Le CTA s’est déroulé en visio ce lundi 16 novembre. Vous trouverez ci-dessous la déclaration de la FSU et les principaux points abordés.
Déclaration liminaire de la FSU
Notre CTA a lieu dans le contexte douloureux de l’après-assassinat de notre collègue Samuel Paty dont nous souhaitons saluer la mémoire. C’est un nouvel acte dans la barbarie, qui ne connaît pas de limite. Bien sûr c’est cette fois l’École tout entière qui est attaquée dans ses valeurs les plus émancipatrices, et par là les plus cruciales. Une fois de plus, le ministre Blanquer, désormais complètement disqualifié, s’est illustré par une gestion calamiteuse de la minute de silence et de l’hommage à notre collègue. En revenant sur la banalisation des deux heures, le lundi de la rentrée, il a sonné la fin de l’heure de la séquence « héros de la nation », supplantée rapidement par des accusations d’« islamo-gauchisme » portées contre une partie des organisations syndicales enseignantes et étudiantes. Encore une étape dans le processus de maltraitance des personnels de l’Éducation nationale faite d’attaques délétères successives : d’abord envoyés ramasser les fraises, puis qualifiés de profs décrocheurs…
L’affaire des « 4 de Melles », avec des sanctions très lourdes prises à l’encontre de quatre enseignants militants contre les avis des CAP illustre un climat de plus en plus répressif et autoritaire. Tout cela participe d’un dénigrement institutionnel orchestré par un gouvernement qui dit « choyer » ses personnels et que le ministre Blanquer applique sans réserve, au lieu de défendre ses agents !
Enfin, et dernier en date, l’épisode malheureux du courrier de M.Lavis, DASEN de la Savoie, en début de semaine dernière. Force est de constater que faute de réussir à accompagner et fournir des moyens de lutte efficace et collective, le premier réflexe reste de taper sur les N-1, en l’occurrence les personnels enseignants, dans la droite ligne du nouveau management public. Nous prenons acte des 4 lignes d’excuses reçues ce matin, jour du CTA, par les personnels, mais souhaitons voir vraiment bannir sur le fond ce type de comportement, complètement indécent dans la situation qui est la nôtre en ce moment, mais tellement emblématique de la fameuse loi de « confiance » pour l’École, qui n’en a hélas que le nom.
La récupération politique de cet attentat ne s’est pas fait attendre. Dans les collèges et lycées, et même dans les écoles primaires, dans notre académie, les remontées sur les propos d’élèves lors de la minute de silence ont donné lieu à un traitement indigne des valeurs de la République, jusqu’à des arrestations d’enfants de 10 ans. Encore récemment, des collégiens, aux abords d’un collège de Grenoble, ont été molestés par la police pour un « défaut de port du masque ». La FSU demande que les personnels des collèges et lycées soient associés à un bilan de la minute de silence et appelle tous les personnels à la vigilance sur la pénalisation des attitudes et propos des élèves qui ne doit pas prendre le pas sur l’éducatif.
Par ailleurs, le contexte sanitaire est très alarmant, dans notre académie notamment. Dès juin dernier, La FSU a demandé un plan d’urgence pour l’Éducation avec l’arrêt des suppressions de postes, le recrutement massif de personnel enseignants, de vie scolaire et d’entretien en prévision de la situation que nous connaissons aujourd’hui. Le gouvernement a refusé un collectif budgétaire dans ce sens et les académies n’ont aucun moyen à ce jour pour pallier les absences des personnels et organiser un suivi efficace des élèves… La seconde vague touche de plein fouet notre académie avec un nombre de décès qui explose, et, dans nos établissements, le nombre d’élèves et personnels touchés par le covid ou cas contact qui augmente. La réalité est donc celle d’une circulation active du virus. Pourtant, dès juillet dernier, le ministère avait émis plusieurs scénarii et nous devrions être logiquement dans la mise en place d’un protocole sanitaire réduisant la capacité d’accueil. Mais le choix gouvernemental étant d’ouvrir à tout prix la « garderie », ce protocole n’a pas été appliqué : c’est le gouvernement, et le ministre Blanquer, pour notre secteur, qui portent l’entière responsabilité de la situation.
Alors oui, dans ce contexte, la grève sanitaire « Pour garder ouverts nos établissements ! » de mardi dernier, première étape de mobilisation, a été réussie, malgré de fortes disparités dans les établissements. Il en est ressorti le refus absolu du cumul présentiel/distanciel pour les personnels et l’exigence de ne pas pénaliser les élèves. Mais sans doute, l’élément le plus criant est le besoin partout visible de personnels enseignants, de vie scolaire, infirmiers et sociaux et d’agents territoriaux. L’absence de mesures en direction des collèges n’est pas admissible.
