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La question de l’enseignement de l’histoire des arts et son évaluation optionnelle pour la session 2010 du DNB prend une actualité de plus en plus importante, de par les pressions et les mises en place hasardeuses dans les établissements, et surtout par les précisions apportées au niveau académique par les IPR lors des journées de l’inspection.
Une cacophonie nationale
Les récentes rencontres entre les militants du SNES, la DGESCO et les IGEN des différentes disciplines dont les plus concernées par l’évaluation – histoire-géographie, arts plastiques et éducation musicale – ne sont pas pour diminuer la cacophonie et de nous donner des réponses claires, autant sur le cadrage nécessaire (que la note de service publiée au BO ne nous donne pas !) à une telle épreuve que sur les moyens nécessaires à la mise en place de ce nouvel enseignement. Un bilan national sur la mise en place de cet enseignement et de son évaluation dans l’ensemble des académies fait état de fortes disparités et d’un non-respect du texte d’Organisation de l’enseignement de l’histoire des arts et de la note de service n°2009-148. La place laissée à l’autonomie des établissements confirme l’inégalité de nos élèves devant cet enseignement et son évaluation, où, dans certains cas, les élèves privilégiés ne sont que ceux qui ont les moyens d’une pratique artistique en dehors de l’école. Dans d’autres établissements, l’administration a inscrit de fait les élèves à cette épreuve optionnelle, sans préciser les contenus et les modalités d’évaluation aux élèves !
Le mandat du SNES de s’opposer à cette épreuve est alors tout à fait d’actualité et les rencontres lors de plusieurs stages académiques avec la profession ont conforté cette décision.
La mise en place de l’histoire des arts, ou comment le ministère met en application sa politique d’autonomie
Faire passer les régressions en matière d’égalité et de qualité de l’école par des « petits » dispositifs est aujourd’hui une méthode bien connue du gouvernement. Parallèlement à la réforme du lycée et au décret modifiant l’autonomie des EPLE, le renvoi au local de l’enseignement de l’histoire des arts et de l’évaluation en est déjà une application. La logique est simple : le ministère impose un enseignement de l’histoire des arts par un oral au DNB, sans savoir comment cet enseignement pouvait être mis en place, en renvoyant au local sa mise en place et, le tout, sans moyen. Les différents petits-chefs peuvent alors se frotter les mains : c’est le chef d’établissement qui aura le pouvoir de définir les conditions d’enseignement et d’évaluation ; c’est le conseil pédagogique qui donnera son avis sur les enseignements d’histoire des arts. L’autonomie retrouve alors sa nouvelle complice qu’est l’autorité, contre la liberté et le respect de nos pratiques disciplinaires et l’égalité de tous nos élèves qui est brisée par le texte de non-cadrage de cette évaluation. Des moyens ? Plus que nécessaire. Le discours gouvernemental méprisant les demandes du SNES de moyens ne trouve que peu d’échos parmi le corps d’inspection. Plus que cela, le ministère montre encore et toujours qu’il ne sait pas qu’est l’évaluation et, tout simplement, un élève.
Pour une histoire des arts, partie intégrante de notre conception de la culture commune
Il est utile de rappeler que le SNES n’est pas hostile à un enseignement de l’histoire des arts. Au contraire, le SNES est favorable à l’accès à la culture artistique et l’histoire des arts fait partie intégrante de la culture commune que nous défendons, à l’opposé d’une histoire des arts à la visée réductrice que l’on retrouve dans les items des livrets de compétence. La question du travail pluridisciplinaire dans ce domaine avec une évaluation dans le cadre des disciplines impliquées doit d’ailleurs être posée. Dans ce sens, des heures de concertation devraient être prévues dans l’emploi du temps des collègues volontaires ainsi que les aménagements nécessaires d’emplois du temps.
Vers un cadrage académique, la vigilance s’impose !
La récente Journée de l’inspection à Grenoble, qui inaugure la tenue de sept autres journées dans l’académie, a permis aux IPR de présenter cet enseignement à l’ensemble des collègues. Les questions de l’organisation de l’histoire des arts, de son évaluation, des moyens, ont été abordées, et, si toutes les réponses n’ont pas été apportées, il est à noter que les orientations prises dans l’académie de Grenoble lèvent des doutes sur un tel enseignement.
