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Après deux jours intenses de travail, le congrès académique du SNES-FSU de Grenoble a adopté le texte suivant sur les actions à mener dans les semaines qui viennent.
Notre congrès académique se termine dans un contexte de crises. Depuis plus d’un mois, le peuple ukrainien fait face à une invasion de l’armée russe de son territoire. Au niveau national, les sondages pour les élections présidentielles prédisent une forte montée de l’extrême-droite et une abstention record.
Le congrès académique du SNES-FSU de Grenoble condamne l’invasion de l’Ukraine par les armées russes, en violation de la souveraineté ukrainienne et de la charte des Nations Unies. Depuis le 24 février, les bombardements et les combats ont déjà fait plusieurs milliers de victimes civiles. L’armée russe est responsable de crimes de guerre. Dans ce contexte alarmant, nous affirmons notre solidarité avec le peuple ukrainien, avec les réfugié
es qui par centaines de milliers fuient le conflit, avec celles et ceux qui en Russie et en Biélorussie s’opposent courageusement à la guerre, bravant la répression politique.Nous rappelons notre opposition à toute escalade militaire dont les conséquences, imprévisibles, peuvent conduire à un engrenage et à une confrontation des impérialismes au détriment des peuples. La voie vers une paix à long terme passe par la diplomatie, un désarmement négocié, le financement de plans pour la justice sociale et climatique qui devrait être la priorité des Etats plutôt que la relance des budgets militaires ou l’élargissement de l’OTAN.
Nous appelons à ce que la solidarité s’organise et que, dans notre secteur, l’État favorise la scolarisation des élèves réfugié
es. Les UPE2A, largement sous-financées, doivent voir leurs moyens abondés pour permettre la scolarisation de la totalité des élèves allophones.Nous soutiendrons la mise en place de convois syndicaux pour apporter une aide aux populations ukrainiennes.
Le congrès académique condamne les propos distinguant les « bons » et les « mauvais » réfugiés. Les frontières européennes doivent être ouvertes et l’assistance garantie pour l’ensemble des réfugié
es, quelle que soit leur nationalité ou leur couleur de peau. L’État doit cesser ses politiques de répression et de criminalisation.Au niveau national, la politique menée par Emmanuel Macron a nourri les désespérances, terreau de la progression des idées d’extrême droite. Démantèlement des outils de la démocratie sociale, démantèlement des services publics et de la protection sociale, gestion catastrophique de la crise sanitaire, atteinte aux libertés individuelles et collectives, politique très restrictive d’accueil des migrant
es, baisse de la fiscalité au profit des plus riches et des entreprises, répression de la contestation sociale, aggravation des inégalités et développement de la précarité depuis les jeunes jusqu’aux retraité es ont caractérisé ce quinquennat. La politique d’Emmanuel Macron, c’est aussi la reprise des propositions venant de l’extrême droite qui nourrit la progression des idées de ce courant politique. Dans l’éducation, le bilan est sans appel : absence de revalorisation des salaires et des retraites conséquente, 7900 suppressions d’emplois dans les collèges et lycées publics en 5 ans, réformes profondément inégalitaires à l’image de la réforme du lycée, formation des futurs professionnels de l’Éducation sacrifiée, pilotage vertical et autoritaire…En tant que candidat, Emmanuel Macron, visant à nous ramener au XIXe sur le plan social, annonce pourtant vouloir durcir cette politique : report de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, durcissement des conditions de versement du RSA dans une logique de « primauté des devoirs sur les droits », profonde transformation du système éducatif avec une attaque spécifique contre le collège, contre le recrutement par concours et contre la voie professionnelle, « autonomie » des établissements scolaires, ce qui signifie plus globalement la volonté de faire exploser tout cadre national du service public, développer les hiérarchies intermédiaires et lier les augmentations de salaires à des contreparties en termes d’accroissement de la charge et du temps de travail, et d’un statut plus précaire. Le Rassemblement National adopte une stratégie de dissimulation en se présentant comme un « parti respectable » nourri par la colère sociale et qui récupère opportunément les thématiques sociales (retraite, allocation aux adultes handicapé
es, minimum vieillesse, pouvoir d’achat, « défense » des services publics) ce qui n’est qu’un leurre pour cette extrême droite afin de capter des voix de salarié es frappé es par les politiques néolibérales et des choix austéritaires qui se succèdent depuis des années. Le parti « Reconquête » ne fait pas semblant et ne cache pas ses positions qui reprennent celles du Medef. Son candidat est directement le produit des puissants qui l’ont créé comme personnage médiatique, avec un discours profondément misogyne et raciste. Ces deux partis d’extrême droite représentent aussi un immense danger pour la démocratie et le monde du travail : ils sont en outre porteurs de graves menaces envers notre société, notamment pour les personnes issues de l’immigration. Pour lutter contre l’influence de l’extrême droite dans le salariat, nous nous mobiliserons avec d’autres forces syndicales à travers la structure VISA.Les idées de haine et d’exclusion ne sont malheureusement plus le monopole de ces deux partis d’extrême droite, elles se sont largement diffusées. C’est aussi parce que nos métiers sont au service de l’intérêt général que nous n’acceptons pas de voir les objectifs de justice sociale et d’égalité remis en cause par la diffusion des idées d’extrême droite et néolibérales : que ce soit dans les services publics ou dans les entreprises privées, nous voulons travailler à l’égalité de traitement, à l’émancipation, au vivre ensemble, pas à la division et à l’exclusion.