En effet, la profession ne s’y trompe pas et c’est bien la politique de casse de l’Éducation et de la Fonction Publique qui est au cœur de la colère. Les annonces du ministre Blanquer sur l’aménagement du Bac vont vers toujours plus d’inégalités alors qu’il est tout à fait opportun de revenir à des épreuves terminales en fin d’année. Alors que le gouvernement ne cesse de revoir son budget pour les entreprises, aucune annonce n’a été faite pour revenir sur les suppressions de 1 800 postes dans le second degré et encore moins pour de nouveaux recrutements alors que le manque de remplaçants se fait cruellement sentir à tous les niveaux. Incapable de gérer les opérations de mutation, le ministère persiste et signe malgré l’opposition unanime en CTM contre les lignes directrices de gestion. Aucune communication également sur un report et l’ouverture de discussion sur l’Éducation Prioritaire, alors que la secrétaire d’État continue son tour des académies. Le refus de revenir sur le processus d’évaluation des établissements qui instille encore plus la concurrence entre les EPLE et, en outil du Nouveau Management Public, permet de contrôler encore plus notre métier. Quant au Grenelle des professeurs, les premiers montants annoncés pour la « revalorisation » sont loin du compte et les thématiques supplémentaires confirment le projet du ministre Blanquer de la lier à une redéfinition profonde de nos métiers. Enfin, et la liste n’est pas close, dans les services académiques, les personnels administratifs notent que l’application des mesures barrières et sanitaires rendent les quotidiens professionnels plus difficiles. Le surcroît des tâches lié à la crise, à sa gestion et à l’organisation du bon fonctionnement du système éducatif met les personnels administratifs à rude épreuve. Dans certains services, alors même que la ministre de la transformation et de la fonction publiques a diffusé une circulaire en date du 29 octobre 2020 qui vise à renforcer le recours au télétravail dans les administrations, certains chefs de services le refusent. Nous demandons que les agents dont les fonctions peuvent être exercées à distance et qui le souhaitent ne soient pas empêchés de télétravailler par leurs chefs de service. De plus, les personnels de laboratoire sont ignorés du protocole sanitaire concernant les travaux pratiques. Nous demandons de bien vouloir ajouter au protocole sanitaire les éléments nécessaires à la réalisation de leur mission essentielle à l’enseignement des sciences.
Pendant la première période de confinement, l’ensemble du personnel ATSS a contribué au maintien du service public. A ce titre, la demande ce que le taux n°1 de la prime COVID leur soit attribuée avait été faite.
Nous demandons la transparence sur la prime COVID versée aux personnels administratifs et nous déplorons que les personnels administratifs des EPLE ont été les grands oubliés de cette prime.
Si la continuité du service public a pu être globalement assurée, cela est essentiellement dû à l’engagement professionnel et au sens de l’intérêt général des personnels, dans tous les métiers et à tous les niveaux. Cet engagement sans faille des agents publics démontre, s’il en était encore besoin, l’urgence de reconnaître à leur juste valeur leur travail et leurs qualifications par la revalorisation globale des rémunérations et des carrières.
Les principaux points du CTA
Ce CTA portait sur le bilan de rentrée (choix des enseignements de spécialité en lycée, résultats aux examens, orientation...) et sur les prévisions d’effectifs. La rectrice a annoncé des constructions de collèges à moyen terme en Haute-Savoie. Des discussions vont être ouvertes sur les lycées en Haute-Savoie et en nord-Isère avec la région.
Concernant les questions diverses :
– l’indemnité pour les déplacements "doux" (vélo, covoiturage) sera mise en place avant le 31 décembre. Un formulaire sera diffusé aux personnels ;
– pour les personnes vulnérables au Covid 19, la circulaire interministérielle s’applique. La FSU a demandé à ce que les personnels bénéficient de TOUTES les mesures de protection renforcées et, si ça n’est pas possible, être placés en autorisation spéciale d’absence.
– pour les réunions dans les établissements, la Secrétaire générale a renvoyé vers la FAQ ministérielle qui précise que, pour les réunions des personnels, si elles ne peuvent être organisées à distance par l’usage de visioconférence, audioconférence ou encore des espaces numériques, les réunions (instance de concertation, de décision, réunions nécessaires à la coordination pédagogique, etc.) peuvent se tenir au sein d’une école ou d’un établissement scolaire dans le strict respect des consignes sanitaires (port du masque / respect de la distanciation d’un mètre entre les personnes). Pour les réunions avec les parents : Les réunions parents-professeurs, même organisées selon un système de prise de rendez-vous, conduisent à un brassage important de personnes et posent la question du respect de la distanciation physique. Elles sont donc vivement déconseillées. Afin de maintenir le lien, indispensable, avec les familles, des rendez-vous individuels seront proposés aux responsables légaux, de préférence à distance ou en présence sur rendez-vous. Nous avons demandé que la FAQ ministérielle soit diffusée et rappelée aux chefs d’établissement.