Depuis cette rentrée, le ministre de l’Éducation nationale ne manque pas une occasion de s’essayer à de nouveaux rôles. À commencer par se vanter d’être le plus durable, au grand dam de notre École ; et pourtant, il cherche encore son image.
« Hier, écrivain maudit, dont l’œuvre peinait à trouver son public », aujourd’hui, nouveau croisé de la langue française, ardemment soutenu par la dame du président des riches, Jean-MichIEL Blanquer n’en finit pas d’envoyer des écrans de fumées qui masquent bien mal un bilan désastreux. Il avait promis une revalorisation historique, elle le fut, laissant 42 % des personnels sur le bord du chemin, lui qui s’est déplacé à l’assemblée pour refuser aux AED et AESH le versement de la prime Rep/Rep+, au prétexte que leur grille a été timidement revue (déjà obsolète du fait de l’inflation) et qu’ils et elles pourraient dorénavant faire des heures sup. Quelle vergogne !
Quant à son bilan pour le second degré, l’heure arrive de le dresser : il est globalement très négatif. Ce sont 7900 postes qu’il aura supprimés en 5 ans dans le seul second degré : c’est l’équivalent de 166 collèges, qu’il aurait rayé de la carte !
Nous en avons perdu 250 à Grenoble depuis 2018, tout en ayant absorbé 6000 élèves supplémentaires. Nous en perdrons encore dans le second degré à la rentrée prochaine pour financer la création de postes de CPE aux abois depuis longtemps. Ce redéploiement est inique. La réforme du lycée, maintenant installée, nourrit toutes ces suppressions selon le schéma que nous avions hélas pertinemment décrypté. La suppression à venir d’encore davantage d’options est une catastrophe pour l’offre de formation. Et c’est dans ce contexte de pénurie où nous aurions tellement besoin de moyens supplémentaires pour réparer les effets de la crise sanitaire que ce ministre drague Bercy de manière aussi indécente qu’éhontée en lui rendant 75 millions d’euros.
Notre second degré est victime d’une casse sociale à bas bruit. Le ministre, dans les pas de la Loi de Transformation de la Fonction Publique ne se soucie même plus de la crise de recrutement, faisant son miel du contrat et de toujours davantage de précarité.
Il supprime de nouveau la formation des stagiaires à la rentrée prochaine. Pire, il joue l’intimidation envers l’ensemble des collègues, sur le ton grossier et brutal de « l’École de la République, tu l’aimes où tu la quittes », alors qu’il se donne tous les moyens d’en être le premier fossoyeur, servant les intérêts d’un libéralisme toujours plus dur et autoritaire.
C’est dans ce contexte que le dégel du point d’indice est aujourd’hui incontournable et qu’il est indispensable de rendre de l’attractivité à nos métiers. Notre sort est celui de l’hôpital, l’asphyxie programmée.
Ensemble, il nous faut prendre les choses en mains. Rien n’est jamais inéluctable et dans le contexte de campagne présidentielle, c’est à nous de porter, faire entendre, et débattre le projet d’École que nous voulons. Dans nos établissements, donnons de la voix, prenons la parole pour construire une action d’envergure à la hauteur des enjeux. Protection sociale, retraites, dégel du point d’indice, salaires et pensions, temps de travail, effectifs, conditions d’exercice, recrutement, ce gouvernement a tout faux. A nous de le faire entendre !