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Des yeux pour décrire, expliquer, reprendre, adapter, soutenir, aider et s’effacer petit à petit pour amener les jeunes vers une autonomie, aider à l’acceptation du handicap dans le groupe classe.
Nous sommes présents, une présence active qui reconcentre, raccroche le fil, réexplique…
Nous sommes embauchés avec le BAC minimum (le niveau IV correspond au bac et aux brevets de technicien, la catégorie B nécessite, elle, d’avoir obtenu un diplôme de niveau bac à bac + 2, bac + 3 ou équivalent) et c’est grâce à notre bagage, une expérience et plus, une assimilation déjà acquise des notions proposées par le professeur que nous pouvons accompagner ces jeunes de la maternelle au lycée. C’est bien en appui sur le contenu du cours que nous pouvons aider au plus près les jeunes. Il s’agit bien alors de se positionner en tant que tiers, une posture pas toujours évidente mais qui s’apprend avec l’expérience.
Nous sommes les yeux, les mains, les oreilles, les jambes, une pensée parfois, nous pallions ce qui fait défaut. Certes nous ne transmettons pas le Savoir mais nous faisons en sorte qu’il soit adapté aux élèves porteurs de handicap.
Nous sommes un soutien au quotidien, un étai (définition : pièce de charpente servant à soutenir ou à épauler provisoirement toute partie d’un ouvrage qui se déforme, se déverse ou qu’on reprend en sous œuvre). Sans un étai la charpente s’effondre !
Comment un jeune porteur de handicap peut-il être inclus de façon décente dans une classe de 25/30 élèves ?
C’est bien notre aide précieuse, notre capacité à le soutenir mais aussi à s’effacer progressivement pour le rendre autonome, qui permet une réelle inclusion.
Ces yeux que nous sommes, ont acquis une grande expérience dans la déficience visuelle (entre autre), nous avons la motivation, l’envie de continuer à être présents auprès de ces jeunes.
Mais aujourd’hui nous n’avons que nos yeux pour pleurer. Une motivation dont vous vous servez mais qui n’entraîne aucune reconnaissance salariale.
Une grille indiciaire en deçà d’un agent de la fonction publique de catégorie C : Le niveau V correspond à un niveau de 3e (ex. : BEP, CAP), les concours de catégorie C ne nécessitent pas obligatoirement d’avoir un diplôme, mais en règle générale, il faut posséder un diplôme sanctionnant un niveau 3e (BEP, CAP, BEPC, etc.), avec un indice plancher à 307 ne pouvant dépasser 400 d’IB (arrêté du 27/06/2014). Il nous faudra donc 24 ans de bons et loyaux services rendus à l’Etat mais surtout à ces jeunes inclus dans les classes, pour atteindre l’indice 400 si nous réussissons avec brio 8 entretiens professionnels (un petit air du fonctionnement du Privé : objectifs, entretien annuel…augmentation ?)
Le statut d’AESH reste à ce jour un emploi plus que précaire, nous ne sommes pas considérés, nous sommes « jetables », remplacés par un autre AESH en CDI peut-être si l’enveloppe budgétaire le permet ou un AESH en CUI surement pour faire baisser le taux de chômage.
Notre valeur professionnelle et notre manière de servir ne tendent pas vers une réelle professionnalisation.
Nous sommes assimilés fonctionnaires mais pas titulaires, nous n’avons donc pas de Corps mais une âme blessée par cette méprise. Nous œuvrons pour l’inclusion mais paradoxalement nous nous sentons exclus.
Nous demandons d’être rattachés à une grille salariale de catégorie B, avec un diplôme d’AESH décent pour un avenir plus serein.
Nous demandons de reconsidérer la grille indiciaire (à ce jour après 9 mois de CDIsation nous sommes à l’indice 315).
Nous demandons la possibilité de travailler à plein temps, à ce jour nous travaillons 18h pour beaucoup d’entre nous, temps partiel forcé qui participe aussi à la précarité de notre situation.
Parcours d’AVS devenues AESH
– 6 ans de CDD successifs pour accompagner les élèves porteurs de handicap à une inclusion scolaire.
– puis à défaut un contrat transitoire de 10 mois.
– et un CDI au ras des pâquerettes (le printemps arrive).
8 ans au total, 10 ans avant l’entretien professionnel pour une éventuelle augmentation.
Les AESH de l’Isère