12 décembre 2012

Nos métiers

Une rentrée classique de non-titulaire

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Cet article n'est probablement plus d'actualité

Voici un témoignage poignant d’un collègue non-titulaire effectuant malheureusement une rentrée comme tant d’autres.

On lit bien entre les lignes tous les dysfonctionnements de notre institution.

Ma rentrée au Lycée PH de SJM

J’ai été appelée par le rectorat autour du 20 septembre 2012 pour un poste à mi-temps au Lycée PH à SJM. Je n’ai pas hésité longtemps à accepter pour ne pas voir mon ancienneté interrompue. Je me suis rendue le lundi 25 septembre au lycée pour rencontrer le proviseur et ma collègue d’espagnol. Au secrétariat, j’ai tout de suite signé mon contrat arrivé le jour même, un contrat pour 9 heures de cours. J’ai ensuite rencontré le proviseur adjoint Mr F, fraîchement arrivé lui aussi. J’ai découvert mon emploi du temps sur deux jours, mais pour 7 heures seulement. Il m’a dit qu’il verrait quoi faire et je suis partie en salle des professeurs, je ne suis restée que 5 minutes avec l’adjoint, il était entre deux rendez-vous avec l’inspecteur m’a-t-il dit. Je suis montée en salle des professeurs, où j’ai rencontré ma collègue, non-titulaire elle aussi. Il n’y a pas de titulaire en espagnol dans cet établissement. Nous avons fait connaissance et elle m’a fait visiter l’établissement. En discutant elle m’explique que je n’ai que 7 heures car à la rentrée le proviseur adjoint lui a laissé gérer la répartition des heures entre nous, et elle, se doutant que la personne allait venir de loin, a fait un EDT sur 2 jours pour éviter les trajets. Et comme elle avait l’opportunité de travailler plus que les années précédentes, elle a pris 17 heures et en a laissé 7. Ceci sans savoir que la demande de poste pour 9 heures avait été envoyée au rectorat. Durant la semaine qui a suivi, on se demandait comment la chose allait être arrangée en se doutant que ça allait poser problème. Elle me disait se douter qu’elle allait devoir laisser ces deux heures. Je suis revenue le lendemain, pour assurer mes premiers cours, dans une ambiance peu accueillante. Le mardi suivant le proviseur adjoint me convoque dans son bureau après mes cours, à 16h30, je me doutais qu’on allait parler des 2 heures manquantes dans mon emploi du temps. Je ne me suis pas trompée et j’ai été accueillie par le proviseur et l’adjoint. Je me suis sentie piégée, et je n’avais pas tort. Durant 10 minutes, le proviseur m’a demandé d’abord ce que je voulais, c’est à dire, préparer le concours correctement ou prendre 2 heures en plus et désorganiser l’établissement. Je n’en croyais pas mes oreilles. J’ai eu droit à des arguments du style : « La classe que vous allez récupérer si vous prenez les 2 heures aura eu deux professeurs d’espagnol, c’est anti pédagogique. » Je n’ai pas eu la présence d’esprit sur le moment de lui répondre que la classe de seconde que je partage avec ma collègue, elle 2 heures, moi une heure, était aussi anti pédagogique, mais qu’apparemment ça ne dérangeait personne. En gros, soit je me pliais à leur demande, soit je désorganisais tout l’établissement, car tous les EDT étaient à reprendre, je risquais d’avoir tous les collègues sur le dos. Et le proviseur a aussi beaucoup insisté sur ma priorité : le capes ou les cours. Il m’a aussi menacée de me faire venir une heure le lundi, ou une heure le jeudi, jours où je ne travaille pas, voire même une heure le mercredi de 11h à midi, ce qui m’empêchait ainsi de pouvoir me rendre à la formation au concours interne à Grenoble. J’ai de mon côté proposé de faire des heures au CDI ou en accompagnement personnalisé pour combler ces 2 heures, il m’a été répondu que ce n’était pas possible car « Je n’ai pas les heures. ». Il me semblait que justement, si. Quand je suis partie je ne savais plus ce que je devais faire. On avait convenu que je devais rappeler le lycée le lendemain pour leur dire ce que je faisais. Nicolas Pavlidès m’a conseillé de ne rien lâcher, mon entourage aussi, et le lendemain je décidai de me rendre au rectorat pour rencontrer Mme VP, qui gère les non-titulaires en espagnol. J’ai entre temps pris contact avec une chef d’établissement, l’adjointe du collège M à AB, Mme M, qui m’a aussi conseillé de ne rien lâcher. Au rectorat, Mme VP m’a dit avoir eu le lycée au téléphone la veille en début d’après midi, Mr F voulait qu’elle change mon contrat en 7 heures, sans m’en avoir parlé au préalable. Mme L a finalement géré le problème et a répondu qu’une demande pour 9 heures avait été envoyée, qu’une personne avait été trouvée pour 9 heures, et qu’elle devait assurer 9 heures. Elle me l’a redit de vive voix quand je suis allée la trouver, et elle m’a rassurée en me disant que j’avais son soutien. J’en ai profité pour lui raconter un peu les problèmes que je rencontrai, elle a regardé si un autre poste était disponible pour moi, mais il n’y avait rien sur toute l’académie. Je suis sortie du rectorat et ai appelé ma collègue, car les 2 heures me revenant devaient lui être enlevées, je ne voulais pas qu’il y ait de malentendu entre nous. De son côté, pas de problème, elle s’attendait à devoir laisser ces 2 heures. Puis j’ai appelé le lycée. Mr F était en colère quand je lui ai dit vouloir conserver mes 9 heures. Je ne me souviens plus de ses mots exacts, mais il devait rappeler le rectorat. L’après midi j’étais en formation au capes quand je vois que le lycée m’a appelée, me demandant de venir le lendemain avant mes cours. Mais je n’avais pas cours le lendemain. Sur les conseils de mon formateur et de mes collègues de formation je m’y suis rendue le lendemain, accompagnée de LC, la S1 de l’établissement. Il ne s’attendait pas à me voir, pensant que j’allais venir le lendemain. Il y a eu une erreur dans le message téléphonique. Mais il m’annonçait que je récupérais une classe de première et que les heures collaient avec mon EDT. Tout s’arrangeait.

