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Une nouvelle série de déclarations de plus en plus précises, émanant des responsables politiques au plus haut niveau durant ces 15 derniers jours ont été reprises par la presse. Elles montrent que le gouvernement a bien un projet d’ensemble pour l’Education qui passe par une refonte complète du service public d’orientation.
Le Ministre de l’Education Nationale le 19 octobre lors de la réunion de l’association « Jeunesse entreprise » a réaffirmé sa volonté de transformer en profondeur le système d’orientation. Selon lui, en effet, « le mauvais fonctionnement du système d’orientation, son manque de lisibilité serait responsable des 160 000 sorties sans qualification ». Pour réduire ce chiffre, le ministre préconise :
•Un partenariat avec le monde professionnel pour faire découvrir les métiers et les professions. Les entreprises se voyant même confier une mission éducative !
•Une meilleure information sur les différentes voies de formation afin de mieux accompagner les élèves.
•L’introduction dès la classe de 5e de parcours de découverte des métiers qui seront complétés par une option de découverte professionnelle proposée à tous les élèves.
•Une remise en cause de la conception de l’orientation basée sur les goûts personnels des élèves au profit des possibilités d’insertion professionnelle.
Dans ce schéma fort peu démocratique, les CO-Psy disparaissent totalement puisque
« Pour rendre efficace le dispositif d’orientation et assurer la réussite de tous les élèves » le ministre souhaite que « les enseignants soient en mesure de les informer sur les métiers et les formations existantes ». Car selon lui « ce sont les professeurs qui connaissent le mieux les qualités et les capacités de chacun des adolescents et qui peuvent les aider à s’orienter vers les voies et les filières qui leur conviennent le mieux. Cela suppose d’améliorer la formation des enseignants et notamment leur permettre d’effectuer des stages de découverte des entreprises au cours de leur formation, mais également tout au long de leur carrière. »
Interrogé par la lettre de l’Education, B. Thomas, le nouveau délégué interministériel pour l’orientation et l’insertion a indiqué que « le système devrait reposer d’un côté sur les établissements et les conseillers d’orientation qui y travaillent et de l’autre sur un service d’information sous forme d’un guichet unique qui tournerait autour du service public de l’emploi ».
Ses déclarations à l’AEF le 16 octobre sont encore plus inquiétantes. Il a regretté en effet que « le système d’information sur les formations, les métiers et l’emploi (ait) été laissé à des spécialistes, les conseillers d’orientation-psychologues au détriment des "acteurs principaux" de l’Éducation nationale, c’est-à-dire les enseignants. Ceux-ci ont été un peu écartés de l’orientation, alors qu’ils sont les premiers à pouvoir transmettre l’information. Mon objectif est d’aider à rapprocher l’aide à l’insertion professionnelle de l’acte d’enseigner. »
Selon lui « La commission Pochard sur la redéfinition du métier enseignant est une belle occasion de débattre du sujet. Il faut réfléchir à la manière d’en tenir compte dans la formation des enseignants, notamment à travers les piliers 6 et 7 du socle commun. Plus concrètement, l’orientation pourrait être confiée aux professeurs principaux, dès la cinquième. Il est important que le parcours personnel et professionnel se construise peu à peu sur la durée. Il serait absurde de choisir un job à un élève de 5e, le contexte économique aurait changé d’ici qu’il soit en âge d’entrer sur le marché du travail. Mais on peut commencer tôt dans le cadre du parcours de découverte des métiers, qui inclut une information sur la formation, l’évolution des techniques et les métiers. »
Comment simplifier le service public d’orientation ?
Pour B Thomas, c’est simple :
« Les établissements scolaires et établissements d’enseignement supérieur doivent assurer l’information sur les métiers, les formations qui y mènent et les débouchés. »..
« Les régions et les autres collectivités territoriales ne peuvent pas rester en dehors de nos sujets, elles ont des prérogatives importantes en matière de formation. Les régions ne sont pas seulement chargées de la formation professionnelle continue, elles partagent avec l’État la construction de l’offre de formation. Dans ce contexte, il me semblerait intéressant que certaines régions soient encouragées à expérimenter de nouvelles solutions en matière d’information et d’orientation. Les bonnes pratiques pourraient ensuite être généralisées. »
De plus, pour le délégué « Tout d’abord, les élèves sont perdus dans le maquis des formations et des cursus, tous ne comprennent pas la structuration du LMD. Et pour les aider, il existe une multiplicité de réseaux différents d’information et d’orientation !
Cette absence de lisibilité ne permet pas à l’orientation de lutter contre les inégalités. »…
« Aujourd’hui, les missions locales ont acquis un savoir-faire, une pratique de l’accompagnement des jeunes, que ce soit en matière d’accès à l’emploi, bien sûr, mais aussi sur des questions d’accès au logement, aux dispositifs d’action sociale, de santé. Bref, elles constituent, souvent, pour les publics de 16/25 ans un pôle d’orientation, en fonction de leur demande, une forme de guichet unique. De plus, elles accueillent, de manière croissante, des jeunes de niveau IV et plus, je pense aux étudiants ayant décroché de l’université. L’autre avantage de ce réseau, c’est qu’il est extérieur à l’Éducation nationale. Cette dernière a parfois tendance à "vendre" ses formations, alors que l’objectif des missions locales c’est l’emploi et l’insertion professionnelle. Leur travail est donc très complémentaire de celui des établissements. »
Quant aux CO-Psy dont on se demande bien ce qu’ils deviendraient dans ce guichet unique autour des missions locales, B Thomas a des réponses :
« Le champ de leur travail pourrait être modifié pour faire davantage confiance à l’enseignant. Certains élèves pourraient être adressés à des intervenants extérieurs, dans les missions locales ou par les conseillers de l’ANPE. Ce n’est pas agresser les CO-Psy que de dire que dans leur formation, l’information sur les métiers est insuffisante. »
Il est certain que les CO-Psy formés à Bac + 5 sont nettement plus incompétents que des personnels recrutés sans formation ni profils de formation particuliers par les collectivités !
La commission Pochard qui planche sur le métier d’enseignant devait au départ comporter plusieurs tables rondes. En fait, elle s’est limitée à l’audition de chacune des organisations syndicales ainsi que de multiples partenaires. Ce qui n’empêchera pas le MEN de sortir son fameux « livre vert » en tentant de faire croire qu’il s’agit d’un diagnostic partagé ! On peut déjà sans grands risques, parier sur ce qui sera écrit sur l’orientation et sur les pistes qui seront indiquées !
Nous devons nous saisir de toutes les possibilités pour nous exprimer.
•La lettre aux élus (voir info rapide n°1).
•Le questionnaire qui vient d’arriver dans les CIO et qui vise à faire un véritable état des lieux. (Il faut en discuter collectivement dans les CIO le remplir et le renvoyer au SNES).
•La journée nationale d’action et de grève sur la casse de la fonction publique dans la semaine du 19 au 23 novembre doit aussi être une occasion de rendre très visible nos revendications.
Le collectif national SNES catégorie COPSY