10 octobre 2013

Edito

Faire bouger les lignes

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Faire bouger les lignes

Conditions de rentrée désastreuses, emplois du temps qui ne fonctionnent pas…
Entre les effectifs, les réformes du lycée qui ont maintenant installé durablement le chacun pour soi, la désorganisation, la difficulté à penser les solidarités, les injonctions qui ne font pas sens ( livret de compétences… ), il est bien difficile de réussir à trouver un rythme, un mois après la rentrée, et comme des naufragés, on est déjà conduit à regarder vers l’horizon des vacances qui se profilent, pour pouvoir souffler, reprendre de l’air.

C’est dans ce contexte que le chantier de l’Education prioritaire est mené à la hussarde, dans une démarche médiatique où la parole de la profession sera soigneusement filtrée, comme en ont déjà fait l’expérience les établissements dans lesquels les assises ont eu lieu.

Et si ensemble, on prenait un peu d’air ? La section académique du Snes donne rendez-vous le mercredi 16 octobre à la Bourse du Travail pour construire l’Education prioritaire nécessaire à l’Ecole, et porter vraiment les demandes des collègues. Ensemble, nous voulons faire en sorte que les acteurs de terrain participent aux assises interrégionales du 27 novembre à Lyon, quitte à nous faire entendre à l’extérieur si l’intérieur est déjà orchestré…

La suite, ce sera le bilan des réformes du lycée : là encore, prenons les devants : l’aide personnalisée risque bien de passer à la trappe, ce qui ne fera pleurer personne, vu les conditions de mise en place et les gâchis qu’elle génère dans bien des cas, mais prenons garde de ne pas perdre les moyens au passage, ce qui pourrait bien advenir, tant la crise des recrutements perdure, privant ainsi du nécessaire potentiel de moyens. C’est donc bien à nous d’anticiper et d’évaluer ce qui se passe dans nos établissements.

Ces lignes s’écrivent un jour funeste, celui où le gouvernement doit entériner le passage aux 43 annuités pour permettre une retraite sans décote. Qui pourra atteindre ce record ? On pourrait presque en rire, ça se met à ressembler au nombre d’années de condamnation au pénitencier dans Lucky Luke… Du coup, les enjeux sont clairs : baisser de façon drastique les pensions, habituer doucement à l’idée qu’il convient de s’organiser individuellement et de façon privée pour ses vieux jours, voire d’insinuer durablement dans l’esprit des plus jeunes que l’idée même de retraite construite sur la solidarité est le vieux reste d’une chimère parfaitement dépassée, et qui sait, rétrograde.

Non, les jeux ne sont pas faits, d’autres choix sont possibles, une autre fiscalité, un autre partage des richesses. C’est de politique, qu’il faut changer, si on veut mettre un terme à la désespérance de tous ceux qui n’ont pas voté pour cette politique-là en ramenant la gauche au pouvoir, et à son corollaire, la montée du Front national, qui prospère sur ce terreau et progresse parce que la masse fait le choix de se taire et de ne plus participer aux élections parce qu’elle se sent trahie.

Nous, mouvement syndical, avons dans ce contexte, la responsabilité de refuser la résignation, de continuer à dire non aux réformes qui sont mauvaises, à réclamer des hausses de salaires légitimes avec notamment le dégel du point d’indice, et ensemble, nous le ferons encore, la journée du 15 octobre, en prenant toute notre place dans les cortèges organisés avec l’intersyndicale dans l’académie.

 Corinne BAFFERT -