12 janvier 2021

Vie syndicale et stages

CAA du 12 janvier 2021

Ce gouvernement a terminé l’année dans une improvisation remarquable avec l’annonce dans les médias, à 48 heures de la date concernée, de l’École facultative, doublée par le mépris du ministre Blanquer avec une ordonnance en date du 24 décembre (!), pour changer les règles d’organisation du bac et en informer les élèves jusqu’à seulement 15 jours avant le début des épreuves ! Où sont la sérénité et la gestion responsable dont nous personnels et élèves, avons tant besoin ? Et que dire des vœux du Président Macron, succession de propos hors-sol et hypocrites dans lesquels notre collègue Medhi s’est transformé en figure témoin surgie de nulle part pour l’hommage à notre collègue Samuel Paty , alors que JM Blanquer avait lui-même saboté cet hommage. E. Macron n’a eu de cesse de se donner des « bons points » et de dresser des portraits d’Epinal de la société française. Personne n’a été dupe de cette opération de communication quand la pauvreté augmente sans cesse, directe corollaire de l’absence sérieuse de lutte contre les conséquences sociales de la pandémie par ce gouvernement.
Pendant ce temps, toute en focalisant l’attention de l’opinion sur le feuilleton de la vaccination, le gouvernement continue d’appliquer sa politique de casse sociale et sécuritaire. Le plan de relance, avec 100 milliards d’euros, ne fait en réalité que répondre aux demandes du MEDEF, sans répondre aux urgences sociales que connaît le pays et à la nécessaire bifurcation écologique. 20 milliards, un cinquième du plan, qui sont consacrés à la réduction des « impôts de production », quand 1 % du budget de ce plan est alloué aux minimas sociaux et aux personnes les plus précaires.
Les trois décrets du 2 décembre 2020 sont un nouveau tour de vis sécuritaire après l’état d’urgence et la loi « sécurité globale ». Ils conduisent à stigmatiser la liberté d’opinion, l’action syndicale, le fait d’être adhérent à un syndicat, qui laisserait à penser qu’être syndiqué pourrait être associé d’une manière ou d’une autre à des impératifs de sécurité intérieure, de sûreté de l’État, de lutte contre le terrorisme. Le SNES et la FSU doivent continuer à s’impliquer dans les mobilisations contre ces textes liberticides, notamment les 16 et 30 janvier prochain. De même l’opposition au projet de loi sur « les séparatismes » doit être réaffirmée.
Le projet de loi 4D, présenté sans aucune concertation préalable avec les organisations syndicales, cache mal une nouvelle phase de privatisation, sous couvert de décentralisation. La FSU doit amplifier sa campagne pour informer et mobiliser l’ensemble des collègues sur les dangers de cette loi et les menaces quelle représente pour les personnels et le statut.
Le SNES, avec la FSU, doit construire et amplifier le travail syndical unitaire pour souligner l’apport de la Fonction publique aux besoins des usagers, encore plus en période de crise sanitaire, économique et sociale. Rendre crédibles les alternatives économiques et sociales que nous portons est une urgence.

Covid 19

Dans notre secteur, de nombreux collègues doivent se battre au quotidien, ne serait-ce que pour obtenir du gel dans les salles, alors que nous manquons de personnel et de moyens. Dans les collèges où le dispositif « une salle, une classe » a été mis en place, il est très difficile d’obtenir des chariots pour déplacer du matériel lourd d’une salle à l’autre, rien n’a été fait en terme de recrutement d’AED ou de personnels d’entretien… ce sont des exemples parmi d’autres des contraintes qui s’imposent désormais aux équipes et que l’administration semble le plus souvent vouloir ignorer. Le protocole sanitaire dit « renforcé » suppose une aération des salles rendue difficile en plein hiver alors même que la circulation de virus semble plus importante en ce mois de janvier.

Préparation de rentrée

La préparation de la rentrée 2021 se fait dans le déni de cette réalité et des conséquences des confinements. Le gouvernement continue sa politique de suppression de postes alors que +0,5 % d’élèves sont attendus dans les collèges et lycées. A cette hausse, le gouvernement répond par la suppression de 160 postes et l’attribution de 95x18 HSA dans notre académie. Donc, une pression encore plus accrue sur les heures supplémentaires qui continue et une perte sèche en heures d’enseignement par élève avec une hausse des effectifs par classe et la menace sur les groupes, les options, l’accompagnement des élèves…
A ce jour, les établissements n’ont pas encore eu connaissance du calendrier de préparation de la rentrée 2021. Tout se fait dans la précipitation et des chefs d’établissement ont déjà anticipé par du chantage sur les temps partiels et la mise en concurrence des enseignements dans les premiers échanges avec les équipes.

Ceci doit constituer un des leviers de mobilisation pour la grève du 26 janvier pour exiger notamment les créations de postes nécessaires pour dépasser les inégalités qui se sont encore accrues. Les sections académique et départementales communiqueront très rapidement les dotations aux S1 afin que les conséquences délétères de cette politique soient identifiées. Des outils d’analyse et de lutte seront donnés afin de construire des actions dans chaque établissement et coordonner les combats menés localement pour assurer la mobilisation fin janvier.