Sur la question de la mise en place pour cette année, les IPR ont rappelé la nécessité de proposer des itinéraires aux collèges et lycées, tout en relevant la difficulté devant la tâche à accomplir. Si l’enseignement de l’histoire des arts concerne cette année l’ensemble des niveaux, les IPR demandent de faire preuve de modestie et ont souligné le droit à l’erreur, à mettre en place un à un les itinéraires d’histoire des arts. Dans ce sens, ils ont confirmé le bilan que nous avions tiré des lettres de l’inspection de rentrée.
Sur la question des disciplines et du transdisciplinaire, les itinéraires présentées se calent sur les programmes disciplinaires. Les IPR – principalement pour l’histoire-géographie, l’éducation musicale et les arts plastiques – ont soulignés le fait que l’histoire des arts fait partie intégrante de nos enseignements depuis plusieurs années. La construction des itinéraires d’histoire des arts, telle qu’elle nous a été exposée, part des périodes historiques, des six grands domaines artistiques et des thématiques définies dans l’organisation de l’histoire des arts. Le travail doit se faire en accord avec les programmes disciplinaires et les exigences des disciplines impliquées, particulièrement par la pratique pour les disciplines artistiques.
Sur la question de l’évaluation, les IPR ont mis l’accent sur une évaluation en deux temps : une évaluation formative dans le cadre disciplinaire, et une évaluation sommative par un oral sur l’histoire des arts. Les collègues ont souligné la nécessité d’une grille d’évaluation et donc d’un véritable cadrage de cette épreuve, grille d’évaluation que les IPR proposent de construire à partir des évaluations des TPE en lycée et des grilles d’évaluation de l’oral d’histoire-géographie du CAP. Les questions du contenu de cet oral ont été abordées. Ce qui ressort des réponses des IPR est une évaluation sur l’enseignement mené. Si la possibilité existe pour les élèves de proposer un travail personnel, conçu en-dehors de l’enseignement d’histoire des arts, il ne pourra en aucun cas être une obligation, l’évaluation portant sur l’itinéraire et sur la problématique de celui-ci. D’autres questions restent en suspend sur la composition de cette grille d’évaluation, sur le nombre d’itinéraires sur lesquels les élèves pourront être interrogés. Beaucoup de questions sont restées sans réponse, les IPR attendant la fin de ces journées pour proposer un cadrage académique.
Sur la question des moyens, les collègues ont précisés les difficultés, voir l’impossibilité de mettre en place cet enseignement et son évaluation devant la charge de travail qui s’accroît sans cesse (programme difficilement tenable pour l’histoire-géographie, charge d’orientation en perpétuelle hausse du fait du nombre de COPsy en baisse, etc.). A ce jour, aucun moyen supplémentaire n’a été dégagé. Une réunion dirigée par le recteur, à laquelle prendront part les IPR, les IA des 5 départements et des chefs d’établissement, doit avoir lieu le 12 janvier, réunion à laquelle seront abordées les questions des calendriers, des moyens financiers à mettre en œuvre. La note de service sur l’évaluation indique que l’oral doit avoir lieu dans le cadre de l’emploi du temps des élèves. Conscients de l’impossibilité de faire passer cet oral dans les heures des disciplines impliquées, les IPR ont souligné la nécessité de journées banalisées, tant pour l’évaluation que pour la mise en place de cet enseignement. Enfin, un arbitrage devra être rendu sur l’attribution d’HSE pour les collègues.
Ces précisions des IPR éclairent beaucoup de zones d’ombre et imposent déjà un cadre à des mises en œuvre hasardeuses dans des établissements. Le respect des disciplines est un cadre essentiel que nous revendiquons. Reste cependant beaucoup de questions en suspend. L’évaluation ne peut se faire que sur des bases claires, partagées par tous, que les propositions des IPR devront conforter. L’égalité de tous nos élèves et donc du travail sur le seul temps scolaire est une question sensible sur laquelle nous serons extrêmement vigilants, tout comme l’adossement de cette épreuve aux livrets de compétence (comment évaluer la curiosité artistique chez des élèves issus de milieux défavorisés ?). Enfin, la question des moyens retient est une question préalable à toutes les autres, autant pour cette année pour la mise en place à la hâte de cet enseignement imposé par le couperet de l’épreuve du DNB que pour les années à venir. Le recteur et le ministère doivent entendre nos revendications sur :
– un cadrage national de l’oral d’histoire des arts ;
– des moyens pour la concertation des équipes et la mise en place de cet enseignement.
Le cadre présenté par les IPR constitue une avancée par rapport aux textes publiés au BO. Il nous faut donc être extrêmement vigilant sur la mise en place de cet enseignement et imposer nos choix pour la réussite de tous nos élèves.