Cet épisode est une chose, mais j’ai découvert un établissement compliqué. Les collègues ne sont guère accueillants, voire même méprisants, car j’ai été accusée d’avoir volé des heures à ma collègue d’espagnol. J’ai dû me fâcher pour que ce harcèlement cesse. Les collègues ne sont pas choqués par le fait que lorsqu’on travaille en barrette, on doive nous même définir notre salle à partir d’une liste proposée. Comme je suis arrivée trois semaines après la rentrée, j’ai passé mon temps à changer de salle chaque fois. J’ai enfin eu mes salles définitives à la rentrée des vacances de Toussaint. Certains collègues de langue ne connaissaient pas non plus les nouvelles épreuves du bac. Et moi non-titulaire, j’ai apporté des informations, jusqu’à ce que je me rende compte que certains ne se renseignaient pas mais attendaient que je les renseigne. J’ai arrêté, du jour au lendemain je ne savais plus rien. Et puis les conditions de travail sont particulières : pour assurer des cours de langue, je n’ai aucun matériel pour passer ne serait-ce qu’un cd pour faire de la compréhension orale. À l’heure des TICES, je n’ai aucun matériel et peut aller dans une salle informatique unique pour tout l’établissement déjà réservée jusqu’à la rentrée en janvier. Les manuels en vigueur date de 2005 alors que nous devons préparer les élèves à un nouveau bac avec un programme légèrement différent. Je suis très limitée en photocopies, j’ai parfois l’impression de ne pas pouvoir fournir un travail de qualité pour mes élèves, car j’ai aussi l’impression qu’on les oublie là au milieu. Ce que je trouve anormal est aussi le fait que les collègues ne voient pas que rien ne se passe « normalement ». « On a toujours fait comme ça, pourquoi ce serait autrement ? » Et bien parce que peut-être il y a des ordinateurs non installés dans une salle du lycée.

Non, ce n’est pas facile de travailler au lycée PH. Heureusement, les élèves sont bien. Et c’est là le principal finalement.

SP