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Sourd à toutes les oppositions des enseignants, le ministère essaie de passer en force la réforme Châtel-Pécresse dite de masterisation de la formation des enseignants. A ce jour, la circulaire sur l’organisation des futurs masters a été publiée, ainsi que les nouvelles maquettes de concours (avec des questions tournant autour de « être un bon fonctionnaire » !). Le bilan des annonces et textes publié annonce une formation des enseignants en régression à tous les niveaux. C’est pourquoi le SNES appelle à une remise à plat totale de la réforme pour une véritable élévation du niveau de qualification des enseignants.
Les stages en responsabilité
Comme seule formation pour les futurs enseignants et CPE, le Ministre propose des stages en responsabilité pour les étudiants en master et admissibles au concours. La fin de l’année s’apparentera donc à la quadrature du cercle : les étudiants devront simultanément valider l’année d’étude, préparer les oraux d’admission et assumer un service d’enseignement. Placer devant des élèves, sans formation préalable, si ce n’est un stage d’observation, ils devront se débrouiller seuls pour assurer toutes les dimensions du métier (cours, copies, préparations, contact avec les parents... toute en intégrant la progression et le cadre de travail mis en place par l’enseignant qu’ils remplacent...). Situation intenable pour les étudiants, pour les élèves et qui engendrera de multiples détresses.
Pour le SNES, ces stages jouent contre l’emploi car ils permettent de camoufler sur le terrain le manque de recrutements et de postes aux concours. Présentée comme une aide sociale car rémunérée à hauteur de 3000 euros, cette mesure désavantagera les étudiants d’origine sociale modeste, qui, pour des raisons financières, seront contraints de les accepter et seront donc désavantagés dans leur préparation au concours. Ces stages servent au Ministre de prétexte fallacieux pour supprimer le temps de formation des lauréats de concours qui seront désormais affectés sur un service à temps plein.
Les enseignants en formation et les élèves ne sont pas des objets expérimentaux ! Le SNES exige l’abandon de ces stages « en responsabilité » et appelle les personnels à refuser collectivement de les organiser et à signer la pétition nationale.
Le service des futurs enseignants et CPE stagiaires
Le Ministre n’a toujours pas arrêté les conditions dans lesquelles les lauréats des concours 2010 devront assumer leur service à la rentrée de septembre. Il n’a pas non plus ouvert de discussions sur ces modalités.
Toutefois, les Recteurs commencent à annoncer la couleur au sein des CTPA de préparation de la rentrée. L’absence de consignes claires au niveau national serait-elle une tentative pour cacher les effets de l’imagination rectorale ? En tout cas, ce qui remonte des académies est clair : dans la plupart des cas les stagiaires seront affectés sur des services à temps plein, sur des postes retirés du mouvement intra. Des périodes de formation, tantôt groupées, tantôt « massées » leur seront réservées. Au cours de celles-ci les stagiaires seront remplacés soit par des étudiants de M2, soit par des contractuels, soit par des TZR (pour ce qu’il en reste), soit par leur conseiller pédagogique qui lâcherait ses classes et serait remplacé par … un étudiant de M2 ou un contractuel !!!
Dans l’académie de Grenoble, la question a été abordée par les représentants de la FSU lors du CTPA du 19 janvier 2010. La réponse de l’administration n’a été que d’annoncer un Groupe de travail. Du côté de l’IUFM, en se plaçant dans la logique de l’autonomie des universités, l’affectation des stagiaires à temps plein (18 ou 15 heures) dès la rentrée et à des stages massés sur deux parties de l’année semblent l’hypothèse retenue. Question subsidiaire et aucune réponse à ce jour, que deviennent les formateurs du premier degré et du second degré dans les nouveaux masters ? Il est clair que les formateurs s’attendent à perdre leurs postes et ne savent pas comment ils seront affectés à la rentrée !
Ce qui s’apparente à un gag est en fait la triste réalité : pour assurer la rentrée malgré les suppressions massives d’emploi, le ministère utilise donc des stratagèmes d’une complexité redoutable.
Le SNES s’est adressé au ministre pour dénoncer cette mascarade. Il demande que les futurs lauréats des concours puissent bénéficier d’une réelle formation professionnelle, avec un temps de service réduit à 6 heures hebdomadaires. Le SNES refusera que le temps de service des stagiaires soit annualisé.
Des conséquences directes pour l’ensemble de la profession
L’affectation des stagiaires aura de lourdes conséquences sur les conditions d’exercice dans les établissements. L’affectation des stagiaires sur 18 heures (ou 15 heures), avec un temps de formation au cours de l’année correspondant à l’annualisation du tiers de service dévolu à la formation des stagiaires, conduira inévitablement à la mise en responsabilité à temps plein d’enseignants non-formés devant les classes et à la déstructuration des équipes pédagogiques. Conséquences pour les classes qui connaitront plusieurs enseignants au cours de l’année, avec des enseignants non-formées aux statuts précaires. Déjà aujourd’hui, des établissements comptent plus d’un quart d’enseignants précaires, cette situation ne pouvant que se détériorer du fait de cette réforme.
Autre condition désastreuse, nous ne pouvons que pointer le risque de stage sur plusieurs établissements pour les nouveaux recrutés, la charge de travail accrue pour les conseillers pédagogiques (nombre de stagiaires ne pourront pas avoir de conseilleurs pédagogiques dans leurs établissements. Enfin, la possibilité de bloquer des blocs de 18 heures pour des stagiaires conduira à multiplier les compléments de service pour les titulaires.
Au-delà des conséquences sur la formation et sur les conditions d’exercice dans les établissements, les projets d’affectation des futurs enseignants stagiaires sur des emplois de titulaires auront comme effet de limiter les possibilités de mutation des collègues.
Le discours ministériel considère que « tout est plié ». C’est oublier que le projet initial ne prévoyait aucune formation pour les lauréats des concours, ou un simple compagnonnage et que la mobilisation a obligé le gouvernement à faire des concessions.
La récente circulaire sur les « futurs » masters des métiers de l’enseignement a été publié contre l’avis du CNESER et que nos camarades universitaires organisent la riposte en appelant à ne pas mettre en place ces masters.
Au niveau de la FSU, une même motion sera présentée dans les universités grenobloises s’opposant à la réforme Châtel-Pécresse de masterisation.
A notre niveau, la section académique du SNES engage un travail avec les organisations étudiantes et informe les candidats aux concours.
Elle appelle les collègues à refuser dès cette année la mise en place de ces stages 108h et à s’exprimer en ce sens dans les conseils d’administration de préparation de la rentrée prochaine.
Une pétition nationale (en pièce-jointe) doit être signée massivement. La mobilisation en cours et à venir sera primordiale dans notre lutte pour une véritable élévation de la qualification des enseignants.