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Comme chaque année sans congrès statutaire, la section académique de Grenoble a tenu son congrès d’étude lundi 29 et mardi 30 mars. Après une réflexion sur « projet éducatif, projet de société » en 2006 et « nos métiers en questions » en 2008, la question de l’outil syndical était au cœur du congrès de cette année. Sur les deux jours une cinquantaine de collègues ont participé à nos travaux, en présence de Pierre Toussenel, ancien secrétaire général adjoint du SNES — en particulier lors de notre éviction de la FEN et de la création de la FSU — et de Frédérique Rolet, co-secrétaire générale et porte parole du SNES. Nous les remercions vivement de leur présence, malgré les nombreuses occupations de Pierre dans sa retraite toulousaine et l’agenda à flux tendu de Frédérique.
Les quatre demi journées étaient organisées autour de quatre thèmes de discussion.
Le rôle primordial des S1
La première matinée a été consacrée aux S1 et à la vie syndicale dans les établissements. La présentation a rappelé que les près de 20 000 enseignants et conseillers d’éducation et d’orientation du second degré de l’académie sont répartis dans 80 lycées, 244 collèges et 26 CIO, diffus sur le territoire de cinq départements qui s’étendent des rives du Léman au plateau Ardéchois ou à la Drôme provençale. La responsabilité du S1 est donc primordiale pour rassembler — d’abord par l’adhésion qui est la première forme d’action pour se donner collectivement du poids dans la défense de nos revendications — animer la vie syndicale et constituer une force de résistance locale dans la mesure où l’EPLE est de plus en plus le lieu des dérives, déréglementations et remises en cause du service public comme des droits des personnels. L’échange a donc porté sur la nécessité de se renforcer et de s’organiser au plan local, de se faire reconnaître comme l’interlocuteur de l’administration comme des parents d’élèves et sur les outils et aides à développer au niveau des S2 et du S3, sur l’utilité et les limites des outils nouveaux (sites, listes de diffusion et de discussion). Il a été également rappelé que dans l’EPLE sont également présents des personnels relevant d’autres champs de syndicalisation de la FSU qui peuvent être isolés dans un EPLE en raison de leur faible effectif et qu’il appartenait aux S1 de faire vivre la FSU au plan local en servant de relais à ces syndicats.
D’où venons-nous ?
L’après midi, après la présentation du diaporama « pourquoi faut-il se syndiquer au SNES ? » qui fait une large place à la chronologie du mouvement ouvrier et du syndicalisme, Pierre Toussenel a rappelé les enjeux en termes de projet éducatif, de niveaux de qualifications et de recrutements et de rémunérations des débats au sein de la FEN, en particulier entre la direction fédérale et certains des syndicats qui la constituaient. Il a également rappelé qu’au delà de ces questions de fond, certaines manœuvres politiciennes visant à rendre le syndicalisme plus « coopératif », sur le modèle social démocrate, en l’expurgeant de ses composantes les plus revendicatrices, avaient abouti au sabordage de la FEN par sa direction. Son intervention permit de replacer la création de la FSU, au delà des aspects anecdotiques et des manœuvres à court terme, dans la perspective longue des débats de fond et d’orientation sur la nature même du syndicalisme et son rapport à la société et au politique.
Cette introduction a suscité de nombreuses interventions et questions, d’abord sur l’histoire et la nature du syndicalisme, son rapport aux questions politiques et sociales, la nécessité pour le mouvement syndical de contribuer, avec d’autres, à la construction d’une alternative économique, sociale et politique, puis davantage en lien avec les dossiers d’actualité. Quelques réflexions et échanges méritent probablement d’être approfondis : le syndicalisme n’est consumérisme ; on s’unit pour se défendre ensemble et non pour « être défendu » par une entité qui existerait en dehors de ceux qui la constituent ; cela suppose pluralisme interne, respects des analyses et convictions mais recherche dans le débat des synthèses les plus larges possible, comme le montre l’expérience de la FSU ; a contrario, la division syndicale est le produit d’une histoire mais constitue une faiblesse et non un « pluralisme ».
Où allons-nous ?
