17 octobre 2024

Vie syndicale et stages

Rencontrer votre cheffe d’établissement en délégation

La plupart des problèmes peuvent se régler au sein de l’établissement dès lors qu’ils sont clairement exposés à la direction d’établissement avec des revendications élaborées collectivement. La délégation évite la personnification et le déplacement des échanges sur le plan affectif et émotionnel.

Votre cheffe d’établissement a beaucoup de travail et de décisions à prendre dans ses journées. Elle ou il n’a pas toujours forcément conscience des conséquences qu’elles peuvent engendrées sur nos conditions de travail, ou n’a pas toujours envie de consacrer plus de temps à élaborer de meilleures organisations.

La délégation est le meilleur moyen de lui en faire prendre conscience en lui exposant les problèmes rencontrés et en lui faisant part des demandes d’ajustements de l’organisation qu’il a décidé. Elle communique un rapport de force en cela qu’elle est l’émanation d’un collectif et pas seulement une revendication individuelle.

Il lui reviendra alors d’accéder ou non aux demandes, en fonction de la légitimité que votre cheffe accorde à celles-ci, du coût en terme de temps de travail (le sien, ses adjointes, ses services), de moyens humains ou budgétaires supplémentaires, d’acceptabilité hiérarchique d’une (légère) entorse à la réglementation ou de l’interprétation qu’elle ou il en fait, d’image qu’elle ou il souhaite véhiculer de sa direction, plus ou moins rigide et autoritaire, plus ou moins défiante envers le syndicalisme.

La délégation est donc le premier acte pour faire aboutir une revendication, et est dans la plupart des cas suffisante si elle est dans les prérogatives des cheffes d’établissement (limites du budget, de la dotation horaire d’enseignement, ...).

Si elle aboutit à un refus se posera alors la question de l’élaboration d’un rapport de force, nécessitant la mobilisation d’un collectif qui s’exprimera et fera prendre conscience de son existence et de sa force par divers moyens (pétition, AG, grève, ...)

Préparer la délégation

Une délégation, ce n’est pas le S1, ce n’est pas toujours les mêmes ! Pour donner de la force et de la représentativité à la délégation, il faut alterner entre les collègues familiers de ce type d’échange et ceux qui ne l’ont jamais fait (formation), entre les habituées (les militantes qui organisent du collectif) et les simples agentes qui peuvent témoigner de leur difficulté sans être présumées « râleur professionnel ».

La réunion syndicale est donc une excellente manière de préparer une délégation en mobilisant les collègues pour y participer et en constituant le corpus de revendications partagé collectivement, et en anticipant éventuellement les réponses à certaines propositions du chef d’établissement. La délégation peut alors se sentir mandaté par le collectif, cela lui donne force et légitimité.

Il est bien souvent préférable de communiquer à votre cheffe d’établissement en amont de la délégation les points qu’elle veut aborder. Cela lui permettra de préparer des réponses (positives comme négatives).

Conduire les échanges

Les plus expérimentées introduisent les échanges en exposant les raisons de la demande de rencontre. Il faut veiller à faire tourner la parole parmi les déléguées en proposant au plus intimidés de témoigner sur les sujets qui les concernent davantage.
Bien qu’on puisse parfois être excédé par certains propos, il faut veiller à ne pas se mettre en faute.
Une posture constructive appuyée sur la légitimité d’une démarche collective doit faire prendre conscience au chef qu’il est dans l’intérêt de l’établissement d’aller dans vote sens.
Vos propos et critiques peuvent être reçues fort différemment en fonction du contexte et de la personnalité de votre interlocuteur. Faites attention à ne pas humilier, faire perdre la face, c’est contre-productif et générateur de tension et conflits inter-personnels futurs.
Ayez toujours en tête que votre cheffe est seule face au collectif et que c’est une situation stressante.

Aborder en début de réunion le problèmes les plus importants pour permettre des échanges nourris et ne pas gaspiller le temps sur des points mineurs (c’est humain, tout le monde a un peu peur alors on préfère passer du temps à parler de ce qui fait consensus avec nos interlocuteurs)
Il ne faut pas hésiter à recentrer les discussions avec les collègues un peu bavardes, dé-personnifier les oppositions, sortir du registre de l’affectif.

Toujours veiller à ce que des réponses soient apportées. À la fin des échanges sur un sujet, il faut faire le récapitulatif de ce que la direction propose, ce qui l’oblige à donner une réponse qui pourra être rapportée par la délégation.

Rendre compte

Lorsqu’un collectif délègue sa parole, il doit lui être rendu compte des réponses qui ont été données. Ce compte-rendu peut être donné de manière orale dans une réunion formelle ou informelle, ou par écrit. Veillez à ne pas écrire des choses qui pourraient vous être reprochées personnellement : ne vous mettez pas en faute, prenez toujours la mesure de vos écrits.

Donner suite

Lorsque les réponses ne sont pas satisfaisantes, il faudra se réunir à nouveau pour décider collectivement des suites à donner.