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La Ca académique s’est réunie le vendredi 12 octobre. Elle a adopté les textes suivants.
Texte action
Le mouvement social qui a marqué les semaines écoulées depuis la rentrée, après les actions de la fin de l’année scolaire précédente, a été exceptionnel par son caractère véritablement interprofessionnel et intergénérationnel. Il est l’un des plus puissants que notre pays ait connu depuis des décennies. Il a modifié profondément le paysage social et politique. Les actions massives et répétées, le foisonnement d’action et d’initiatives locales, l’unité syndicale qui a résisté à différentes manœuvres grossières du pouvoir, ont permis de donner à la plateforme revendicative « retraites, salaires, protection sociale, emplois, services publics » une dimension de choix de société : partage des richesses créées, justice sociale, dénonciation du chômage et de la précarité des jeunes et du licenciement précoce des « quinquas », mise en évidence de la réalité de la lutte des classes. Cela s’est traduit par une évolution des discours politiques : côté majorité, si la solidarité l’a emporté, des voix critiques se font entendre, côté opposition, nos mobilisations ont mis en évidence la nécessité d’une véritable alternative économique, sociale et politique et ont amené à reconsidérer les projets initiaux. La loi a été promulguée de nuit, ce qui est un certain aveu de faiblesse.
La mobilisation s’est heurtée à une attitude très autoritaire du gouvernement et du Président de la République. Elle a connu des obstacles qui mériteront une analyse ultérieure : difficultés à élargir encore le mouvement et les reconductions de la grève hormis dans quelques secteurs. Dans éducation, elles ont été variables et sous des formes diverses sans pour autant atteindre les niveaux de 2003. les reconductions, souvent très volontaristes, ne se sont pas avérées majoritaires et durables.
La colère et la détermination des opposants à la réforme Woerth-Sarkozy ne sont pas pour autant étouffées. La CA académique considère qu’il ne faut pas laisser retomber la pression afin de ne pas perdre les bénéfices de la mobilisation. Malgré l’insistance du pouvoir et de certains commentateurs qui ont vu le 6 novembre une décrue du mouvement, l’importance des cortèges, mesurée à l’aune d’actions antérieures à la période actuelle, est restée significative.
Nous devons poursuivre l’action en retrouvant l’équilibre initial de la plateforme interprofessionnelle : salaires, emplois, retraites, protection sociale et services publics. La CA académique appelle à la réussite de la journée d’action prévue le 23 et appelle les personnels du second degré à y participer nombreux en fonction des conditions locales, y compris par le recours à la grève.
Nous devons, pour maintenir et élargir le rapport de force, continuer à démultiplier les actions locales en direction de l’opinion et des élus politiques. De ce point de vue, les initiatives prises par les S1 et des petits groupes de militants sont à développer : tractage localisé, suivi de l’activité des élus et leur interpellation publique, etc.
Plus spécifiquement dans l’éducation et le second degré, l’écho du 6 septembre a permis d’attirer l’attention sur la situation de l’Ecole. Le budget 2011 et ses suppressions de postes, les réformes en cours ou annoncées — lycées, voie technologique, livret de compétences, conseil pédagogique, orientation, formation des stagiaires — nécessitent de relancer les actions et le débat public sur les ambitions pour la jeunesse et le projet éducatif que nous voulons. La situation actuelle et à venir de l’Ecole a déjà suscité des réactions intéressantes de la part de milieux d’habitude peu enclins à s’exprimer publiquement (IG puis IA), mais aussi d’intellectuels et de scientifiques qui condamnent les destructions en cours.
Face à une dégradation des conditions de travail et d’étude, organisée par l’administration, la CA appelle les collègues à mener dès aujourd’hui la bataille contre les suppressions de postes, de structures, de moyens et à lancer la campagne de refus des HSA.
En lycée nous devons mettre en évidence et combattre les conséquences désastreuses de la réforme des secondes et empêcher la poursuite du processus pour le cycle terminal. La CA appelle les S1 à dresser le bilan des nouvelles secondes (dégradation des conditions d’études, moindre diversification des formations, mise en concurrence des disciplines et des établissements) et à alerter les collègues et les parents sur les réductions de postes et d’enseignements liés à ces réformes. La situation est particulièrement cruciale dans la voie technologique et la spécificité de ces enseignements et de leurs élèves est remise en cause. La Ca appelle à signer et faire signer la pétition relative aux voies technologiques industrielles. En outre, elle demande aux élus en CA en lycée de déposer la motion jointe relative à ces réformes.