Le gouvernement fait le choix de pressurer encore plus les vies scolaires avec aucune création de postes de CPE et d’AED, alors que ces personnels sont en première ligne pour la mise en place des protocoles sanitaires et plus globalement le suivi des élèves. La mobilisation du 1er décembre a témoigné de l’exaspération des AED. Le rectorat n’a répondu que par la création de contrats précaires d’AED jusqu’en février, peu attractifs, mais non par de véritables créations de poste. Après la mobilisation réussie du 1er décembre, le SNES-FSU doit poursuivre et structurer la lutte pour l’amélioration des conditions de travail et de rémunération des AED. La CA académique engage une réflexion avec les AED sur leurs conditions de travail et sur l’amélioration de leur statut. Elle appelle les personnels à défendre les AED, à les soutenir, y compris financièrement, dans leur lutte et à les mobiliser le 26 janvier pour une autre politique éducative.

Salaires et rémunérations

Concernant les moyens dédiés à la revalorisation des carrières et des rémunérations des personnels, les annonces ministérielles dessinent déjà un rendez-vous manqué, loin des effets de communication depuis 2017. Ce ne sera pas beaucoup et pas pour tout le monde, alors que les enjeux d’attractivité des carrières, de reconnaissance de l’engagement quotidien des personnels dans la réalisation de leurs métiers, de requalification des emplois, de rattrapage du pouvoir d’achat perdu, de convergence indemnitaire par le haut avec les autres ministères, de revalorisation des grilles indiciaires à tous les échelons et d’amélioration des taux de promotion sont des sujets qu’il convient de traiter rapidement. Cette absence de valorisation accentue le décrochage de notre pouvoir d’achat lié au gel du point d’indice.
Dans le cadre des négociations actuelles avec le ministère de la Fonction Publique, la mise en place d’une participation obligatoire des employeurs à la Protection Sociale Complémentaire de ses agents ne saurait remplacer la nécessaire revalorisation salariale.
Concernant les retraites, les déclarations du Ministre de l’économie, les propositions d’amendements au Sénat lors du vote de la Loi de financement de la Sécurité sociale vont toutes vers la volonté d’augmenter la durée de cotisation et un recul de l’âge de départ à la retraite. C’est, pour le SNES et FSU, un enjeu majeur de lutte contre le déclassement des métiers de l’éducation et il est urgent de mobiliser l’ensemble de la Fonction publique sur les salaires et retraites.

Éducation prioritaire

Les dernières annonces de N. Élimas, secrétaire d’État à l’éducation prioritaire, dans la presse puis au Sénat en novembre 2020 et l’ouverture de la labellisation de 40 nouvelles cités éducatives finissent de dévoiler la politique du gouvernement pour l’éducation prioritaire :
D’un côté les cités éducatives qui à terme risquent de remplacer les REP+ (pour exemple, la seule cité éducative de l’académie de Grenoble regroupe 2 des 4 REP+ et un REP). Ces cités éducatives s’inscrivent dans l’idéologie des « territoires apprenants » qui décrètent que l’on peut apprendre et se former partout ailleurs qu’à l’école, ce qui participe à diluer l’importance d’un service public d’éducation de qualité. De l’autre, une suppression des REP remplacés par les Contrats Locaux d’Accompagnements. Délabelliser les REP, c’est permettre à chaque académie de modifier ses priorisations en fonction des enjeux politiques locaux, à l’inverse d’une carte nationale construite sur des critères transparents. Les moyens des REP pourraient être ponctionnés pour financer des problématiques différentes de celles qui relèvent d’une concentration d’élèves en grande difficulté sociale et scolaire, mais aussi pour financer davantage des établissements privés sous contrat ruraux. L’indemnité des enseignants de REP qui continueront pourtant à travailler dans des conditions difficiles est aussi remise en cause, ainsi que les bonifications afférentes pour les mutations et carrières.
Ces CLA font système avec la politique d’évaluation systématique des établissements qui risque de mener à une allocation de moyens reposant sur des projets et non sur les difficultés sociales des élèves accueillies.
Les états généraux de l’éducation prioritaire tenus à Grenoble en décembre ont réaffirmé les mandats de la FSU sur l’éducation prioritaire et appelé à une autre politique que celle esquissée par le gouvernement. Cela passe par la mise en échec de la politique actuelle qui est à l’opposé des valeurs de l’École en choisissant les « méritants » et en rendant nos élèves et leurs familles responsables des conséquences des politiques de casse sociale. La grève du 26 janvier doit être l’occasion de mobiliser les personnels contre ce démantèlement qui touche toute l’École. La FSU doit faire des états généraux du 28 à Paris une journée pour mobiliser la profession dans le cadre d’un plan d’action plus large.

