De 1789 à 1791, l’Assemblée nationale constituante entreprend de détruire l’Ancien Régime et de jeter les bases d’une société nouvelle. En 1791, plusieurs lois dont la fameuse « loi le Chapelier » mettent fin aux corporations de métiers. Elles interdisent toute coalition de métiers et toute entente de travailleurs pour obtenir de meilleurs salaires ou conditions de travail ; la grève est illégale.
Pour la bourgeoisie triomphante, la relation entre le salarié et l’employeur est une relation individuelle librement consentie ; les revendications ou actions collectives de salariés constituent une atteinte inacceptable à la liberté. Cette période sans droits collectifs est celle de la plus grande misère ouvrière.
Ces dispositions résistent à tous les régimes qui se succèdent de 1791 à 1864 ; mais comme en témoignent les différentes lois qui visent à les rappeler ou les renforcer, elle n’empêchent ni les « coalitions », ni les grèves, ni les révoltes.
La révolutions de février 48 et la proclamation de la seconde république laisse pourtant entrevoir une évolution favorable aux classes populaires :
- rétablissement du suffrage universel masculin,
- abolition de l’esclavage, proclamation de la liberté d’association et du principe du droit du travail,
- journée de travail limitée à 10h00 à Paris et 11h00 en province.
Mais quelques mois plus tard, la réaction du parti de l’ordre, puis le coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte mettent fin à cet espoir. En 1862 des grévistes sont condamnés puis graciés ; lors de l’exposition universelle de Londres, les contacts entre ouvriers français et anglais jettent les bases de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT ou Ire Internationale) qui verra le jour deux ans plus tard. En mai 1864, le code pénal est modifié et le droit de grève est reconnu mais pas la liberté d’association.
La semaine sanglante
Après la défaite militaire, la chute de l’Empire et le siège de Paris, le peuple parisien refuse les conditions d’armistice et proclame la Commune de Paris.
Du 22 au 28 mai 1871 : les troupes « versaillaises » du gouvernement provisoire reprennent Paris et procèdent aux exécutions sommaires de près de 30 000 travailleurs : c’est la semaine sanglante qui s’achève au « mur des fédérés », au cimetière du père Lachaise.