Après avoir tenu un colloque « Éducation prioritaire » à Paris le 2 octobre 2019, et enquêté auprès de la profession, la FSU donne la parole à l’ensemble des acteurs de terrain du premier et du second degrés : enseignants, coordonnateurs, formateurs, infirmières scolaires, personnels administratifs…. au travers de la tenue d’états généraux départementaux ou académiques au 1er trimestre 2020-2021 puis nationaux le 28 janvier 2021.
La FSU organise des Etats généraux au niveau académique le 8 décembre à la Bourse du Travail de Grenoble, 31 avenue de l’Europe (inscription obligatoire sur cette page).
Le confinement et les très fortes perturbations de ces derniers mois ont vu s’opérer un transfert de la responsabilité pédagogique sur les familles (ou les élèves les plus âgés eux-mêmes), renvoyant ainsi chacun-e à son « destin scolaire ». Les inégalités scolaires, qui sont en France particulièrement corrélées aux inégalités économiques et sociales, ont ainsi été aggravées.
Le postulat de la FSU est que « tous les enfants et les jeunes sont éducables ».
Notre objectif est d’être force de propositions et de mobilisations pour poursuivre et renforcer la politique d’Éducation prioritaire (EP). Au travers de bilans des politiques d’EP menées et de débats, nous nous fixons l’objectif de construire avec tous les personnels des propositions pour une école qui participe à la réduction des inégalités, à la réussite de toutes et tous.
Le ministère s’exonère d’un véritable bilan de l’EP comme cela était pourtant prévu lors de la refondation de 2014, ce bilan devait avoir lieu en 2019. Parallèlement il a repoussé la révision de la carte et résume l’EP aux dédoublements des classes de CP et de CE1.
Les récents rapports de la cour des comptes, Azéma-Mathiot, Lafon-Roux, s’ils reconnaissent la nécessité d’avoir une politique d’EP, remettent en cause les principes qui existent actuelle- ment, en préconisant une politique d’EP à 2 vitesses qui ne serait plus nationale, en envisageant de déshabiller les territoires d’EP au prétexte de répondre aux besoins des territoires ruraux. La FSU est par ailleurs bien consciente que les transformations envisagées notamment dans le rapport Azéma-Mathiot pourraient entraîner un renoncement à tout cadre national pour l’ensemble du système éducatif (gestion des moyens, mais aussi gestion des personnels, des carrières, de la mobilité…).
Au cours des États généraux lancés par la FSU dans les départements, différents thèmes seront abordés : enjeux pédagogiques, nouvelle cartographie et labellisation, responsabilité du pilotage et territorialisation, partenariats (familles, cités éducatives…), conditions de travail et d’apprentissages, reconnaissance de la spécificité d’enseigner en EP, collectif de travail… les finalités des dédoublements de classes dans le 1er degré pourront être interrogées : quelle réalité face à l’objectif affiché de « justice sociale », alors que s’y déploient l’encadrement des pratiques pédagogiques et un resserrement accéléré sur les « savoirs fondamentaux »… qui accentuent les inégalités scolaires.
Il ne peut y avoir de territoires abandonnés, ni d’élèves et de familles oubliés. Ce sera tout l’enjeu de la poursuite de la politique d’EP et de la révision de la cartographie nationale. Aux personnels engagés au quotidien d’intervenir pour construire l’école de demain.
Mise en concurrence Éducation prioritaire / Zones rurales
L’académie d’Orléans-Tours montre l’exemple en commençant à appliquer les préceptes du rapport Azéma-Mathiot avant l’heure. Les collèges sont désormais classés en 7 catégories qui dépendent de l’indice de positionnement social (IPS), de l’effectif de l’établissement, de sa pro- portion d’élèves en ULIS et UPE2A et du nouvel « indice d’éloignement ». Sans supprimer le label « Éducation prioritaire », un seuil unique de dotation, fixé à 30 élèves est octroyé à tous les collèges. Une allocation progressive de moyens s’ajoute éventuellement en complément. Le résultat fait office de démonstration : certains collèges de REP et REP+ se voient rétrogradés dans des catégories moins dotées, derrière de petits collèges ruraux éloignés. De plus il leur faut prendre sur des moyens d’enseignement pour ouvrir des classes de 26 élèves.
Pour la FSU, soit le contexte économique et social d’une zone rurale est défavorable donc les écoles et établissements doivent dépendre de la politique d’Éducation prioritaire comme c’est déjà le cas pour une centaine de réseaux, soit c’est aux problèmes d’enclavement que l’on doit chercher des réponses.
La nomination le 26/07/2020 de Nathalie Elimas, députée du Val-d’Oise, comme secrétaire d’État chargée de l’EP, permet-elle de penser que le dossier de l’Éducation prioritaire sera traité sous de meilleurs auspices que ne le fait craindre le rapport Mathiot-Azéma ? Un avenir proche nous le dira.