Collèges - Auto-évaluation des établissements

Alors que normalement un cinquième des établissements de l’académie était concerné, la rectrice a revu la voilure en raison de la crise sanitaire avec 39 collèges, 1 EREA et 5 LP sont concernés par le nouveau dispositif d’évaluation institué par la loi dite « Pour une école de la confiance » avec une première phase d’autoévaluation. Comme pour les contrats d’objectif, les personnels s’engagent à réaliser des « progrès » mais ni le rectorat, ni l’éventuelle collectivité territoriale ne s’engagent en termes de moyens en personnels ni en dotation de fonctionnement. Par ailleurs, l’auto-évaluation peut être un outil de déréglementation au nom de l’adaptation au « local ». Le but est d’attribuer les moyens non plus sur la base de textes nationaux objectifs mais sur celle de la « valeur ajoutée » à apporter sans que l’on sache de quoi il s’agit. Cette politique néolibérale est également mise en œuvre dans celle de la destruction de l’éducation prioritaire avec la suppression des REP et l’expérimentation de contrats locaux d’accompagnement. Le SNES-FSU s’est toujours opposé à ces logiques qui n’ont rien à voir avec la nécessité de faire des diagnostics comme de fixer à tous les établissements, sur tout le territoire, des objectifs ambitieux.
Le SNES-FSU appelle à refuser cette démarche, à alerter les personnels sur ces dangers et à ne pas laisser cette autoévaluation aux chefs d’établissement, mais bien à la vider de ce qu’elle pourrait avoir de dangereux pour l’établissement et de s’en servir pour pointer tous les manquements de moyens en termes de moyens, de fonctionnement des établissements.

Lycées

Le passage à l’enseignement en hybride dans les lycées de l’académie (avec des organisations diverses : demi classe, rotation par niveau, …) pour répondre au contexte sanitaire dégradé s’est traduit par une pression plus importante sur les équipes pédagogiques notamment en première et terminale du fait des épreuves de bac maintenues dans un calendrier très contraint. Les demandes des familles ont aussi pu être très fortes. Le texte publié le 24 décembre 2020 qui permet une adaptation des modalités d’examen 15 jours avant la date fixée initialement traduit une fois de plus la méconnaissance ou le mépris total du ministère pour le travail fait avec les élèves et plus généralement nos métiers. Il met en place une improvisation permanente et entraine des situations de stress très fortes. La campagne pour exiger enfin une gestion responsable de la crise sanitaire doit être poursuivie.
Au-delà de la situation actuelle, la mise en place de la réforme du lycée et du bac poursuit son action destructrice en diminuant l’offre de formation dans les établissements et en accentuant les inégalités sociales et de genre dans les choix d’orientation. Le passage au contrôle continu (avec l’annulation des EC et des épreuves de spécialités abandonnées en fin de 1re) n’est en rien satisfaisant, d’autant plus que le ministère, comme l’année dernière, n’a pour le moment donné aucun cadrage concernant sa mise en place précise.

Action

la période qui s’ouvre est riche en mobilisations au niveau d’entreprises en lutte, de services et de secteurs (ex : santé et énergie). La grève du 26 janvier dans l’Éducation nationale s’inscrit dans un processus dynamique d’actions.

C’est une grève très largement majoritaire qu’il faut construire le 26 janvier. Alors que certains sont gagnés par le découragement ou la résignation, il faut, plus que jamais, convaincre que le rapport de force est indispensable pour contrer les attaques incessantes contre nos métiers et la profession.

Dans le cadre de la préparation de la grève du 26 janvier, le SNES académique :

  a envoyé du matériel (affiches et tracts ciblant dans un premier temps la question des postes et celle des salaires) dans tous les établissements ;
  appelle les collègues à se réunir en HIS et/ou assemblées et construire la mobilisation (le matériel académique et nationale sera diffusé à chaque adhérent et dans chaque établissement)

La FSU a signé l’appel interprofessionnel à la mobilisation et à la grève le 4 février, pour l’emploi et les services publics et contre la précarité. Cette date s’articule avec la grève du 26 janvier dans un objectif de renforcement et de convergences des luttes. Elle doit permettre de construire un plan d’action large dans les mois qui arrivent et notamment dès le mois de mars, y compris en mettant en avant la nécessité de renforcer les services publics.

Le SNES-FSU appelle également à la réussite des initiatives du groupe des 9 organisations de retraités prévues fin janvier.

Élections internes et congrès

Enfin, à partir du 18, s’ouvrira la période (3 semaines) de vote pour le renouvellement de nos instances. Il est vital pour le syndicalisme que nous portons de prendre ce temps pour désigner la future direction de notre syndicat. C’est notre outil commun, celui qui nous permet d’intervenir efficacement auprès de l’administration parce que nous sommes présents dans les établissements et de défendre les collègues dans des situations difficiles ; nous tiendrons ensuite le congrès académique pour tracer notre ligne d’action pour les 3 prochaines années.
Réflexion, débats, choix collectifs, action, ce sont là nos principes fondamentaux, au service d’une École émancipatrice !

POUR : 26 ; ABSTENTION : 1 ; CONTRE : 2