Le SNES et la FSU portent un autre projet de société avec plusieurs urgences incontournables : investissements dans les Services Publics, augmentation des salaires et des pensions, retraite à 60 ans à taux plein, égalité femmes-hommes dont l’égalité salariale, politique d’accueil de tou
Le SNES-FSU porte un projet construit autour de deux impératifs : la revalorisation des personnels et la démocratisation de notre système éducatif au service de l’émancipation de la jeunesse et de l’élévation de ses qualifications. Notre congrès académique vient de confirmer ce projet articulé autour de quelques mesures fortes :
Des mesures d’urgence pour la rentrée 2022
Aménagements de programmes en collège et en lycée pour la rentrée 2022 pour tenir compte des conséquences de deux années scolaires sous Covid.
Des moyens, pas en heures supplémentaires, pour travailler en petits groupes en classe, la remédiation des difficultés et des fragilités creusées pendant ces deux dernières années.
Une revalorisation des personnels, sans contreparties
Dégel immédiat du point d’indice et rattrapage des pertes de pouvoir d’achat des actif
Retour à l’assimilation et à la péréquation pour les retraites.
Diminution des effectifs dans les classes
Collège : 20 élèves maximum en Éducation prioritaire, 24 élèves hors éducation prioritaire
Lycée : 25 élèves maximum en seconde et 30 élèves maximum dans le cycle terminal
Création d’emplois de professeurs, CPE, PsyEN, AED, AESH
Plan pluriannuel de recrutements et de prérecrutements, accompagné de mesures de revalorisation et d’amélioration des conditions de travail.
Fin du financement en heures supplémentaires et des pressions sur les temps partiels
Financement des options et des dédoublements dans les dotations horaires des établissements : ces enseignements doivent faire l’objet d’heures clairement identifiées dans les DGH, sans entrer en concurrence avec les autres enseignements
Diminution de notre temps de travail
Suppression des heures supplémentaires obligatoires imposées.
Abaissement des maximas de service et du temps de travail.
Abrogation de la loi de transformation de la Fonction publique et rétablissement de toutes les compétences des commissions paritaires
Le paritarisme, mis à mal par la loi de transformation de la Fonction publique, garantit la défense des droits des personnels, la lutte contre l’arbitraire et l’opacité, notamment dans les opérations de carrière et de mutations.
La reconstruction du collège
Des horaires d’enseignement disciplinaires garantis dans des grilles nationales, à même d’éviter la mise en concurrence des établissements, des disciplines, abandon de l’AP et des EPI pour laisser la place à une véritable interdisciplinarité afin de permettre la réussite de tous les élèves au sein du collège.
Remise à plat de la réforme du lycée
Construction d’une autre organisation des enseignements, autour de filières clairement identifiées, équilibrées et cohérentes.
Un baccalauréat sous forme d’épreuves nationales, terminales et anonymes, suppression du Grand oral.
Dispositif transitoire : maintien de la 3e spécialité en terminale, report des épreuves de spécialités en juin.
Abandon de ParcourSup
Une carte de l’éducation prioritaire revue et élargie
y compris aux lycées, sur la base d’indicateurs transparents et nationaux, avec un label unique (écoles, collèges, lycées), avec une attention particulière pour l’outre-mer.
Un service public d’orientation renforcé
où le rôle des PsyEN est conforté à rebours des logiques de marchandisation et de privatisation actuelles
AESH : un vrai statut, un vrai salaire !
Création d’un corps de fonctionnaires catégorie B
Suppression des PIAL : les PIAL sont des outils de gestion des AESH qui dégradent leurs conditions de travail en imposant une grande flexibilité
Lutte contre la précarité
Mise en place d’un vaste plan de titularisation pour les non-titulaires.
L’ouverture de négociations pour des évolutions statutaires contre la précarité des AED, améliorer leurs conditions de travail et leurs salaires
Un grand plan d’investissement, en lien avec les collectivités territoriales
pour adapter Les établissements au contexte environnemental et au contexte sanitaire (par exemple, des travaux doivent être engagés rapidement en matière d’aération pour la rentrée 2022)
La mise en place d’une réelle médecine du travail
Recrutement de médecins de prévention et de psychologues du travail.
Une mobilisation à amplifier
Hausse des pensions de retraite et développement des services publics dont celui de la santé
Le congrès académique du SNES-FSU de Grenoble appelle donc d’une part à se saisir du moment électoral pour porter nos revendications. D’autre part, nous appelons à aller voter massivement au 1er tour de l’élection présidentielle ce dimanche 10 avril 2022. Nous avons besoin que les idées et revendications du monde du travail que nous représentons se fassent entendre aussi dans les urnes.
Le congrès du SNES-FSU appelle à se mobiliser massivement le 1er mai 2022, nouvelle étape de mobilisation intersyndicale vers la construction d’un projet ambitieux de rassemblement en faveur de l’intérêt général et porteur d’alternatives indispensables pour une société plus juste dans le contexte actuel. Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, le SNES-FSU doit pleinement investir le 1er mai 2022, journée internationale des travailleurs et des travailleuses pour faire de cette journée une mobilisation forte et porter nos revendications en termes de revalorisation générale et immédiate des salaires et des pensions et l’amélioration des conditions de travail. Le 1er mai 2022 sera aussi l’occasion d’appeler à la paix dans le monde. Au-delà de ce rendez-vous, nous continuerons à construire avec le front syndical le plus large possible les mobilisations indispensables.
La situation politique et sociale nécessite une organisation forte des personnels de l’Éducation nationale pour combattre les politiques inégalitaires qui touchent l’éducation, les services publics, la solidarité et le partage des richesses. Le congrès académique du SNES-FSU invite les personnels à rejoindre la FSU et à se mobiliser pour porter notre projet d’une école égalitaire et émancipatrice lors des élections professionnelles et dans les luttes sociales.
Texte adopté par 43 congressistes (un vote contre)