11 septembre 2022

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Une rentrée dans des conditions déplorables

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Cet article n'est probablement plus d'actualité

Les premiers retours des établissements confirment malheureusement nos alertes sur les conditions désastreuses de la rentrée.

En collège, les remontées des établissements font état d’une généralisation des problèmes de rentrée. Des collèges connaissent encore des effectifs de groupes de langue à 28 alors que les classes ont des effectifs moindres, des niveaux sont regroupés dans un même groupe afin d’économiser des heures, les ULIS sont à 15 élèves alors que les préconisations ministérielles sont de 10 et les manques de personnels se multiplient. Il reste des heures non pourvues dans plus d’un tiers des remontées des collèges de l’académie et 9 collèges sur 10 font état du manque de personnels : assistante sociale, PsyEN, AED, AESH, CPE ou personnel administratif.

Au sein des PIAL, les manques d’AESH se multiplient et, si les collèges semblent couverts, ça n’est pas le cas dans les écoles.

Au lycée, les effectifs sont toujours chargés dans les classes, et lorsqu’il faut récupérer des moyens ce sont les groupes de spécialités qui voient leur taille augmenter. C’est d’autant plus inquiétant que les épreuves de spécialités devraient avoir lieu en mars pour la première année depuis la mise en place de la réforme.
Les options et enseignements à faibles effectifs sont gravement menacés avec des emplois du temps dissuasifs pour les élèves.
De nombreux collègues ne sont pas encore nommées, faute de candidat-es. Cela impacte de nombreuses classes et les élèves à qui il manque quelques heures de cours ne sont pas rares.

663 blocs d’heures sans prof !

Le rectorat ne se cache plus du manque de personnel en publiant depuis quelques années la liste des postes à pourvoir, cherchant désespérément des contractuelles et toutes les disciplines sont impactées avec des zones de très fortes tensions comme la Haute-Savoie. Au 31 août 2022, la liste des blocs de moyens provisoires (BMP) vacants en cette rentrée s’étale sur 9 pages avec 663 BMP en souffrance dans les collèges et lycées.

Déjà, à la fin du mouvement intra académique, nous interpellions le rectorat sur les risques d’un manque cruel de personnels pour la rentrée. Le bilan des mutations intra académiques révélaient que des postes restaient vacants dans quasiment la totalité des disciplines. L’économie-gestion et la technologie étaient les principales sinistrées, mais également les SII, l’histoire-géo, les lettres classiques, l’allemand, les STMS, espagnol, documentation... La liste s’allonge d’année en année et la situation continue de se détériorer en Haute-Savoie et en nord Isère. Cette crise touche l’ensemble de nos professions avec des postes vacants de CPE et un manque cruel de PSY-EN. Entre juin et la rentrée, le bilan reste le même et le déficit n’a pas été résorbé par le recrutement de contractuelles.

Lors du Comité technique académique, la FSU avait interpellé le rectorat sur la crise de recrutement et les conséquences qui ne manqueront pas de se produire. Nous avions déjà eu une esquisse de réponse avec le refus de la rectrice d’ouvrir des classes en STMG avec des conséquences désastreuses pour les élèves. La rectrice expliquait sa décision en mettant en avant la revalorisation de la voie technologique ! Mais, quand on voit la liste des postes de STMG non pourvus, il n’est pas difficile de trouver une autre explication.

TZR et contractuelles : des conditions de travail dégradées

La seconde réponse passait par la fidélisation des contractuelles. Pour la FSU, le nouveau cadre de gestion des contractuelles dans l’académie est insuffisant à plus d’un titre. Le rectorat affiche une volonté de « fidélisation », mais rien n’est mis en œuvre pour offrir des contrats décents ; les contractueles recrutées sur des remplacements ne le seront pas à l’année et se voient souvent amputées des vacances scolaires. La FSU a fait noter la nécessité de formation pour permettre aux contractuelles de préparer les concours internes, mais le ministère se refuse d’ouvrir les places et de réfléchir à un plan de recrutement massif.
Pour faire face au manque contractuelles, le rectorat essaie de les recruter à l’année, souvent sur de petits BMP, obligeant beaucoup à chercher des heures sur plusieurs établissement pour pouvoir vivre. Cette politique d’affectation se fait au dépend des TZR mais aussi des contractuels qui exercent depuis plusieurs années, qui subissent des affectations impossibles…

Le SNES-FSU refuse cette mise en concurrence des personnels. Le rectorat mène une politique qui dégrade les conditions de travail des personnels. Le SNES-FSU organise le 14 septembre des réunions d’information pour les TZR et contractuelles et une audience a été demandée en particulier sur ce point.

Stagiaires : beaucoup pensent à démissionner

Concernant les stagiaires, beaucoup ont appris les conditions réelles de formation avec un temps plein pour beaucoup devant les élèves et une journée « dégagée » pour la formation. Bref, un retour à la destruction de la formation initiale qui rappelle la réforme Darcos. Cette détérioration s’accompagne d’affectations loin des lieux de formation, principalement en Haute-Savoie, éloignées des transports en commun pour se rendre à l’INSPE de Grenoble ou de Chambéry. Une double peine pour beaucoup qui pensent à démissionner du fait d’une situation matérielle difficilement supportable.

Un cap a été franchi

Enfin, cette rentrée, un cap a été franchi, à l’image de l’été caniculaire que nous avons connu et pour lequel Météo France annonce qu’il préfigure les étés à venir. Nous ne sommes plus à des BMP de disciplines sous tension vacants, mais à des absences de personnels de direction, de CPE, de PsyEN, de personnels administratifs, de médecins scolaires, avec des établissements qui rentrent sans que les emplois du temps soient faits, sans que les personnels en vie scolaire soient recrutés, avec des manques de plus d’une AESH sur 3 dans des PIAL. Dans quelques établissements, c’est parfois la sécurité des élèves qui se pose au moment même où le bien-être des élèves devient un leitmotiv.

La rentrée est désastreuse et le SNES-FSU tire la sonnette d’alarme depuis l’année dernière. Et en cette rentrée, plus personne ne le conteste et tous les commentateurs s’accordent sur la nécessité de la revalorisation de nos professions. Alors continuons à alerter les médias, à témoigner de la réalité du fonctionnement de nos établissements. L’heure n’est pas à la résignation, mais à la mobilisation pour gagner !