Aujourd’hui le Ministère de l’Education Nationale (MEN) découvre qu’il y a des élèves décrocheurs. Le MEN découvre que certains élèves n’ont pas pu se confiner correctement avec leur famille faute de logement. Le MEN découvre que pour certain l’achat d’un masque quel que soit son prix n’est pas envisageable. Le MEN découvre que le repas de la cantine était le seul par jour. Le MEN découvre que les salles de classe sont surchargées. Le MEN découvre qu’avoir un nombre important d’adultes pour encadrer les élèves peut s’avérer utile.
Pour faire simple le MEN a vu les difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans nos missions.
Malheureusement il n’a pas pensé à se tourner vers nous pour des réponses. Nous avons eu le droit à une vidéo totalement creuse sur le fond et à un questionnaire pour fliquer nos collègue professeurs. Entendre un représentant du gouvernement prononcer des termes comme CPE, vie scolaire ou AED relève de l’impossible.
Nous CPE nous savons qu’il ne suffit pas d’un coup de téléphone pour "raccrocher un élève". Nous CPE nous savons que demander du télétravail à des élèves qui n’ont pas d’endroit où dormir ne serait pas possible. Nous CPE aurions pu éviter au MEN de se ridiculiser à dire tout et son contraire sur l’organisation de l’accueil des élèves pour cette "reprise".
Pour certain l’urgence est dans la réponse sanitaire. Pour d’autre l’urgence est économique, ou social ou pédagogique. Le gouvernement apporte ses réponses par ministères ou plutôt par ministre selon leurs ambitions. En vie scolaire nous avons tous les jours à répondre à l’ensemble de ses problématiques de façon cohérente. Le cœur de notre métier consiste à gérer le court, moyen et long terme. Pas seulement l’urgence.
Evidement que sur le court terme il y a les règles sanitaires. Mais cela fait maintenant 10 semaines que M. Macron a décidé du confinement, 4 mois que le premier cas a été recensé en France. Parlé encore de crise ou d’urgence permet surtout à justifier l’incompétence de l’institution à s’organiser.
Il semble évident que l’analyse de terrains des CPE aurait été intéressante mais pour cela il aurait fallu que l’équipe incompétente qui nous dirige connaisse l’existence de notre corps de métier compétent en la matière.
Distanciel, reprise en établissement : quelques réflexions concernant les CPE
Le confinement a été une épreuve pour chacun tant d’un point de vue personnel que professionnel. Pour autant le ministère n’a pas attendu longtemps pour savoir comment les CPE à domicile occupaient leur temps. Une enquête de la DEPP (rien à voir avec Johnny malheureusement !) adressée tout spécialement aux CPE a, entre autres questions, cherché à recenser l’utilité du CPE voire des AED durant le confinement et le travail « distanciel » (la novlangue de circonstance semble invoquer le « ciel » à tout bout de champs lexicaux : distanciel, présentiel -présidentiel ?). Quand on sait l’intérêt qu’ont certains (dont notre très cher M. Blanquer) pour le téléenseignement, ne s’agit-il pas d’un ballon d’essai providentiel (sic) pour ébaucher l’idée d’écarter les CPE à travers ce fantasme de e-learning généralisé ?
La reprise en présence ? Il semble que les services vie scolaire soit sinon oubliés souvent négligés : peu de recommandations (protocole national) explicites sur les mesures à prendre ou des consignes peu applicables sur le terrain ; réouverture des internats avec risque énorme de contamination ; idem pour les restaurants scolaires ; accès des élèves aux bureaux AED ; aucune réflexion sur le maniement et les échanges de papiers (carnets de liaison et mots d’absences), etc.
Sécurité ? Depuis des lustres on nous serine avec le plan vigi-pirate renforcé : installation de tourniquets Wauquiez, contrôle stricte des accès (avec carte et caméras) … et l’on attend voire exige que les entrants portent un masque ! Ce sera donc open-bar dans les lycées et qui (vie scolaire et enseignants) pourra prétendre reconnaitre un élève ? D’ailleurs les instances lycéennes ont été assez peu consultées dans les lycées à ce sujet.
Temps de travail des CPE ? Enfin le retour des vieilles lunes comme la flexibilité sur les 35 h (Medef, ministre de la santé) commencent à titiller certains chefs d’établissement estimant logique qu’à période exceptionnelle corresponde loi d’exception et, diantre, il faut bien rattraper le temps perdu !