13 février 2008

Nos métiers

Rapport Pochard ou comment légitimer une Ecole du renoncement !

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Cet article n'est probablement plus d'actualité

Le livre vert issu du rapport de la commission Pochard a été remis au ministre le 4 février. Il constitue la partition qui doit guider la mise en musique de la RGPP soit la suppression de 20000 postes à l’Education Nationale par an pendant 4 ans, l’accroissement du temps de travail et le salaire au mérite !

RGPP : Révision générale des politiques publiques qui prévoit la suppression de 160000 fonctionnaires dont la moitié à l’Education Nationale.

Une Ecole réduite aux enseignants et aux chefs d’établissement

Malgré les grandes envolées sur l’importance du travail en équipe, le second degré que dessine le rapport Pochard ne comporte aucun CPE, aucun Co-psy, aucun surveillant, aucune AS ni infirmière !
Les enseignants sont censés occuper ces multiples fonctions sur leur temps de travail !

En effet, le livre vert distingue, outre les activités d’enseignement qui représentent le cœur du métier, des activités indissociables de l’acte d’enseignement :accompagnement des élèves (suivi, aide au travail soutien), relation avec les familles, aide à l’orientation, travail en équipe (conseil pédagogique, coordination d’équipe, conseils de classe) et des activités confortant l’acte d’enseignement (accompagnement éducatif, coordination d’activités éducatives, implication dans des projets formation, animation des Tice...).
Les premières nécessiteraient un temps de présence obligatoire et donneraient lieu à versement de primes par le chef d’établissement (en lieu et place ce l’ISO) ; les secondes correspondraient au versement d’heures supplémentaires selon les besoins des établissements.

L’orientation entre donc bien dans les missions obligatoires des enseignants.

Le rapport insiste particulièrement sur le niveau second degré où « la contribution des enseignants à l’orientation ou à la réorientation est décisive ». Il regrette qu’ « en première et en terminale, les élèves ayant opté pour une filière ou une série, l’orientation vers l’enseignement supérieur (soit) trop souvent négligée au profit de l’objectif premier de réussite au baccalauréat. Une orientation délicate des élèves se joue pourtant à ce moment là et les élèves ont besoin d’aide et d’éclaircissement sur la poursuite d’études. »

En cela, les remarques du livre vert sont conformes à la circulaire sur l’orientation vers le supérieur qui réussit le tour de force de ne pas dire un mot sur le rôle des co-psy qui sont pourtant les artisans majeurs de l’aide apportée aux élèves !

On appréciera également de voir « le conseil et l’orientation des élèves » renvoyés au fins de carrière et à « l’aménagement des services des seniors » ! Un petit boulot tranquille et confortable comme chacun sait !

Une Ecole à plusieurs vitesses

Se basant sur les évaluations internationales, le rapport préconise de renforcer l’autonomie des établissements en laissant notamment « un espace de liberté sur projet propre (qui pourrait aller jusqu’à 10% de la DHG) à côté des normes nationales d’enseignement à appliquer ».
Il est en effet recommandé de présenter les programmes « sous la forme de deux cercles concentriques : le premier correspondant au socle, le second constitué de champs de compléments et d’approfondissements possibles. » C’est dans le même esprit que le même rapport propose comme impératif pour les ZEP l’instauration de la bivalence en collège.

Est-ce à dessein que ce ministère a cru bon de jeter 20 ans de recherches en sociologie et psychologie au panier ? Comment expliquer autrement qu’il ignore délibérément , ainsi que les travaux en sociologie de l’éducation l’ont plusieurs fois démontré, les risques « de segmentation accrue entre d’un côté des établissements où les apprentissages et la culture participeraient au développement des enfants d’origine favorisée et de l’autre des établissements où l’on viserait à socialiser et à consoler les pauvres (Goffman) plus qu’à leur fournir les instruments intellectuels de leur émancipation ,où on tenterait de répondre à une absence ou à une perte de sens des apprentissages et de leur contenu par la promotion ou le développement d’une sociabilité et d’une convivialité sans objets (JY Rochex).
Ainsi pourra être vérifié l’adage très en vogue dans ce gouvernement : donnons le plus à ceux qui ont déjà beaucoup ! On comprend bien dans ce cadre l’inutilité de psychologues qui s’efforceraient de prendre appui sur les projets d’avenir pour soutenir la mobilisation et la réussite des élèves les plus fragiles !

Une Ecole à géométrie variable des salaires et des emplois

C’est par l’intermédiaire de la contractualisation que pourront s’imposer l’alourdissement des services, le glissement des missions, les conditions d’emploi et de service. Le chef d’établissement aurait voix au chapitre pour la distribution de primes et d’HSE, pour la définition des services, pour la notation pédagogique des personnels ainsi que pour la détermination du profilage des postes de son établissement. Ceux qui ne partageraient pas cette vision libérale et inégalitaire de l’enseignement seraient donc directement pénalisés sur leur service, leur salaire leur avancement et leur mutation !

Le MEN veut ainsi se donner les moyens de mettre en place une Ecole à l’économie où les personnels ayant des fonctions spécifiques seraient éliminés.

Le ministre s’est donné trois mois pour passer du livre vert au livre blanc et inscrire de manière officielle dans les textes les propositions qu’il retiendra. En mai, seront également connues les mesures pour la définition d’un nouveau second degré. Elles impliqueront des transformations en terme d’offre de formation, de spécificité des voies de formation et de fonctionnement de l’orientation.

C’est dans maintenant qu’il faut réagir et créer un rapport de force suffisant pour que notre métier ne disparaisse pas des établissements et que les CIO restent une structure essentielle pour les équipes, les élèves et les parents dans l’Education nationale

L’ACTION

• Une conférence de presse nationale réunissant l’ensemble des organisations de psychologues de l’Education Nationale (AFPEN 1er Degré ; ACOPF ; SFP ; SNES ; SNUIPP ; SNPsyen) s’est tenu jeudi 7 février à l’issue du stage organisé par la FSU sur la Psychologie à L’Ecole. Elle a permis de mettre l’accent sur les contradictions de ce ministère qui ignore et méprise ses propres psychologues mais favorise l’entrée d’associations ou de personnels non formés pour remplir leurs missions (Voir dossier de presse et dépliants sur le site du SNES pages Co-psy).

• Pendant la période des congés d’hiver le collectif de catégorie appelle à participer de manière visible aux rassemblements organisés avec les enseignants, à se réunir avec les autres organisations autour du texte commun et de nos propositions pour informer largement les collègues et s’exprimer en direction des élus, des parents, des enseignants.

• Fin mars, le SNES propose une manifestation nationale où notre catégorie devra prendre toute sa place.

• Mi-mai le collectif propose une initiative nationale, sous forme d’états généraux afin de faire pièce aux rapports en tous genres et d’avancer des propositions qui répondent vraiment aux besoins des jeunes et des familles