En dépit de mouvements inédits depuis des décennies, malgré le soutien affirmé de l’opinion public, les annonces du premier ministre montrent que le gouvernement maintient son projet de réforme des retraites par points qui, sous couvert d’aller vers un système universel, aboutit au contraire à dégrader le niveau des pensions de l’ensemble des salarié.es et à détruire les solidarités intergénérationnelles. C’est une vraie déclaration de guerre, qui concerne l’ensemble de la profession et pas seulement les générations nées après 1975. Et a fortiori, c’est tout à fait honteux de prétendre faire peser sur la jeunesse un tel projet !
Le premier ministre veut faire croire à un report de l’application de la réforme en citant la génération 1975 première à basculer dans le régime par points. Mais des mesures de court terme toucheront tout le monde avec l’instauration d’un âge d’équilibre fixé à 64 ans en 2027. La loi cadre qui s’appliquerait au 1er janvier 2021 devra ainsi définir « le bonus- malus » applicable dès le 1er janvier 2022. Tout salarié subirait donc une décote avant 64 ans, quel que soit son nombre d’années de cotisations.
"Nous sommes devant une ardente nécessité : celle de déjouer cette stratégie mortifère, mortifère non pas seulement pour nous, la FSU et les syndicats, mais mortifère aussi pour le pays car le syndicalisme est porteur d’intérêt général, il est utile. Nous ne laisserons pas passer la destruction annoncée de notre système solidaire de retraite, nous continuerons à mettre nos forces dans cette bataille d’ampleur car elle est au cœur du modèle social que nous défendons : la retraite, c’est un droit, c’est le droit à la vie après la vie active, pas la survie parce qu’on serait trop usé par le travail, pas une allocation minimale mais bien un revenu de remplacement, à la même hauteur que les meilleurs salaires, c’est en tous cas cela que le mouvement social a conquis et il n’entend pas s’en laisser déposséder. C’est un droit qui doit être amélioré, en particulier pour les femmes qui subissent aujourd’hui déjà de plein fouet les inégalités à la retraite comme elles les subissent dans le monde du travail : le système proposé par le gouvernement ne ferait qu’amplifier ces inégalités, à l’inverse des déclarations du gouvernement."1
Concernant les enseignants, le premier ministre a été très flou, renvoyant au ministre Blanquer, précisant simplement que le niveau des retraites sera "comparable aux métiers équivalents de la Fonction publique », qui eux-mêmes doivent baisser !
C’est un véritable jeu de dupes, celui du tou.tes perdant.es ! Dès l’après-midi, opportuniste, cynique et sans vergogne, J.-M. Blanquer a annoncé qu’il entendait mettre en œuvre une refonte du métier d’enseignant, des carrières, des missions, du temps de travail, des vacances, en échange d’une hypothétique revalorisation pour laquelle il ne donne aucun chiffrage ! Il a parlé lui-même de « réforme systémique » ! À l’aune de la réforme des retraites, on connaît aujourd’hui la signification du concept. On l’aura compris : ce ne seront que quelques primes qui pourraient être données à quelques-uns de ceux qui accepteraient de rentrer dans les nouveaux dispositifs imaginés par le ministre pour travailler plus, et sans aucune garantie du maintien du niveau des pensions pour toutes et tous. Il a commencé dès vendredi les rencontres bilatérales. C’est donc lundi à 18h que la FSU ira porter notre refus de ce marché de dupes, et les revendications confortées par notre congrès fédéral : abandon de la casse du code des pensions, et revalorisation de nos salaires et pensions, déconnectée de tout lien avec la question des retraites.
Depuis le début du quinquennat, les décisions prises par le gouvernement ont été claires : gel du point d’indice de la fonction publique, report de l’augmentation indiciaire pour les personnels enseignants, CPE et PSY EN prévue par PPCR, imposition d’une seconde heure supplémentaire pour les enseignants, suppressions de postes et hausse du volume d’heures supplémentaires, élargissement des expérimentations possibles à nos obligations réglementaires de service permettant une annualisation de notre temps de travail avec la loi Blanquer dite « loi de confiance » - quelle maîtrise consommée de la propagande-, réforme du Bac, réformes des lycées qui permettent de concentrer nos heures sur une partie de l’année et de nous convoquer pour les épreuves, formation continue sur les vacances scolaires…
La liste est longue, et la conclusion, sans appel : poursuivre la mobilisation s’impose ! Toutes et tous en grève mardi 17. Nous sommes déterminé.es à gagner ! Nous y mettrons les forces qu’il faudra, ainsi que nous y engage l’appel action du congrès FSU de Clermont-Ferrand !
À mardi dans la rue !
1 Discours de clôture de Benoît TESTE, nouveau Secrétaire Général de la FSU, le 13/12/2019 à Clermont-Ferrand