En collège, les conditions de travail et d’études se détériorent sans cesse. Les récentes publications (HCE, programmes de partis politiques…) menacent encore plus l’existence du collège tel que nous le revendiquons : un collège pour tous préparant à la poursuite d’études dans les trois voies du lycée jusqu’à 18 ans. Concrètement, les collègues sont soumis à une charge de travail de plus en plus lourde et une pression de l’institution, via les chefs d’établissement, qui s’expriment par exemple par l’enseignement de l’histoire des arts et son évaluation et par la mise en place du livret de compétences. Le SNES a toujours revendiqué un enseignement de la culture artistique dans la cadre de la culture commune que nous opposons au socle commun. La CA académique rappelle que l’enseignement de l’histoire des arts doit se faire dans le seul cadre de l’enseignement disciplinaire de professeurs volontaires et qu’un temps de concertation doit être intégré dans les services.
La CA académique demande aux collègues de s’opposer à toute prise en charge de l’enseignement de l’histoire des arts par le conseil pédagogique et le chef d’établissement et à élargir ce mouvement à un refus général du conseil pédagogique. La CA académique appelle les collègues à ne rien se laisser imposer par les chefs d’établissement sur l’épreuve au DNB de l’histoire des arts (organisation, volontariat, etc.), à refuser toutes formes d’épreuve qui ne portent pas sur un travail réalisé en classe, qui ne s’appuierai pas sur un cadrage national fort, seules garanties de l’égalité des élèves.
Le débat initié lors du CS académique de rentrée à Grenoble sur le livret de compétences a souligné l’idéologie sous-jacente de ce livret, à l’opposé de notre conception des enseignements et de notre métier. La CA académique appelle à ne pas renseigner ce livret, à mener campagne auprès des parents et de l’opinion publique pour leur expliquer les raisons de notre refus et leur exposer nos propositions pour le collège.
Le SNES doit amplifier la campagne sur ces questions en inscrivant la question du livret et du collège dans les plates-formes de mobilisation, en adressant aux syndiqués du matériel (tracts, affiches, etc.), à appeler à une action nationale sur ces questions au plus tard lors du vote des DHG, à organiser une journée de mobilisation en fin d’année sur la question du livret de compétences.
Les remontées des établissements font état de pressions de plus en plus fortes sur les stagiaires de la part du corps d’inspection et des chefs d’établissement. La CA académique demande aux S1 de signaler à la section académique tous les cas des stagiaires soumis à ces pressions et à se mobiliser dans les établissements pour leur défense auprès des chefs d’établissement.
Depuis la rentrée, la question de la formation des enseignants et CPE a été mise en exergue par les medias, grâce, entre autres, aux actions du SNES et de la FSU (refus du tutorat, journée de mobilisation, grève du 6 septembre…).
Le SNES doit relancer la campagne de refus du tutorat pour la rentrée prochaine et mettre à disposition des S2 et S3 du matériel destiné aux étudiants, collègues et parents sur les conditions de stage des étudiants préparant les concours et des futurs lauréats.
La CA académique rappelle à l’ensemble des adhérents la tenue d’élections professionnelles des personnels administratifs, sociaux et de santé le 1er décembre 2010. Elle appelle à faire voter pour les listes présentées par les syndicats de la FSU.
Pour 22 Contre 0 Abstentions 1 NPPV 0
Violences policières
La Ca académique du SNES condamne les violences policières lors de la manifestation des lycéens du mardi 9 novembre au cours de laquelle un jeune, en sautant d’un pont, a été gravement blessé et un autre molesté et interpellé.
Pour 22 Contre 0 Abstentions 1 NPPV 0
Motion Mounier
Mounier, figure emblématique du renoncement aux ambitions éducatives.
Un effet d’aubaine.
Le Président de région a convoqué lundi 8 novembre une réunion avec les organisations syndicales, les fédérations de parents, des représentants du rectorat et du conseil général dont l’ordre du jour était : « l’organisation du second degré sur l’agglomération Grenoble métro ». Bien-sûr, le premier point était « le devenir du site Mounier ».
