrez vite qu’elle n’est pas adaptée aux élèves et qu’elle évalue leur personnalité et leur développement, ce qui est totalement subjectif !

Qui peut évaluer ce qui est acquis ou en cours d’acquisition pour un adolescent qui est en train de se construire ? Chaque jeune construit son projet à un rythme qui lui est propre.
La capacité à se projeter est variable tout au long de cette construction.
L’évaluation des compétences, calquée sur le pilier 7 du Livret de Compétences, ne respecte pas cette construction identitaire progressive et personnelle.

L’évaluation de ces compétences, loin d’enrichir l’évaluation des connaissances (comme certains semblent le croire !), va renforcer les inégalités d’accès aux formations. On glisse de l’évaluation des savoirs et savoir-faire (qui sont d’ordre pédagogique) à l’évaluation des savoir-être, très liés au milieu social, ce qui va forcément accentuer le tri social. Les élèves de milieux défavorisés, et plus particulièrement les plus fragiles d’entre eux, risquent d’être pénalisés

Les compétences utilisées ici ressemblent fort à celles que l’on retrouve dans les bilans de compétences pour les adultes, et sont totalement inadaptées à des jeunes en pleine construction identitaire … Ne s’agit il pas également de mesurer la future employabilité de ces jeunes à partir d’une norme idéologique libérale ? (voir nos analyses http://www.snes.edu/Le-socle-commun-les-competences-et,18171.html)

De plus, le fait d’utiliser le livret de compétences dans la procédure AFFELNET en cours d’année, sans aucune lisibilité et possibilité d’anticipation pour les jeunes et leur famille est inadmissible ! Certains élèves ont mis en place une stratégie pour une affectation dans une filière professionnelle, mais qui ne correspond pas forcément à cette évaluation, assénée de façon brutale en fin de 3e trimestre : cela risque d’être pénalisant pour certains élèves dont les démarches ne seront pas prises en compte ….

En outre cette grille d’évaluation risque d’être source de dérive et de pression de la part de chefs d’établissement qui pourront utiliser la grille d’évaluation pour gérer les flux au niveau de l’affectation : ainsi, dans un collège, un principal a promis le barème maximum de 16 points à un élève à la condition qu’il demande bien des filières déficitaires ! On est bien éloigné de l’intérêt des élèves et de leurs familles !

Nous vous demandons de noter « 16 », c’est-à-dire acquis, pour toutes les compétences C7, tirées du Pilier 7 du Livret de Compétences.

Joëlle GUILLAUME et Frédérique PENAVAIRE,
pour le Collectif académique CO-PSY et DCIO du SNES-FSU, Mai 2011