Une liste des RRS de l’académie sur le site ministériel consacré à l’éducation prioritaire a été publiée cette année.
Petit rappel, les RAR et les RRS sont les nouvelles dénominations des établissements de l’éducation prioritaire depuis la réforme de 2006. Voir à ce sujet les pages du site national : [1]
Les RAR, le seul collège Lucie Aubrac à Grenoble, sont définis par le ministre et la constitution des RRS est de la compétence du recteur. Cette réforme change profondément la politique scolaire de l’éducation prioritaire.
Cette nouvelle liste des RRS laisse apparaître une profonde refonte de la carte de l’éducation prioritaire. L’ensemble des LP et le lycée de Pont-de-Chéruy ne seraient plus concernés. 15 collèges sortiraient de l’éducation prioritaire et 4 entreraient dans l’académie. Au total, ce seraient près de 10 000 collégiens et lycéens qui seraient concernés (40 % des élèves du secondaire des REP de l’académie).
La logique de l’élaboration de cette liste est difficile à cerner.
Les critères de classement
Les données disponibles sur les établissements permettent de comparer les établissements en fonction des indicateurs retenus pour le classement RAR, ainsi que pour le classement RRS dans l’académie de Besançon qui a effectué ce classement en 2008 :
– Les Réseaux Ambition Réussite :
Le ministère a classé les établissements en "Réseaux Ambition Réussite" selon des critères nationaux, tant sociaux que scolaires :
* la part d’enfants issus de familles appartenant à des catégories socioprofessionnelles défavorisées (66 %),
* la part d’élèves ayant des résultats faibles aux évaluations en sixième (20 points au-dessous de la moyenne),
* la part d’élèves ayant un retard scolaire de deux ans en sixième,
* la part des parents bénéficiaires du RMI,
* la part des enfants ayant des parents non francophones.
– Les Réseaux de Réussite Scolaire, classement pour l’académie de Besançon :
EP2 : Secteurs d’écoles et collèges cumulant des difficultés sociales et culturelles clairement repérées. Les contrats d’objectifs scolaires seront renouvelés pour la période 2010/2013.
EP3 : Secteurs d’écoles et collèges présentant des caractères de fragilité moins marquée ou réseaux se limitant à une ou deux écoles à profil difficile. Sortie progressive du dispositif « éducation prioritaire » (ces RRS terminent leur « contrat d’objectifs scolaires » en juin 2010).
Méthode de travail pour le classement en EP2 ou EP3
• Pourcentage CSP défavorisées en primaire et écart à la moyenne académique.
• Pourcentage CSP défavorisées en collège et écart à la moyenne académique.
• Pourcentage boursiers en collège et écart à la moyenne académique.
• Écart aux moyennes nationales aux évaluations CE2 et 6e en français et mathématiques.
• Taux moyens de réussite obtenu par les 10% des élèves les plus faibles aux évaluations CE2 et 6e en français et mathématiques.
Les indicateurs de 4 établissements de l’académie
Les données ci-dessous sont disponibles sur le site du rectorat pour l’ensemble des EPLE.
A comparer les établissements « entrants » et les « sortants », les critères sociaux et de réussite des élèves ne permettent pas de comprendre ce classement.
Par exemple, le collège ZEP Champ-Fleuri de Bourgoin-Jallieu, non repris dans la liste RRS, connaît une situation sociale proche de celle du collège « entrant » de l’Edit de Saint-Maurice-l’Exil, tout comme pour celle du taux de réussite au DNB. La seule différence concerne la part des élèves de 12 ans à l’entrée en 6e (25 % à Bourgoin et 17 % à Saint-Maurice-l’Exil) et celle des élèves de 15 ans (27 % à Bourgoin et 33 % à Saint-Maurice-l’Exil). Conclusion, les élèves ont une meilleure scolarité au collège classé ZEP, collège ZEP que l’on fait sortir de la liste des RRS. Pour prendre l’exemple du département de la Drôme, le collège Europa de Montélimar est annoncé comme sortant de la liste RRS, alors que tous les indicateurs traduisent une situation plus difficile que celle du collège de Loriol-sur-Drôme.
Interpellés par les collègues du SNES, les IA de la Drôme et de l’Isère n’étaient pas au courant de cette liste. Mais, en urgence, l’IA de l’Isère a convoqué les coordonnateurs des REP afin d’expliquer les priorités pour les années 2010-2013 et aussi de préciser les modifications concernant les établissements en réseau.
Le fonctionnement en REP est maintenu jusqu’en 2011 sans changement y compris pour les établissements "sortants" cette année. Reste que 2011, c’est l’année prochaine…
Pour le secrétaire général de l’académie, les RRS ne sont qu’une nomenclature ministérielle destinée à une utilisation statistique mais ne remettent pas en cause, pour le moment, la carte des ZEP, ni l’attribution de l’indemnité de sujétion spéciale qui reste le seul élément associé au label ZEP (les éventuels moyens spécifiques sont désormais attribués sur d’autres critères).
Le sentiment que nous avons à la section académique est que l’administration ne semble pas connaitre les textes qui régissent aujourd’hui l’éducation prioritaire.
La circulaire de « relance » de l’éducation prioritaire de 2006 stipule que « Pour l’ensemble de l’éducation prioritaire, il convient qu’un collège devienne l’unité de référence du réseau qu’il crée avec les écoles élémentaires et maternelles d’où proviennent ses élèves. Sur ce modèle, en lieu et place des réseaux existants dans l’éducation prioritaire, se structurent les 249 réseaux “ambition réussite” et les autres réseaux dits “de réussite scolaire”. »
Cela veut bien dire que les ZEP et REP doivent disparaitre à terme et que seuls les collèges sont concernés.
Si nous suivons la politique initiée dans d’autres académies, nous ne pouvons qu’être sceptiques au sujet des explications du rectorat de Grenoble. Déjà, en 2008, le rectorat de Besançon a établi la liste des RRS, ce qui s’est traduit par la sortie de l’éducation prioritaire de 5 secteurs ZEP/REP de cette académie.