Le mardi matin était consacré à la situation syndicale actuelle et son devenir. Après une courte mise en perspective des débats de la veille sur la vie syndicale dans le S1 et sur l’histoire et la nature du syndicalisme, Frédérique Rolet a rappelé le mandat que s’est donné le SNES à Perpignan, les débats et les mandats du thème 4 du congrès fédéral de Lille qu’elle a contribué à animer, mais aussi le contexte général et les évolutions récentes. Rassembler, unir pour être plus fort, c’est à la fois l’essence et l’objectif du syndicalisme et le mandat que s’est donné la FSU à sa création. La loi sur la représentativité qui substituera le vote des personnels et l’audience réelle des organisations à la « présomption de représentativité » actuellement en vigueur est sans doute un élément important des évolutions en cours et de quelques manœuvres d’appareils (tentative de rapprochement UNSA / CGC, voire CFTC / FO dans certaines régions) mais au-delà de cet aspect circonstanciel, il s’agit pour nous de proposer aux travailleurs un vrai contenu en termes de structures aux « tous ensemble, tous ensemble » de nos actions unitaires. L’objectif n’est pas d’aller vers une adhésion à une confédération existante mais bien de construire avec tous ceux qui partage cet objectif et cette démarche une réponse à la hauteur des attentes et des exigences du moment. Aucune structure actuelle, syndicat, fédération, union ou confédération ne doit être exclue de la démarche, mais la CGT, compte tenu de son histoire et de sa place actuelle dans le paysage syndical, est incontournable. Des initiatives communes d’échanges et de débats sur des dossiers particuliers ont déjà été menées par la FSU et la CGT, puis par la FSU et Solidaire. Le voie est étroite entre un immobilisme délétère et le risque de casser l’existant sans perspectives ; la démarche doit donc être prudente et, à toutes les étapes, débattue avec l’ensemble des syndiqués et des personnels ; pour le syndicalisme que nous représentons — au SNES — nous devons conserver ce qui fait notre identité : un syndicalisme ancré sur les métiers du second degré et sur le service public, qui n’oppose pas action et négociation mais s’appuie sur les mobilisations pour obtenir des avancées et une pratique de pluralisme interne qu’il est nécessaire de conserver, non pas à la manière caricaturale de la fin de la FEN, mais en prenant en compte la richesse de notre diversité, comme nous avons su le faire depuis la création de la FSU. Par ailleurs le principal piège à éviter serait une partition du mouvement syndical entre un pôle de syndicalisme d’accompagnement et un pôle radical de contestation, le premier relayant les politiques antisociales et le second se trouvant marginalisé et donc affaibli. De ce point de vue les orientations des congrès de l’UNSA et de la CFDT peuvent inquiéter, mais il n’est pas certain que toutes les composantes de ces structures se retrouvent dans ces orientations et nous devons quant à nous rester ouverts à tous, y compris à ceux qui ne partagent pas les orientations majoritaires aujourd’hui dans nos organisations.
Situation, action
La dernière demi-journée était celle des questions d’actualité. Frédérique donne le dernier point des relations avec le ministère surla question des rémunérations, des réformes des programmes de lycée et de la voie technologique (CSE en fin de semaine), de la pseudo revalorisation ou des perspective de modification de l’évaluation des enseignants ; le principal dossier d’actualité est celui de l’accueil et de la « formation » des stagiaires, avec un absence de vrai cadrage national et la décharge d’1/3 au titre de la formation qui est annualisée et se décline différemment selon les académies. Dans le débat il apparaît que le dispositif de l’académie de Grenoble est l’un des pires dans la mesure où le 1/3 temps se réduit à 4 semaines au 2e trimestre au lieu de 12 (1/3 sur 36). A partir de ces éléments le débat sur l’action met en avant la nécessité de donner une suite aux 12 et 23 mars mais le calendrier et le zonage des vacances de printemps pose problème et le prochain grand rendez-vous national sera le Premier mai, alors que la zone C sera encore en congé. Sur les dossiers communs à l’ensemble des travailleurs, salaires, emplois, retraites, protection sociale, il est nécessaire de faire un grand Premier mai de combat ; sur les dossiers propres à l’éducation et en particulier au second degré, nous devons jouer de notre nombre et de notre diffusion sur le territoire pour construire le rapport de force en continuant à informer les collègues et l’opinion, à interpeller les politiques, locaux, territoriaux et parlementaires et à organiser la résistance locales aux mauvais coup de la rentrée : non aux HS, non aux conseils pédagogiques, non au simulacre de formation des stagiaires, non aux recrutements de vacataires ! La section académique devra reprendre le dispositif de récapitulation de toutes les initiatives locales.
Les prochaines actions dans l’académie seront le stage sur les enseignements technologiques au lycée Vaucanson, le 8 avril, les stages disciplinaires lettres et histoire au mois de mai. Une action est en cours sur les stagiaires, conjointe avec le SNEP et le SNUEP ; nous devons la relayer par un courrier au Recteur avec demande d’audience et obtenir une amélioration du dispositif académique avec a minima le respect du 1/3 temps de formation.