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Dans le cadre de la présidence du conseil de l’Union Européenne, le MEN a organisé une conférence intitulée « Gérer les transitions : L’orientation tout au long de la vie dans l’espace Européen » à Lyon les 17 et 18 septembre. Cette conférence devrait aboutir à un plan d’action « pour l’orientation tout au long de la vie » qui sera présenté lors du conseil des ministres de l’Education de l’UE les 14 et 15 novembre prochain à Bordeaux. Catherine Remermier et Roland Hubert étaient à Lyon et sont intervenus pour le SNES.
Comme il fallait s’y attendre la conférence européenne sur l’orientation tout au long de la vie des 17 et 18 Septembre était éminemment politique. 27 délégations étrangères y étaient représentées et plusieurs hauts responsables français y ont pris la parole.
Même si aucune annonce précise n’a été faite, les objectifs et les axes directeurs que l’Europe entend mettre en oeuvre dans tous les états membres ont été détaillés.
Le nouveau rôle de l’orientation :
Plusieurs intervenants l’ont martelé pendant les deux jours : L’orientation tout au long de la vie doit faire disparaître les frontières entre orientation scolaire et orientation des adultes. La conception dominante est de faire de l’orientation un instrument des politiques de l’emploi devant permettre aux individus de gérer leur carrière, de négocier les transitions entre l’Ecole et l’emploi mais également entre deux emplois. C’est une représentation totalement économiste bien éloignée de notre conception éducative visant à mettre la personne en condition pour qu’elle adhère à une responsabilisation individuelle de ses problèmes d’emploi, de reconversion, de mobilité ou de compétitivité. L’orientation scolaire est pensée sur le même mode et apparaît comme la première étape de ce parcours d’adaptation-résignation aux conditions de l’emploi. Les consultants sont des clients-consommateurs qu’il faudrait satisfaire au mieux. La concurrence entre les organismes d’orientation étant chargée de faire le tri !
La définition de l’orientation
Elle a été précisée par le directeur de la DEGESCO qui l’a présentée comme une démarche « rationnelle organisée, volontaire permettant de choisir sa voie sur la base d’une connaissance des métiers, des formations et de ses goûts, d’acquérir une autonomie intellectuelle afin de pouvoir s’orienter tout au long de sa vie ». Le directeur de la degesco n’a pas hésité à comparer l’orientation et les valeurs du siècle des lumières basées sur l’autonomie, la liberté la capacité d’aller là où on veut. Un élément fondateur de l’identité européenne même !
Au-delà du lyrisme, c’est une vision complètement partiale ne prenant nullement en compte la spécificité de l’adolescence et réduisant les choix à une procédure rationnelle qui peut s’apprendre ! Le socle est présenté évidemment comme l’instrument de cet apprentissage confié aux enseignants car faisant partie de la formation intellectuelle de leurs élèves.
Les objectifs à poursuivre
Après avoir stigmatisé les échecs du système éducatif, (allant même jusqu’à parler de « déchets » pour qualifier les jeunes sortis sans qualification de l’Ecole !), le Ministre a souligné les 4 défis européens à relever :
•Limiter les sorties sans qualifications en particulier parce que ce sont des jeunes en but au déterminisme social
•Limiter les échecs dans le supérieur et éviter les choix par défaut
•Adapter la formation à l’emploi
•Gérer les transitions entre deux emplois
Le Ministre a tenu à faire référence au modèle anglais invitant tous les pays européens à s’en inspirer. Quand on sait que ce service fut totalement privatisé par M Thatcher et que le gouvernement travailliste s’était contenté de réinjecter quelques fonds publics on peut s’inquiéter ! C’est ni plus ni moins le modèle des missions locales puisqu’il a vanté « les dispositifs qui permettent d’étendre l’orientation scolaire, à la famille, à la santé, à la maternité et au logement »
L’information et le conseil par internet semblent également très appréciés par le Ministre .
Il a précisé qu’en France plusieurs initiatives avaient été prises dans le sens des défis européens. On ne sera pas surpris de voir citer la DP3, le parcours de découverte des métiers dès la 5e, le Bac Pro en 3ans et la nouvelle organisation de la seconde qui doit comprendre désormais selon JP De Gaudemar « un temps identique à celui de la DP3 pour préparer à l’orientation future, à ce qui est la vocation du lycéen français : l’accès à l’enseignement supérieur ».
