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Le rectorat de Grenoble a demandé aux chefs d’établissements de diffuser par tous les moyens aux élèves et parents d’élève un pseudo-communiqué du CAVL, conseil académique de la vie lycéenne, appelant à la fin des blocages d’établissements.
Décidément, ce gouvernement semble avoir très peur. Il est vrai qu’un mouvement lycéen bien déterminé, ça ne s’arrête pas pour des problèmes de salaire obérés par les journées de grève, et à la moindre bavure vous pouvez vous retrouvez avec tout le pays en grève.
C’est ainsi que le ministre de l’éducation nationale tente par tous les moyens d’éteindre l’incendie, vraiment tous !
Après en avoir appelé aux chefs d’établissements, aux conseillers principaux d’éducation, aux professeurs des lycées et collèges, il se sert des instances représentatives des lycéens pour communiquer aux parents et élèves un appel à cesser les blocages d’établissements.
En effet, vendredi 7 décembre, les établissements scolaires de l’académie de Grenoble se sont vus dans l’obligation de diffuser par tous les moyens à leur disposition un communiqué du CAVL, Conseil Académique de la Vie Lycéenne, instance représentative de la vie lycéenne au niveau académique à l’instar des CVL dans les lycées.
Et par ce procédé inédit, ce communiqué s’est retrouvé sur la page d’accueil des sites internets des établissements, des ENT, a été également envoyé aux élèves et parents par la messagerie de l’ENT ou bien directement par email aux parents dans certains établissements.
Nous sommes heureux d’apprendre que l’administration offre aux représentants des lycéens cette possibilité de communication, c’est une première depuis la création des CAVL en 1991... Gageons qu’elle sera de nouveau mise à leur disposition sur d’autres sujets !
Mais revenons à ce communiqué. La première chose qui frappe, c’est le ton employé qui ne ressemble guère à une expression lycéenne.
...En tant qu’élus des lycéens, extrêmement attentifs aux libertés d’expression et de manifestation, nous prenons toute la mesure de l’importance des problèmes soulevés par les lycéens...
...de tels actes délinquants ne sont pas acceptables...
...Pour nous, élus, c’est autant d’actes intolérables dans un état de droit...
...Au nom des lycéens, nous appelons solennellement à la fin des blocages et des violences. Nous soutiendrons sans réserve toutes les initiatives de dialogue dans le respect entre les élus, institutions, citoyens et lycéens...
N’entendez vous pas là un ministre ?
La signature laisse aussi perplexe :
Les Elus au Conseil Académique à la Vie Lycéenne de l’académie de Grenoble
Nathan MONTEUX, Conseiller National à la Vie Lycéenne auprès du ministre de l’Education Nationale.
Sont-ce les élus qui font ce communiqué ou bien un seul élu, Nathan Monteux ?
Et ce Nathan Monteux (lien vers son twitter Macron-compatible), il n’est plus lycéen, il a obtenu son baccalauréat l’an dernier !
Il ne figure d’ailleurs pas sur la liste des élus au CAVL (arrêté de composition du CAVL).
On s’étonnera aussi d’une autre performance de l’administration, celle d’avoir réussi à obtenir un communiqué le 5 décembre d’une instance nommée le 3 décembre qui ne s’est encore jamais réunie !! ((cf document précédent : arrêté de la rectrice du 3 décembre 2018)
Quelle mascarade ! Quel mépris de ces instances !
Vendredi 7 décembre matin sur France Inter, le ministre Blanquer répétait cependant à l’envi que le dialogue était ouvert sur la réforme, et qu’il ne reconnaissait pour seule représentation légitime et démocratique des lycéens que les élus au CAVL et CNVL. 1
Chacun peut mesurer aujourd’hui la grande considération du ministre à l’égard des représentants « légitimes » des lycéens et combien les lycéens ont raison de faire aussi entendre leur voix en dehors de ces instances. Une belle leçon d’instrumentalisation dans l’« école de la confiance » !
1 Lire l’analyse pertinente https://nantessecteurouest.wordpres...