Les premières réactions à la lecture du rapport de la concertation nationale sur l’éducation prioritaire ont conduit nombre de journaux et d’organisations, dont l’Observatoire des Zones prioritaires et leSNES-FSU à parler d’une liquidation de l’éducation prioritaire.
Le rapport sur la Refondation de l’Ecole propose de supprimer tout label éducation prioritaire. Il fait fi de la synthèse de l’atelier « une école plus juste sur tous les territoires » qui émet des propositions pour une relance.
Pour les rapporteurs, au mépris de tout le travail réalisé dans l’atelier lors de la concertation, ce qu’ils nomment une « nouvelle approche de l’éducation prioritaire » va en effet constituer une « nouvelle étape » : sa mise à mort !
Ils fondent cette position sur l’effet « stigmatisant » des labels. Pourtant, aucune étude ne l’a démontré et même le rapport de l’INSEE, écourté et instrumentalisé par Nicolas Sarkozy pour appeler à « déposer le bilan des Zep » en 2007, n’apporte aucun élément pour démontrer une stigmatisation due aux labels, bien au contraire.
Dans sa conférence de presse du 11 octobre, Vincent Peillon a annoncé que l’éducation prioritaire sera bien délabellisée comme annoncée mardi 9 octobre par François Hollande. Pour le ministre il ne s’agit pas de diminuer les moyens mais au contraire de les concentrer sur les établissements qui en ont le plus besoin.
Le projet de remplacer le label actuel RRS par une aide personnalisée aux établissements « en fonction de leur spécificités territoriales, scolaires et sociales » n’est que la continuité de la politique de destruction de l’éducation prioritaire amorcée par la droite.
Concrètement, cela revient :
– à donner aux établissements leur moyen en fonction de leur contrat d’objectif, dont indicateurs et termes du contrat sont décidés par le rectorat ;
– à restreindre les moyens supplémentaires à quelques établissements vitrines ;
– à continuer la déréglementation sous le couvert de l’autonomie ;
– à rendre toujours plus opaques l’attribution des moyens ;
– à supprimer tout simplement l’ISSZEP car il n’y aurait plus de label (pour rappel, les collègues des établissements classés RRS qui n’étaient pas ZEP ne touchent par l’ISSZEP)…
La nouvelle concertation autour de la politique de la ville devra également être déterminante pour l’avenir de l’éducation prioritaire et la même logique s’impose : redéployer des moyens en baisse.
Sur tous ces points, l’analyse publiée sur le site Le café pédagogique de Choukri Ben Ayed, sociologue, sur le rapport de la concertation sur l’école rejoint les analyses du SNES.
Le calendrier annoncé par V. Peillon restreint à quelques jours la consultation des syndicats pour la rédaction du projet de loi. Si le ministre ne souhaite pas nous entendre dans les cabinets, c’est dans les établissements et dans la rue qu’il nous entendra.
La section académique du SNES appelle les collègues à s’emparer des propositions des rapporteurs de la concertation et à interpeller les élus sur le projet d’Ecole qu’il porte.
La participation massive à la synthèse des états généraux au collège Jules Vallès de Fontaine le 18 octobre puis le 25 à Paris sont des étapes essentiels de la mobilisation pour le projet d’Ecole démocratique que le SNES-FSU porte.