Un projet de résolution soumis par la France au conseil des ministres européens en novembre.
La France souhaite aboutir à un nouveau projet de résolution qui devrait être exposé comme le résultat de cette conférence ( !). G AZERAF, IGAEN, l’a présenté comme une nécessité dans le contexte de mondialisation, d’élargissement de l’UE, de déséquilibre du marché du travail, et de volonté d’égalité des chances. « L’orientation doit être un processus continu qui permet aux citoyens de déterminer leurs capacités, leurs compétences, de prendre des décisions, de gérer leur parcours personnel dans l’Education, la formation et le travail »
Il a défini 4 axes .
•Favoriser l’acquisition de la capacité à s’orienter tout au long de la vie.
Il s’agit de promouvoir la conception d’un « citoyen acteur de tous ses parcours de vie », « d’identifier les compétences clés sociales, civiques, développer l’aptitude à l’autoévaluation et l’information ». Il est nécessaire de prendre en compte les spécificités car tous les individus n’ont pas les mêmes chances.
•Faciliter l’accès de tous au service d’orientation comme service d’intérêt général.
Ceci suppose « un effort pour le public démuni, une lisibilité de l’offre d’information, une proximité de l’offre, un libre accès, un accompagnement, un conseil et une prise en charge si nécessaire, la promotion active des services et des acteurs.
•Le développement d’une assurance qualité et une évaluation de l’efficacité des actions. Ce qui implique « de définir les objectifs, de travailler sur la pertinence des informations dispensées aux usagers, de développer des outils sur les perspectives d’emploi, de donner des informations au niveau pertinent qui est celui de la région ». Pour cela il importe « de professionnaliser les acteurs de l’orientation, de disposer de données fiables, de créer des standards de qualité incluant la satisfaction -client »
•Encourager la coopération entre les différents acteurs
. Aujourd’hui il y a une série d’acteurs mais la résolution pointe des défaillances dans la coordination. Il faut selon le rapporteur « installer des mécanismes durables de coordination entre les pouvoirs publics au niveau national, régional et local, introduire un volet orientation dans les stratégies nationales d’Education et de formation tout au long de la vie, mettre en réseau au niveau local les services concernés »
Et le service public d’orientation dans tout ça ?.
Oublié, inconnu des principaux responsables du MEN ! Le ministre ne s’est pas contenté de ne pas citer une seule fois le nom des co-psy ni des CIO, il a très fortement souligné que « les enseignants étaient ceux qui connaissent le mieux les élèves, leurs désirs, leurs aspirations » A quand les divans dans les salles de classe ?!
Le compte rendu assez partial des ateliers où nous avons pu intervenir a quelque peu dérangé la belle organisation aseptisée et faussement consensuelle des deux jours. Voilà que des membres de ce service fantôme se rappelaient au souvenir de nos décideurs ! Et les psychologues savent combien les membres fantômes sont encombrants ; cela peut occuper l’esprit et même faire souffrir ! Du coup, dans la suite de la conférence, plusieurs interventions nous ramenèrent à l’existence, à côté des enseignants !
Manifestement les choses vont se préciser très rapidement. Projet de regroupement des services avec d’autres, projet de redéfinition des missions, projet de modification du statut et de la formation. Mais rien n’est encore arrêté !
Si le problème des co-psy et des CIO avait été si simple nous aurions disparu depuis longtemps ! Il est encore possible de faire pression et de créer un rapport de force qui nous permette de nous faire entendre. La signature de l’appel, les actions de terrain pour stopper toute tentative de fermeture de CIO, de formation des enseignants « au conseil personnalisé en orientation », de nomination d’enseignants en surnombre sur des postes de co-psy atteste de la vitalité de notre profession et de la volonté de tous les acteurs de l’Ecole de ne pas accepter notre disparition. Il faut les poursuivre. Le MEN cherche une voie de passage. A nous de la baliser et de faire nos propositions. C’est dans cette perspective que le Snes a fourni les bases de ce qui pourrait constituer une réflexion sur l’orientation (voir sur le site du Snes www.snes.edu)
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