Dans un premier temps, il a rendu compte des expertises menées pendant les vacances qui ont conclu à l’impossibilité de maintenir sur site l’activité pendant la reconstruction du lycée Mounier. Le collectif Mounier a tenté de rendre compte d’une contre-expertise qu’il a fait conduire dans la même période, et devant l’impossibilité de dialogue vrai, il a décidé de quitter la réunion, suivi par le Snes Fsu, la Fsu et Sud.
Le président Queyranne a assuré que le choix n’était lié qu’à la sécurité et non à des difficultés budgétaires et a donné pour preuve que les lignes inscrites pour la reconstruction demeuraient au budget régional ; quiconque a un peu de culture budgétaire sait que, si une dépense inscrite doit être équilibrée en recette dans le budget adopté, le fait de ne pas procéder à la dépense permet des facilités de trésorerie indéniables, sans compter que si des emprunts entrent dans l’équilibre, ils ne sont effectifs qu’au déblocage des fonds ; au-delà des sommes programmées pour la reconstruction, l’aubaine budgétaire c’est aussi le redéploiement du budget de fonctionnement et des personnels TOS du lycée.
Du côté de l’EN, avec le budget 2011 annoncé et ses suppressions de postes qui ne pourront plus être compensées par les postes stagiaires, la disparition d’un lycée grenoblois permet des économies d’échelle conséquentes : on ne sait pas quelle sera la part de l’académie dans les 16000 postes supprimés, ni comment cette part sera distribuée entre les enseignements du premier et du second degré d’une part, et les postes administratifs, de direction, d’encadrement sanitaire, de vie scolaire et de documentation ; les autorités rectorales jurent que cela n’entre pas en considération ; qu’une dizaine de postes n’est rien dans ce contexte ; on peut en douter quand on sait que certains services d’enseignement sont géré à la ½ heure près et que l’on traque dès cette année les minorations réglementaires de service !
Après le départ de la réunion du collectif Mounier et du Snes, Fsu et sud, le Président a dû convenir d’un nouveau délai de réflexion de quinze jours. Manœuvres dilatoires pour laisser le temps au rectorat d’imposer son redéploiement au nom de la préparation de la rentrée, crainte du contenu de la contre-expertise, vraies difficultés, autres raisons encore, le proche avenir nous le dira.
Pour l’Etat, l’aubaine est également politique : nos collègues des disciplines technologiques le savent, une des conséquences des politiques en œuvre est la réduction drastique des heures d’enseignement et des pratiques d’ateliers, avec à terme la mise en cause de cette spécificité française de la voie technologique. Le redéploiement prévu par le Rectorat, avec une réactivité suspecte si les dates de décision sont bien celles qui sont affichées, met en cause l’identité technologique du lycée Argouges et dans une moindre mesure du lycée Vaucanson qui deviennent plus généraux, même si le dernier récupère pour le moment certaines formations du premier et sans doute bénéficiera aussi de certaines suppressions à Vizille. La disparition de Mounier facilite ces opérations de redéploiement, sans avoir à les justifier, puisque seule la sécurité et la décision régionale en portent la responsabilité. Que cela raye d’un trait de plume tout ce que Mounier porte, en matière de mixité sociale, de réussite scolaire, de projets et de partenariat multiples, d’engagement pédagogique militant est bien secondaire quand les réformes en cours ne visent qu’à en finir avec la spécificité de la voie technologique et à consolider le parcours des 50% de jeunes que l’on veut mener à la licence en abandonnant toute ambition éducative pour l’autre moitié de chaque génération.
La CA académique réitère sa totale solidarité et son soutien entier à la lutte et aux objectifs du comité pour le maintien du lycée Mounier.
Dans l’intérêt des élèves présents et à venir, des parents, des personnels, la CA académique du Snes demande solennellement au Président JJ Queyranne de revenir sur sa décision et de s’engager pour le maintien et la reconstruction du lycée Mounier sur site.
La CA académique du Snes se prononce pour
– Le maintien du lycée Mounier et sa reconstruction sur site sans redéploiement
– Le maintien de toutes les filières et options
– Le maintien de tous les postes et les personnels
Pour Unanimité 23 Contre Abstentions NPPV