9 janvier 2022

Edito

Cherche protocole, désespérément

Cherche protocole, désespérément

« Le père Noël est une ordure », on le savait… Pas de vrai ministre de l’éducation dans nos chaussons, seulement de nouveaux protocoles, toujours plus de protocoles, et toujours plus abscons, et bientôt, le lendemain pour la veille !

De nouvelles idées, aussi, pour la désormais fameuse continuité pédagogique. Cette fois, c’est le remplacement : les AED (sûrement miraculeusement à l’abri du virus, et pas déjà plus que débordés par leurs propres missions du fait même de celui-ci) payés en HSE pour surveiller les élèves réchappés du covid, ou pas encore frappés, assistant à d’hypothétiques cours en visio délivrés par des TZR disponibles mais pas dans la bonne zone, ou des enseignants cas contact, mais pas malades, ou asymptomatiques, mais n’étant pas de garde de leurs propres enfants malades, ou contacts, avec des auto-tests à faire à J + 2 puis 4 … Non, il ne s’agit pas d’un mauvais remake des Shadoks.
Jamais à court d’idées, le ministre a aussi autorisé le recrutement de contractuels à bac plus deux… Mais allons donc, n’y voyons pas malice, c’est juste pour le temps de la pandémie !
Enfin, appel aux… néo retraité-es ! Là, on confine au génie : cibler les 62 – 65 ans, celles et ceux-là mêmes qui sont les plus à risque face au virus, avec pour toute protection, le « so tendance » slip de visage en coton, même pas molletonné pour l’hiver, il fallait avoir l’idée !
Vu de l’extérieur, on pourrait croire lire des élucubrations de la dive bouteille, mais à y bien regarder, on peut aussi y lire la continuité d’une politique cynique et tristement capitaliste qui instrumentalise la crise sanitaire pour imposer son projet de société à l’opposé des besoins de la population, et poursuivre ainsi la casse des services publics et la mise au pas des personnels.

Assez ! Marre de cette manière ubuesque de prétendre garder l’École ouverte ! Garder nos écoles ouvertes, c’est ce que nous faisons depuis 20 mois envers et contre vous Monsieur le Ministre, et c’est sûrement cela le plus pénible. Nous vous le dirons haut et fort le 13 janvier, vous ne nous avez pas donné le choix ; nous n’en pouvons plus !

Nous voulons des moyens pour garder l’école ouverte, c’est à dire des masques véritablement protecteurs, un protocole clair et protecteur, des moyens pour assurer les vies scolaires et les cours, le report des épreuves du bac prévues en mars au mois de juin et des ajustements de programme pour celles-ci. Assez de bouts de ficelles !

Et tout cela, dans un contexte où l’inflation galope, où la ministre de la fonction publique s’arc-boute sur le gel du point d’indice, où la revalorisation historique tant promise par JM Blanquer n’a pas vu le jour. Nos professions sont à bout. Le bilan de ce quinquennat, ce sont 7900 postes en moins pour le second degré, soit l’équivalent de 175 collèges détruits ! C’est le tribut de 52 postes que va encore devoir payer notre académie pour l’année qui vient ! La crise de recrutement est patente : nous avons besoin d’une vraie revalorisation, et de travailler moins pour travailler mieux. La crise sanitaire n’a fait que mettre à jour les choses. Le mal est profond : cette asphyxie à bas bruit est la même que celle que connaissent l’hôpital, la justice et l’ensemble de nos services publics. C’est bien au concept de solidarité que nos gouvernants, petits marquis version 2.0, ont l’ambition de s’attaquer. Ne nous laissons pas entraîner dans cette spirale infernale, et remettons au premier plan nos besoins, et au-delà, ceux de la population de ce pays.

La crise l’a démontré s’il le fallait, les Services Publics sont protecteurs et générateurs de solidarité ; nous avons besoin qu’ils soient robustes, à commencer par le nôtre, l’École. La journée de grève et de manifestations

interprofessionnelles du 27 janvier sera celle de la mobilisation de nos professions pour l’augmentation des salaires, des pensions, des allocations pour les jeunes en formation ainsi que celle de la défense déterminée, acharnée des services publics.

Nous serons massivement dans l’action les 13 et 27 janvier, Jeudis de l’action ! Et encore d’autres, si nous n’obtenons pas les réponses attendues : « Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée. / […] / A la septième fois, les murailles tombèrent. » *

Toute la section académique, par ma voix, vous adresse ses meilleurs vœux. « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ! »*

* Les Châtiments, Victor HUGO