Avec plus de soixante collègues présents, tous les départements de l’académie représentés (un stage similaire aura lieu à la rentrée en Haute-Savoie), tous les établissements de l’agglomération grenobloise présents, le stage syndical sur l’éducation prioritaire organisé le 30 mai 2013 par le SNEP et le SNES-FSU a été un véritable succès !
Organisé au collège Vercors de Grenoble, le lieu était, non un symbole, mais un symptôme de la politique de casse de l’éducation prioritaire, établissement où les collègues avaient fait valoir leur droit de retrait suite à l’agression de plusieurs d’entre eux et de la principale par un parent d’élèves, à la suite d’un conseil de discipline. Cet évènement désastreux fut l’un des points de départ de la réflexion sur l’éducation prioritaire menée lors de ce stage, tant il révélait la politique de sape orchestrée par les différents gouvernements successifs et par les recteurs.
L’éducation prioritaire est-elle si prioritaire ?
Manque de moyens, enseignements restreints à la seule ambition de l’acquisition d’un socle commun qui ne fait sens ni pour nos élèves, ni pour les familles, stigmatisation… cette journée a été l’occasion de faire le bilan de trente ans d’éducation prioritaire en France et dans notre académie où les dernières réformes ont restreint le territoire de l’éducation prioritaire avec la sortie des lycées et de collèges lors du passage aux RRS (Réseaux de réussite scolaire). Avec le classement du collège Lucie Aubrac (ex-Villeneuve) en ECAIR (école, collège, lycée ambition réussite), c’est la politique vitrine avec des moyens pour UN seul établissement (un forfait de 70 heures de plus, un taux de couverture de 140,02 % pour la vie scolaire) quand les autres établissements proches dont le public est autant, voire plus défavorisé, perdent des moyens, avec des effectifs qui gonflent en quatrième et troisième, des groupes de langue non-financés, des AED en nombre insuffisant, etc.
Finalement, tous les participants ont partagé le constat que, si les élèves dont ils ont la charge ont des besoins spécifiques, tous les problèmes rencontrés dans les collèges de l’éducation prioritaire sont les problèmes de TOUS les établissements et, si nos établissements concentrent les difficultés de tout ordre, elles s’y révèlent de façon exacerbée.
Tous les chantiers n’ont pas pu être développés pendant cette courte journée, et particulièrement le rapport de nos élèves aux apprentissages. Mais, tous se sont accordés pour signifier la nécessité de centrer les efforts sur les apprentissages dans la classe en maintenant un haut niveau d’exigence (voir les rapports et travaux de Moisan-Simon, Rochex, Chauveau, etc.) plutôt que de développer les activités à la périphérie de la classe sans lien avec celle-ci. Cela nécessité bien sûr le respect des horaires nationaux et des moyens conséquents (effectifs réduits, dédoublements). Ce n’est donc plus seulement de l’éducation prioritaire dont il est question, mais de la nécessité de donner une véritable priorité à l’éducation pour tous les élèves en permettant aux élèves des classes sociales les plus défavorisées de réussir, à l’opposé d’une réforme de l’éducation prioritaire conduite dans le cadre d’une école de classe par les différents gouvernements précédents.
Faire de l’éducation une priorité ?
Lors des annonces sur la loi de refondation de l’école, V. Peillon avait pris à contre-pied, les rapporteurs de la concertation en annonçant une délabellisation des établissements de l’éducation prioritaire pour soi-disant en finir avec la stigmatisation des établissements, mais ouvrir grand la porte à l’opacité dans l’attribution des moyens. Désavoué par un Président de la République qui s’est fait beaucoup plus consensuel par la suite, le ministre a ouvert un chantier avec les organisations syndicales pour préparer les assises qui se dérouleront à l’automne 2013 et a annoncé au SNES-FSU lors de la manifestation nationale d’avril 2013 que le bilan du dispositif ÉCLAIR serait communiqué en juin ! Aujourd’hui, ce bilan ne nous est toujours pas parvenu et nous attendons toujours que le recteur propose une date pour nous recevoir pour parler de la situation dans l’académie de Grenoble…
Attendent-ils que les marrons tombent ? Le SNES-FSU prendra les devants pour préparer ces assises nationales et portera les revendications des personnels. Dès la rentrée, le SNES-FSU de Grenoble préparera des assisses académiques où le pipeau des concertations ne se fera pas entendre. Reste à voir si elles se dérouleront avec tambours et casseroles sous les fenêtres du recteur. Le SNES organisera une mobilisation nationale sur l’éducation prioritaire et SES assises de l’éducation prioritaire pour une véritable relance de l’éducation prioritaire.
À trop vouloir attendre les marrons, on finit par s’y piquer, s’y brûler, ………. !