3 juillet 2025

Nos métiers

Vies scolaires : jamais plan-plan, mais toujours face à un nouveau mauvais plan !

Vies scolaires : jamais plan-plan, mais toujours face à un nouveau mauvais (…)

S’appuyant sur le constat que « dans certains collèges et lycées, un climat scolaire dégradé peut nuire aux apprentissages et freine la progression des élèves », la ministre a décidé de lancer « un plan pour la tranquillité scolaire qui s’articule autour de trois priorités : protéger, apaiser et responsabiliser », publié au Bulletin Officiel du 5 décembre 2024pour la rentrée 2025.
S’il est évident qu’un établissement scolaire doit être sécurisé, il s’agit de le faire avec des moyens humains et non en le transformant en « bunkers » et en cantonnant les personnels de la vie scolaire au rôle d’agents de sécurité !
En réalité, depuis des années, le ministère de l’Éducation nationale s’évertue en fait à faire de l’école une garderie et à empêcher sa mission émancipatrice.

Plan après plan, les vies scolaires sont réduites à peau de chagrin. Année après année, nous alertons le rectorat sur l’insuffisance des moyens et leurs conséquences pour les élèves et les personnels :

  • les moyens AED sont redéployés entre établissements « sur-dotés et sous-dotés » alors que les besoins réels sont partout supérieurs aux dotations.
  • les AED ne sont pas ou peu remplacées, sans parler de la prétendue impossibilité, dans l’académie de Grenoble, de remplacer une AED en CDI par des moyens CDD, bloquant de multiples CDIsation. Après avoir fait courir cette rumeur pendant deux ans, les services avouent enfin lors du groupe de travail du 10 juin que ce n’est en fait pas impossible, mais qu’il faut abonder une autre enveloppe budgétaire !
  • les cheffes d’établissement recourent de plus en plus aux contrats AED avec des quotités de service de 75 % voire 50 % pour permettre plus de flexibilité, mais plongeant les AED vers toujours plus de précarité.
  • les postes de CPE sont en nombre insuffisant par rapport à de nombreuses académies et parfois partagés sur deux établissements.
  • les nouveaux établissements sont ouverts avec du redéploiement du personnel vie scolaire ( AED et CPE) au lieu de créations de postes.

Le Ministère dit que les caisses sont vides, et qu’on ne peut pas créer des postes. Le plan tranquillité prévoit pourtant, dans l’académie de Grenoble, la création de 13 postes de CPE et de 37 postes d’AED. Ces postes seront sous la responsabilité du DASEN, répartis dans des pôles créés pour l’occasion.

Il faut bien se rendre à l’évidence : de l’argent il y en a !

Mais pas pour créer des postes pérennes ou pour maintenir des postes (19 établissements sont touchés par la diminution de moyens AED cette année). Rien pour aider les élèves et améliorer les conditions de travail des collègues. On crée des postes inutiles puisque supprimés au bout d’un ou deux ans (abandon du plan internat d’excellence ou du plan mixité sociale), et avec des missions particulières - « particulières » dans le sens où « tout reste à construire, à imaginer » dixit les services du rectorat le 10 juin !
Le rectorat de Grenoble publie en catimini le 18 juin une fiche de poste ( les organisations syndicales ont pourtant demandé à y être associées) , qui confirme une vision dévoyée et sécuritaire des missions de CPE pourtant définies dans la circulaire de leurs missions de 2015.
C’est l’essence même de ces métiers qui est attaquée.

L’idée n’est plus d’accompagner, d’éduquer, d’émanciper mais de rendre « tranquille » notre jeunesse, de restaurer l’ordre et l’autorité, avec une rhétorique venu de l’extrême droite : brigade, opération coup de poing, etc.

Avec la loi de Transformation de la Fonction publique, le SNES-FSU avait alerté sur le risque de voir les règles sur le déploiement des postes ne plus être respectées. Voilà nous y sommes. Et quand nous nous inquiétons d’un discours autoritariste sur les missions des CPE ou AED, nous espérons une nouvelle fois nous tromper.
Les bonnes vieilles solutions simplistes du tout répressif visant à encadrer une jeunesse « ensauvagée » ne cessent de montrer leurs limites.

Les derniers événements tragiques, notamment le décès de notre collègue AED tuée devant son établissement pendant que des gendarmes procédaient à une fouille des sacs, mettent en lumière l’exposition à laquelle les personnels vie scolaire sont confrontées dans l’exercice de leur fonction. Les vies scolaires sont fortement sous-dotées face aux défis actuels et les AED et CPE doivent souvent composer avec des centaines d’élèves. Elles et ils se retrouvent souvent en première ligne, exposées aux risques, dans un rôle de « vigiles d’établissement » qui n’est pas le leur.

Des réponses uniquement répressives ne régleront pas les faits de violence qui ne sont le plus souvent que le surgissement de faits de société au sein de l’École Des moyens humains suffisants dans les collèges et les lycées sont indispensables et ce n’est hélas pas le choix actuel de notre institution lorsqu’on voit le déploiement de ce nouveau plan tranquillité.

Une politique basée sur des réponses éducatives, de la prévention, des moyens de vivre ensemble doivent rester l’alpha et l’oméga de notre Éducation nationale et c’est le combat quotidien que porte le SNES-FSU. À vos cotés.

Flash spécial CPE :

Le SNES-FSU est engagé depuis toujours dans la construction de l’identité professionnelle des CPE, en lien étroit avec la profession. Dès 2018, soit 3 ans après la parution de la circulaire de missions, nous faisions un point sur l’évolution du métier et recueillions les attentes, les constats et les priorités de la profession. Cette première enquête avait en outre permis de mettre en lumière notre nouvelle circulaire et à l’époque de mieux la faire connaître. Cette circulaire fêtera ses dix ans à la rentrée prochaine. C’est l’occasion pour le SNES-FSU de renouveler son travail d’enquête.
Nous vous invitons donc à participer rapidement à l’enquête CPE : https://enquetes.snes.edu/index.php...
La 5ieme rencontre métier CPE : « La circulaire de missions CPE a 10 ans ! Quel bilan pour le metier ? » prévue le mercredi 5 novembre à Paris permettra de reprendre ses résultats. ( rencontre ouverte à tous les CPE syndiquées, n’hésitez pas à vous inscrire)

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